La chapelle de Tromenec se différencie des autres chapelles par son attachement au Manoir portant le même nom, situé à 300 mètres et en ruines de nos jours. Ainsi, la chapelle Saint-Laurent était, jusqu’en 1979, une propriété privée. De ce fait, elle n’a pas reçu la même restauration que les autres chapelles de Landéda. Aussi appelée Saint-Laurent, Notre-Dame de Kerviré ou Notre-Dame de Penfeunteun, la chapelle de style gothique, un fait peu commun en Bretagne, est située sur un courtil qui comprenait aussi des fontaines, un verger et un calvaire sur un piédestal.
Une histoire de duel
L’histoire est comptée par Le Bihannic de Tromenec, maire de Landéda de 1818 à 1828, à son ami, Le Chevalier de Fréminville, historien auteur des ‘’Antiquités du Finistère’’, qui sera le seul à narrer les motifs de ce conflit. Le duel remonte à l’an 1600, le Sieur Guillaume Simon de Tromenec est alors accusé d’avoir tué en duel François Maillé de Kermavan, dont on retrouve le tombeau dans la chapelle Saint-Laurent. Mais d’où viendrait cette querelle ?
Lors du conflit, Guillaume Simon de Tromenec était l’héritier et seigneur du lieu-dit Tromenec à Landéda qui comprenait un manoir, un pigeonnier, un moulin, un étang et une chapelle datant du 15ème siècle. Au-delà de ses possessions, il avait, semble-t-il, une affinité pour la guerre. Ainsi, il ravagea un jour quelques terres qui appartenaient à l’évêque de Léon. Ce dernier demanda alors à son vassal, François de Kermavan, de s’occuper de cette affaire. François de Kermavan aurait ainsi demandé Tromenec en duel et perdit contre son adversaire plus expérimenté. Ce combat valu au capitaine Tromenec d’être excommunié par l’évêque de Léon. Par repentir, ou par prudence à l’égard de cette punition, encore très redoutée en Bretagne à cette époque, Guillaume Simon de Tromenec aurait érigé dans sa chapelle un monument expiatoire où François de Kermavan fut inhumé.
Il se pourrait cependant que l’histoire ne se soit pas passée de la sorte. D’après une réponse, suite à la publication de deux articles dans le journal de ‘’Dépêche de Brest et de l’Ouest’’ écrit par Louis Le Guennec en 1921 et 1924 à propos de la chapelle de Tromenec de Landéda, « le duel aurait pour motif une querelle de préséance dans l’église de Landéda ». Ainsi, le duel se serait fait à la suite d’une altercation dans l’église.
Un peu avant cet incident, faute de descendance mâle, le nom de ‘’Kermavan’’ allait s’éteindre. Guillaume Simon de Tromenec, pensant en être de droit car placé en seconde position dans la hiérarchie de la noblesse, chercha donc à devenir l’héritier de ce nom ‘’Kermavan’’. Un autre homme, François de Maillé, « en sa qualité de descendant par les femmes des puissants barons de Kermavan, jadis suzerains de ce coin du Léon » avait cependant la même ambition. Et ce fut ce dernier qui eut le droit de reprendre le nom. Guillaume Simon l’apprit en trouvant son rival « insolemment installé à la meilleure place », et ne put s’empêcher de l’interpeller.
À la suite de cet acte de rébellion de la part Guillaume Simon de Tromenec, il fut dans l’obligation de faire « un tombeau symbolique qui rappellera cette condamnation » s’il ne voulait pas être destitué de ces biens.
La tombe de Guillaume Simon de Tromenec a été, un temps, dans l’église de Saint-Congar avant d’être exposée dans la chapelle de Tromenec.
Commune de Landéda