Lors de la construction de l'immeuble dit "salle des assemblées" du Conseil régional, entre 1984 et 1986, selon les plans de l'architecte Bertrand Tessier, la Région a souhaité développer un programme de décoration artistique.

Deux œuvres ont été installées : l'une est un prêt du FRAC de Bretagne, l'autre une création ex-nihilo.

Le bas-relief Argoat de Pierre Touhoat

La première a pour auteur Pierre Toulhoat. C'est un bas-relief en céramique de Quimper nommé Argoat (la terre, en langue bretonne), de 8 m X 2,3 m, daté de 1971. L’œuvre, figurative, présente une allégorie de la Bretagne des "terres", associant l'imaginaire breton, les légendes de Brocéliande à des scènes contemporaines : un mariage, une ferme, les débuts de la mécanisation agricole, la construction d'une ZUP, vraisemblablement celle de Kermoisan en Quimper, la ville de l'auteur qui habille les personnages de costumes des pays Bigouden, Fouesnantais et Glazik.

L'histoire de ce bas-relief est tourmentée. Pierre Toulhoat l'avait conçu dans le cadre d'une commande pour le 1% artistique du lycée Auguste Brizeux de Quimper (voir ce dossier sur ce même site internet). C'était le second volet d'un diptyque, dont le premier bas-relief, Armor (la mer en breton), datant de 1962, est installé dans l'établissement scolaire. Entretemps, Pierre Touhoat avait selon ses propres dire, mené son "ouvrage du même pas tranquille commandé par la nature de l'argile et ses rapports avec l'air, l'eau et le feu" (voir annexe PDF). Lors de son arrivée au lycée, pour y coller les pièces de céramique), il n'y avait plus de pan de mur disponible pour une "fresque" de cette taille.

Longtemps stocké chez l'artiste, le bas-relief a été acheté par le FRAC de Bretagne. Le procès-verbal du comité des acquisitions du 26 octobre 1983 indique que l’œuvre a été acquise pour un montant de 220 000 francs. Son caractère monumental et sa thématique ont conduit le fonds régional à la déposer à l'hôtel de Courcy où elle a été inaugurée en avril 1984. Elle fait toujours partie des collections du FRAC. Madame Françoise Chatel, alors conseillère artistique régionale et gestionnaire du FRAC a sans doute joué un rôle important quant à ce choix.

Trois annexes de ce dossier présentent des interviews de Pierre Toulhoat, réalisées par Armel Morgant et Antoine Lucas, dans lesquelles il évoque l'histoire des bas-reliefs Armor et Argoat et les techniques originales mises en œuvre.

Le mur d'eau de Marta Pan et l'aménagement du patio

Les archives du Conseil régional attestent de l'implication de la conseillère artistique, comme membre de la commission de sélection pour la seconde œuvre : l'aménagement du patio, avec une fontaine monumentale ainsi qu'une seconde sculpture, en granite poli de Lanhelin, par Marta Pan.

Entre l'hôtel Bon-Pasteur, et la galerie d'accès au parking, l'architecte avait prévu un patio, apportant de la lumière au foyer des élus. Une commission de sélection composée d'élus, de l'architecte et de Françoise Chatel, entre autres, a arbitré un concours pour la commande d'une fontaine pour ce patio. C'est Marta Pan qui l'a remporté, le 19 avril 1984, préférée à l'unanimité aux trois autres candidats. L'artiste, de renommée internationale, est active en Bretagne en ces années 1984-1985 et suivantes : outre la fontaine rennaise, elle y crée des sculptures flottantes pour le parc d'art contemporain de Kerguehennec et y mène un projet de "rivière", ponctuée de "lacs", rue de Siam, à Brest, projet resté en partie inachevé.

Pour l'ensemble de sa création commandée par le Conseil régional, ainsi que pour le suivi de l'exécution, Marta Pan a perçu 280 000 francs.

Dans le patio de l'hôtel de Courcy, la composition articule un mur d'eau, strié, et une demi-sphère, fendue en son milieu, pouvant évoquer une vasque. La présence de l'eau, son doux murmure, témoignent de l'esprit "zen" que Marta Pan souhaitait procurer avec certaines de ses œuvres. Elle désirait même, initialement, accompagner le granite et la pelouse de plantations de massifs floraux, peuplés notamment de crocus blancs, mauves ou jaunes, dans un esprit japonisant.

L'œuvre, installée définitivement le 13 février 1985, se reflète dans la verrière du foyer. A travers cette dernière, les élus, assis dans les fauteuils, sous le bas-relief de Pierre Toulhoat, peuvent admirer les sculptures extérieures et l'eau qui coule. Un architecte des bâtiments de France parlerait volontiers de "covisibilité". Il en résulte bien plus qu'une simple intégration au bâti, un dialogue, cependant moins "symbiotique" que les compositions communes sculptures - architectures réalisées par Marta Pan et son mari, l'architecte André Wogenscky.