Dossier d’œuvre architecture IA56132121 | Réalisé par
Jadé Patrick (Contributeur)
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales 1830-1870 dans les îles de Bretagne Sud
Corps de garde crénelé, batterie de La Ferrière (Locmaria)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Association 1846

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne Sud - Belle-Ile-en-Mer
  • Commune Locmaria
  • Lieu-dit les Grands Sables
  • Cadastre ZI 17
  • Dénominations
    corps de garde, réduit
  • Précision dénomination
    corps de garde crénelé servant de réduit à une batterie d'artillerie de côte, corps de garde défensif
  • Appellations
    Batterie de La Ferrière
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    caserne, citerne, cuisine, poudrière, mur défensif

Belle-Île-en-Mer, du fait de la topographie souvent accidentée de son littoral, fournit plusieurs exemples, assez variés qui plus est, d'adaptation des plans-types de corps de garde de 1846. Le souci principal des ingénieurs militaires est d'obtenir le défilement de la terrasse défensive lorsqu'elle est dominée par le terrain alentour.

Le corps de garde de la batterie de La Ferrière présente une solution originale à ce problème, sous la forme d'une traverse terrassée aujourd'hui disparue. Il est à comparer aux corps de garde des batteries d'Arzic, du Bugul, de Ramonette, et des postes garde-côtes de Port Maria, Port Larron et Port Fouquet, qui présentent des dispositions dont le but est similaire mais à des degrés divers d'adaptation des plans-types.

C'est aussi le seul réduit de batterie ou de poste garde-côtes de Belle-Île à présenter des vestiges de son aménagement intérieur originel.

Le réduit attribué par la Commission de 1841 à la batterie de La Ferrière est une tour crénelée devant porter deux obusiers de montagne. Mais dès 1846, l'Inspecteur général du génie en tournée à Belle-Île, le général Berthois, suggère de remplacer cette tour par un corps de garde crénelé pour 30 hommes renforcé. Une telle substitution est courante, les tours crénelées du type de 1846, complexes, coûteuses et difficiles à défiler du large du fait de leur hauteur, sont en effet souvent remplacées au stade des études par des corps de garde de contenance équivalente, éventuellement renforcés pour pouvoir porter l'artillerie légère attribuée pour la défense rapprochée de la position.

Au cours de l'étude des projets, à la fin des années 1840 puis de nouveau à partir de 1857, les ingénieurs militaires ont à résoudre la question du défilement de la terrasse du corps de garde. Celle-ci est très dominée par le plateau en arrière de la plage des Grands Sables, ce qui la rendrait intenable en cas d'attaque. La solution, originale et unique dans le programme des corps de garde crénelés du type de 1846, est trouvée par le capitaine Bourgeois, chef du génie de Belle-Île, en 1857 : il propose de rehausser le mur sud du parapet de la terrasse et d'y adosser une grande traverse terrassée destinée à protéger des coups venant du large ce mur dépassant alors au-dessus du parapet de la batterie. La desserte des créneaux de tir et des bretèches de la face sud de la terrasse se fait au moyen d'une galerie voûtée aménagée sous la traverse.

Le bâtiment est construit sous cette forme en 1858-1859. En 1860, il est envisagé d'améliorer le défilement de la terrasse en construisant des murs-traverses en maçonnerie sur le reste de la terrasse, sans suite. L'ancien magasin d'artillerie de la batterie est partiellement démoli en 1861 pour dégager le champ de tir de l'embrasure de la face est de la terrasse.

A la fin du 19e siècle, le corps de garde subit l'arasement de sa terrasse afin de la soustraire aux tirs du large. Son enterrement partiel et la fermeture de ses baies par des murs crénelés ont probablement lieu au même moment. Cela correspondrait à la conservation de la batterie de La Ferrière comme point d'appui de la défense mobile dans les années 1870 et 1880.

Le corps de garde de la batterie de La Ferrière est actuellement propriété privée et à l'abandon.

Le corps de garde crénelé de La Ferrière, placé en retrait du parapet de la batterie, est construit d'après la variante courante pour 30 hommes du plan-type n° 2 de la circulaire du ministère de la Guerre du 31 juillet 1846. Comme il s'agit aussi d'un corps de garde renforcé, ses voûtes, leurs piédroits et les murs des façades nord (60 cm) et sud (80 cm) sont épaissis.

La présence de la grande traverse sur la terrasse à conduit à inverser la position de l'escalier, situé ici à gauche en entrant, ainsi que celle du dalot de recueil des eaux pluviales. Toutefois, cette inversion n'a pas entraîné celle de l'emplacement de la cuisine et du magasin aux vivres, situés à droite en entrant comme sur le plan-type. Le reste de la distribution intérieure est conforme au plan-type.

La modification intervenue à la fin du 19e siècle a entraîné la destruction du parapet et de la traverse de la terrasse. L'aspect initial de cette terrasse est connu par un plan du génie de 1860 et une photographie non datée. Les consoles des bretèches ont été conservées.

Toutes les baies semi-circulaires sont bouchées, celles de la façade nord enterrée par des murs en petit appareil de moellons, les autres par les murs pierre de taille dans lesquels sont ménagés un ou deux créneaux de tir. Il s'agit d'aménagements datables de la fin du 19e siècle.

Les matériaux employés sont le schiste local pour les moellons et le granite importé du continent pour les pierres de taille. Contrairement à d'autres sites de l'île, le calcaire charentais n'est pas mis en œuvre pour garnir les créneaux de tir.

La face ouest, façade de gorge, porte l'inscription "Batterie de La Ferrière" et la date "1858" au dessus de la porte.

Les pièces du bâtiment ont conservé de nombreuses traces de leur aspect des années 1860 : enduit peint blanc avec plinthe ocre, crochets pour hamacs, assises en pierre des poteaux soutenant les barres des hamacs, pitons des étagères à bagages, emplacement de la pompe de la citerne, sols en bitume ou dallé en pierre (cuisine). Il s'agit du dernier réduit de batterie ou de poste garde-côte du programme des plans-type de 1846 sur Belle-île a avoir conservé ces témoignages archéologiques.

  • Murs
    • schiste moellon
    • granite pierre de taille
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • terrasse
  • Typologies
    corps de garde crénelé type 1846 n° 2 modifié pour 30 hommes, renforcé.
  • État de conservation
    mauvais état
  • Mesures
    • l : 20 m
    • la : 10,7 m
  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Éléments remarquables
    corps de garde
  • Protections
    inscrit MH, 2001/03/02
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives de l'Artillerie ; Sous-série 3 W, Opérations militaires : 3 W 32, Documents concernant le 3e arrondissement maritime (Lorient). Projet d'armement des côtes de la France, de la Corse et des îles. Titre III : Projet d'armement des côtes du 3e arrondissement maritime (Lorient), 1841-1843.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 3 W 32
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 42, Travail de la commission d'armement des côtes sur les frontières maritimes, 1844. Avis du Comité des fortifications du 7 novembre 1844.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 42
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 292, Place de Belle-Île-en-Mer, projets et dépenses annuels, 1847. Direction du Génie de Nantes, Place de Belle-Ile, Inspection générale de 1846, extrait des ordres laissés par M l'Inspecteur général en tournée, 14 janvier 1847.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 292
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 8, Places françaises et d'Algérie : 1 VH 294, Place de Belle-Île-en-Mer, projets et dépenses annuels, 1854-1857. Direction du Génie de Brest, Place de Belle-Ile, Mémoire du chef du Génie sur les projets extraordinaires pour 1857-1858, 19 février 1857.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VH 294
  • Service historique de la Défense, Département Marine, Lorient. Archives de la Place et du Génie de Belle-Île-en-Mer ; Sous-série 4 S2, archives du Génie de Belle-Île-en-Mer : 4 S2 52, Direction du Génie de Brest, Place de Belle-Île, Règlement général et définitif des dépenses faites pour les fortifications de la place de Belle-Île (défense des côtes) pendant l'exercice 1859, 30 mai 1860.

    Service Historique de la Défense de Lorient : 4 S2 52
  • Service historique de la Défense, Département Marine, Lorient. Archives de la Place et du Génie de Belle-Île-en-Mer ; Sous-série 4 S2, archives du Génie de Belle-Île-en-Mer : 4 S2 52, Direction du Génie de Brest, Place de Belle-Île, Règlement général et définitif des dépenses faites pour les fortifications de la place de Belle-Île (défense des côtes) pendant l'exercice 1861, 19 juillet 1862.

    Service Historique de la Défense de Lorient : 4 S2 52
  • Service historique de la Défense, département Armée de Terre, Vincennes. Archives du Génie ; Article 12, Avis du Comité : 1 VK 41, Mémoires généraux sur les frontières maritimes, 1853-1885. Rapport sur la situation des travaux de défense des côtes à la fin de l'exercice 1861.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : 1 VK 41

Bibliographie

  • LE POURHIET-SALAT, Nicole. La défense des îles bretonnes de l´Atlantique, des origines à 1860. Vincennes, Service Historique de la Marine, 1983, 375 p.

  • FAUCHERRE, Nicolas, PROST, Philippe, CHAZETTE, Alain. Les fortifications du littoral, La Bretagne Sud. Chauray-Niort, collection : les fortifications du littoral. 1998, 279 p., ISBN 2-910137-24-4.

  • TRUTTMANN, Philippe (Colonel). Les derniers châteaux forts, les prolongements de la fortification médiévale en France 1634-1914 , Thionville, Klopp, 1993, 253 p. ISBN 2-906535-75-3.

Périodiques

  • CHAURIS, Louis, Nature et provenance des pierres mises en œuvre dans les ouvrages défensifs à Belle-Île (Morbihan), Bulletin de l'association bretonne, 2011, CXX, p. 285-302.

Annexes

  • Propositions de la commission de 1841 pour la batterie de La Ferrière.
  • Propositions du chef du génie pour le défilement de la terrasse du corps de garde de la batterie de La Ferrière, 1857.
Date(s) d'enquête : 1973; Date(s) de rédaction : 1973, 2017
(c) Région Bretagne
(c) Association 1846
(c) Inventaire général
Jadé Patrick
Jadé Patrick

Historien, président de l'Association "1846, La fortification du 19e siècle : connaître et partager".

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