Dossier d’œuvre architecture IA00004732 | Réalisé par ;
Dupont Flavie (Contributeur)
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne
Château du Latay (Guenroc)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Conseil départemental d'Ille-et-Vilaine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Caulnes
  • Commune Guenroc
  • Lieu-dit le Latay
  • Cadastre 1948 A1 61, 63, 66, 67
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    communs, parc, fossé

Un château parlementaire ?

Le château du Latay, bien qu’il soit aujourd'hui disparu, fait partie des châteaux parlementaires des Côtes-d'Armor. Il a abrité deux membres du Parlement de Bretagne : Pierre de Saint-Pern et Louis Célestin de Saint-Pern. Pierre de Saint-Pern, conseiller de 1663 à 1698 et président des Enquêtes de 1679 à 1698, est le fils de Jean de Saint-Pern, chevalier et seigneur du Latay, et maitre des Comptes de Bretagne. Il est mort le 27 mai 1635 au château, ce qui montre son attachement à cette résidence. Son fils, Louis-Célestin de Saint-Pern, est né au château en novembre 1685. Bien qu'il était destiné à l'ordre de Malte, il doit renoncer à sa vocation religieuse à la mort de son frère aîné et entrer au Parlement. Il meurt en 1698 à Rennes. Moins attaché au château que son père, il épouse François-Gilette de Kersauzon, issue d'une famille du milieu parlementaire. Louis-Célestin est le dernier parlementaire direct de la famille de Saint-Pern. Ses descendants resteront liés au milieu parlementaire par des alliances, mais son fils ne deviendra pas parlementaire. Il épousera cependant Jeanne, fille du président à mortier Charles-René de Cornulier. Sa fille, Marie-Anne-Céleste, épousera Jean-Baptiste-Marie-Anne-Regnault Le Vicomte de la Houssaye, un membre du cercle des mortiers (catégorie de magistrats au sein du Parlement). Ainsi, la famille de Saint-Pern du Latay demeure ancrée dans les rangs les plus élevés du Parlement de Bretagne, notamment grâce aux alliances avec des familles influentes comme les Le Cornulier ou les Le Vicomte.

L'hypothèse de l'architecte du Latay

Après une analyse approfondie des formes et du style de l’ancien château du Latay, il est possible de supposer que ce dernier pourrait être l’œuvre du Commandeur de Brilhac. En effet, les caractéristiques architecturales observées – telles que les proportions et la forme de l'édifice, le nombre de niveaux et le choix de lucarnes en plein cintre – correspondent à des choix stylistiques qui semblent se rapprocher de ceux utilisés par ce commandant. Bien que cette attribution ne repose pas sur une certitude historique, l’étude minutieuse du bâti permet de formuler cette hypothèse sur la base des similitudes notées avec d’autres réalisations de l’époque comme le château de la Houssaye (Quessoy), de Boisgelin (Pléhédel) et de Tregranteur (Guégon).

Le Commandeur de Brilhac c'est le surnom donné à l'architecte, surnom qui devient sa signature (C.D.B). Il est le fils de Pierre de Brilhac, premier président du Parlement de Bretagne. Il cadet de la famille, c'est pourquoi il suit la voie traditionnelle des familles nobiliaires en devenant clerc. Sa carrière est brillante : il devient commandeur de Saint-Lazare, prêtre, bachelier de la Sorbonne, vicaire général de Poitiers et abbé de Saint-Jean-des-Près en 1731. Il est également prieur de Saint-Nicolas de Josselin et protonotaire apostolique. Son rôle est particulièrement notable en tant que commissaire des États de Bretagne de 1757 à 1773. Parallèlement à ses fonctions ecclésiastiques et administratives, René-Anne-Hyppolite de Brilhac est également reconnu pour son intérêt et ses compétences dans l'architecture, qu'il exerce pendant son temps libre, lui conférant le surnom "d'architecte amateur". Il est par ailleurs parrain d’une cloche à Mohon en 1766 et vicaire général de Saint-Malo sous Mgr Des Laurents. Ainsi, il a exercé ses fonctions d'architecte pendant la période de construction du château du Latay (1750-1770). Bien qu'il réside souvent à Paris ou à Rennes, il mène ses projets architecturaux distance. Dans une lettre du 14 juin 1756 adressée à sa sœur, Marie-Anne-Geneviève de Brilhac, il mentionne la rénovation du trumeau du château du Restmeur à Guingamp, appartenant à sa nièce, Françoise-Geneviève de la Bourgneuf. Cet élément témoigne de son activité dans la région dès 1756. Plusieurs plans signés par le commandeur, comme un devis pour le château de la Bintinaye en 1773, des plans pour le château de Cucé en 1776 et celui de la Baratière en 1762, montrent son implication dans des projets architecturaux pendant une vingtaine d'année. Période qui coïncide avec la construction du château du Latay (entre 1750 et 1769). De plus, son cercle familial et amical, dont son père Pierre de Brilhac, a souvent été lié aux membres du Parlement de Bretagne, ce qui renforce l'idée qu'il ait pu œuvrer pour le château du Latay. Bien que Pierre-Placide de Saint-Pern, commanditaire du château, n’est pas parlementaire, il côtoie également ce milieu.

Les styles et conceptions du château du Latay rappellent beaucoup ceux d’autres châteaux réalisés par cet architecte, comme le château de Trégranteur (Guégon, Morbihan) et le château de Boisgelin (Pléhédel, Côtes-d’Armor). Les châteaux, classiques dans leur style, qu’il réalise appartiennent également à des familles éminentes du Parlement de Bretagne, telles que les Boisgelin, les Le Prestre de Châteaugiron et désormais les Saint-Pern.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

Edifice construit vers 1750 pour les de Saint-Pern ; logis détruit vers 1929 ; chapelle détruite ; portail déplacé à Couellan en Guitté.

(Inventaire topographique, 1986)

Les propriétaires du Latay, depuis ses origines jusqu'à la famille de Saint-Pern (14e au 16e siècle)

Les origines du château du Latay remontent au 14e siècle. La terre du Latay appartient d'abord à la famille de Guenroc, qui porte des armoiries "d'argent à trois rocs échiquiers de gueules".

Le premier propriétaire connu est Guillaume de Guenroc, suivi de Jehan de Guenroc. Au 14e siècle, le seigneur du Latay fonde l’église paroissiale de Guenroc. En 1447, Tanguy du Chastel détient la seigneurie du Latay, qui relève de la baronnie de Bécherel. Cette famille du Chastel est aussi présente à Saint-Juvat, sur les terres de la Gaudières. François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois, dans son Dictionnaire de la noblesse, indique que la famille du Chastel de la Rouaudais est une branche cadette de celle de la Rouveraye. Selon lui, c’est vers 1440 que les deux familles se séparent.

En 1513, Marc Beruyer est désigné propriétaire par le registre des réformations. Cependant, le registre de Rennes indique que c'est sa fille, Marguerite Berruyer, qui est propriétaire. Certains suggèrent qu’il s’agirait d'une erreur de transcription et que le nom devrait être "Bernier". Les armoiries de la famille Bernier, originaire de Bourseul, sont "d'argent à la fasce de gueules accompagnée de six quintefeuilles de même". Charles Bernier, connu comme le capitaine du Latay, est sans doute l'un des membres les plus célèbres de cette famille. Il est présent à la Cour de François Ier.

La famille de Saint-Pern (16e au 18e siècle)

En 1566, la seigneurie du Latay est vendue à Judes de Saint-Pern, sieur de Ligouyer, pour 3 600 livres tournois. Judes épouse d'abord Renée de la Marzelière, puis Catherine de Châteaubriand. De son premier mariage, les enfants sont seigneurs du Ligouyer et de Couëllan, et du second mariage, ils deviennent seigneurs du Latay. Jean de Saint-Pern, né en 1576, est l’un de ces enfants. Il épouse Anne Lévesque, décédée en 1614 et enterrée à Guenroc. Ils ont deux filles, Renée (1599) et Gabrielle (1600).

Leur fils, Jean II, né en 1611, hérite de la seigneurie à la mort de son père en 1637. Il est conseiller du Roi et maître ordinaire à la chambre des comptes de Bretagne. En 1647, il obtient des lettres royales qui élèvent le Latay en châtellenie, avec foires et marchés. Jean II rend aveu à Jean-François de la Baulme le Blanc le 31 mai 1666, confirmant ainsi sa seigneurie. Il meurt le 14 janvier 1672 et est inhumé dans l’église de Guenroc. De son mariage avec Hélène de la Noüe, il a cinq enfants, dont trois naissent au château du Latay.

Pierre de Saint-Pern succède à son père comme seigneur du Latay. Il est président aux Enquêtes au Parlement de Bretagne. Son fils, Louis-Célestin, prendra plus tard cette charge. Louis-Célestin réside peu au Latay par rapport à son père. Cependant, cette terre est celle de cette branche cadette de Saint-Pern qui vont dès cette période faire partie des parlementaires à mortier, catégorie la plus fortunée de l’institution. Pierre se marie trois fois : d’abord en 1666 à Vincente Le Gouvello, puis en 1682 à Yolande-Françoise de la Marche, et enfin à Marie-Céleste Eberard. Il a plusieurs enfants : Jean-Bertrand (1683), Louis-Célestin, Pierre (chevalier du Latay, mort à 22 ans en 1708) et Léonore-Hélène (1684). Pierre de Saint-Pern meurt en 1698, laissant la seigneurie à son fils aîné, Jean-Bertrand, qui décède en 1704, à l'âge de 20 ans. Avant sa mort, Jean-Bertrand agrandit la seigneurie en afféageant la terre de Rophemel à Gabrielle Glé, marquise de la Vallière.

Louis-Célestin, frère de Jean-Bertrand, devient à son tour seigneur du Latay. Il est conseiller puis président à mortier au Parlement. Il se marie avec Françoise-Gillette de Kersauson et ils ont huit enfants.

Pierre-Placide-Marie-Anne, leur fils, lui succède mais il choisit la carrière militaire comme lieutenant. Cependant, il s’allie avec une éminente famille parlementaire, par son mariage avec Jeanne-Hiéronyme-Charlotte de Cornulier, de cette union naissent deux enfants : Louis-François-Toussaint et Marie-Jacques-Ange-Jean-Claude-Toussaint. Pierre-Placide devient veuf en 1755, puis épouse Nathalie de la Bourdonnais de Liré en 1761, et ils ont deux autres enfants : Madeleine-Charlotte et Gabriel-Placide-Emmanuel-Jean-Baptiste. En 1751, Pierre-Placide de Saint-Pern fait construire une nouvelle halle à Guenroc et un auditoire en 1755. A la suite de ces constructions, il décide de faire de même avec sa résidence. Il bâtit alors le château du Latay tel qu’il figure sur les illustrations et le cadastre, avec les avenues autour, vers 1760. L’architecte de cet ouvrage est probablement René-Anne-Hyppolite de Brilhac. Il est le fils de Pierre de Brilhac, Premier Président du Parlement de Bretagne, commandeur de Saint-Lazare et architecte amateur pendant son temps libre. Cependant, à cause de dépenses excessives, Pierre-Placide-Marie-Anne de Saint-Pern doit vendre la propriété en 1769, mais il se réserve l'usufruit. Il meurt à Rennes en 1784.

Les propriétaires successifs après les de Saint-Pern (18e au 20e siècle)

Le château est acquis par Yves Reslou, sieur de la Tisonnais, conseiller secrétaire du Roi. Il le transmet à sa fille, Thérèse-Marie Reslou. Elle épouse Jacques-Louis Poisson, chevalier, seigneur de Gastines, et dernier seigneur du Latay. En 1792, la famille semble se séparer de la propriété. Il est possible de supposer que la famille est contrainte d’émigrer à la suite des troubles révolutionnaires engendrant la saisie du bien par les commissaires républicains et sa mise en vente comme bien national. Toutefois, le château du Latay ne figure pas dans les procès-verbaux de la commune de Guenroc. En 1792, c’est  Françoise-Marie Gardin, négociant et armateur à Saint-Malo, qui en devient propriétaire.

Entre 1792 et 1927, le château passe entre les mains de six propriétaires. En 1927, la famille Guérin l'achète pour son bois et son domaine. Elle vend le château en 1931 à un antiquaire, Jean Casse. Il démantèle le château et vend chaque pièce dans les alentours. C'est à cette époque que le portail d'entrée est déplacé au château de Couëllan, situé à 9 kilomètres au sud-ouest du Latay.

Aujourd'hui, il ne reste du château du Latay que des douves et une dépendance. Ces vestiges et une carte postale témoignent de son existence.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Remplois
    • Oeuvre déplacée à Commune : Caulnes
  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 18e siècle , (détruit)
  • Dates
    • 1566, daté par travaux historiques
    • 1647, daté par source
    • 1760, daté par source
    • 1931, daté par tradition orale
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Brilhac René-Anne-Hyppolite de Brilhac, le Commandeur. , dit(e) C.D.B : Le Commandeur de Brilhac
      Brilhac René-Anne-Hyppolite de Brilhac, le Commandeur.

      René-Anne-Hippolyte de Brilhac, commandeur de Saint Lazare et architecte amateur (1710-x)

      René-Anne-Hippolyte de Brilhac, né le 20 mai 1713 à Paris, est un ecclésiastique et un architecte amateur notable. Fils de Pierre de Brilhac, Premier Président du Parlement de Bretagne, et de sa seconde femme, Pélagie Constance de Lys, né le 1er décembre 1710 en la paroisse de Saint-Etienne à Rennes. Cadet de la famille Brilhac, il suit la voie traditionnelle des familles nobiliaires en devenant clerc.

      Sa carrière ecclésiastique est remarquable : il devient commandeur de Saint-Lazare, prêtre, bachelier de la Sorbonne, vicaire général de Poitiers, et abbé de Saint-Jean-des-Près en 1731. Il est également prieur de Saint-Nicolas de Josselin, protonotaire apostolique et commissaire des États de Bretagne de 1757 à 1773. En parallèle de ses fonctions ecclésiastiques, René Eugène se distingue par son intérêt pour l'architecture, exerçant cette passion pendant son temps libre. Il est l'architecte probable du château du Latay ou encore du château de la Houssaye p

      Il est également l’auteur de nombreux projets architecturaux en Bretagne, tels que le château de Trégranteur (Guégon, Morbihan) et le château de Boisgelin (Pléhédel, Côtes-d'Armor). Mais aussi de projets prévisionnels comme le manoir de la Bintinaye (Rennes, Ille-et-Vilaine). René Eugène dessine également des plans pour des hôtels particuliers, dont l'hôtel de Coniac, pour sa sœur Marie-Anne-Geneviève de Brilhac, situé au 42 rue Saint-Georges à Rennes.

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      architecte attribution par travaux historiques, attribution par source
    • Personnalité :
      Saint-Pern (de) Pierre-Placide
      Saint-Pern (de) Pierre-Placide

      Pierre-Placide-Marie-Anne de Saint-Pern, fils de Pierre-Placide de Saint-Pern, est né le 11 janvier 1720 à Rennes. Il se tourne vers une carrière militaire et devient lieutenant. Il se marie avec Jeanne-Hiéronyme-Charlotte de Cornulier, issue d’une famille parlementaire, et ils ont deux enfants : Louis-François-Toussaint et Marie-Jacques-Ange-Jean-Claude-Toussaint. Veuf en 1755, il épouse Nathalie de la Bourdonnais de Liré en 1761, avec qui il a deux autres enfants : Madeleine-Charlotte et Gabriel-Placide-Emmanuel-Jean-Baptiste. En 1751, il fait construire une halle à Guenroc et un auditoire en 1755. Il est également responsable de la construction du château du Latay vers 1760, avec l'architecte René-Anne-Hyppolite de Brilhac. Cependant, en raison de dépenses excessives, il doit vendre la propriété en 1769 tout en en conservant l'usufruit. Pierre-Placide-Marie-Anne de Saint-Pern meurt à Rennes le 19 décembre 1784.

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      commanditaire attribution par source

Le château du Latay avant sa destruction

Le château du Latay se trouve à Guenroc, à 1,5 km au nord du canton de Caulnes, dans l’arrondissement de Dinan. Grâce aux cadastres, à l’une dépendance encore existante et une carte postale, on peut décrire le château du 18e siècle détruit en 1931. Ce dernier était construit en moellon de grès et recouvert d’un enduit, selon les standards esthétiques de l’époque. Il s’élevait sur trois niveaux : un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage en surcroit, avec neuf travées ordonnancées de fenêtres. Il est construit sur un plan régulier en H avec des ailes en retour d'équerre de courtes longueurs. La façade antérieure était ornée d’encadrements en pierre taillée, probablement en granite, d’un bandeau saillant séparant les niveaux, de chaînes d’angles en granite taillé, de trois baies ornées d’une rampe en fer forgé sur le premier étage et d’un fronton triangulaire en pierre de calcaire taillée au-dessus de l’avant-corps central. La toiture était en ardoise et de type mansard. L’entrée était mise en valeur par un double avant-corps central fait en granite de taille. Il s'étale sur cinq travées de fenêtre dont deux travées extérieures encadrant trois travées fortes légèrement en saillie. Cet avant-corps central est valorisé par un escalier en U à double volée, par trois baies ornées d'une rambarde en fer forgée et par un fronton triangulaire probablement décoré des armoiries des commanditaires de ce château, les De Saint-Pern (D'azur à dix billettes évidées d'argent, ordonnées 4, 3, 2 et 1). L’ensemble de l’avant-corps central est coiffé d’une toiture en pavillon, décorée d’épis de faîtage et d’une crête. La façade postérieure, du côté est, est située au rez-de-jardin. En l'absence de photographie de cette façade, on peut seulement supposer sa forme à partir du cadastre ancien. Le logis principal se composait de deux ailes perpendiculaires et d’un corps central de neuf travées, réparties sur deux niveaux : un rez-de-jardin surélevé et un étage supplémentaire. Ce plan ressemble à celui d'autres châteaux de la même époque et du même secteur, tel que le château de la Houssaye à Quessoy.

Le Latay est un exemple typique des châteaux classiques de son époque, avec une disposition fonctionnelle, des innovations et un charme de son temps. Les communs, situés au sous-sol, constituent l'une des plus importante innovation du 18e siècle en architecture. Ils abritaient probablement la cuisine, la lingerie, l’office, le garde-manger, les caves et peut-être un caveau comme au château de Boisgelin à Pléhédel. Le rez-de-chaussée devait comprendre des salons, une salle à manger, salle de compagnie et des appartements privés avec leur cabinet, aménagés avec des lambris et des parquets, probablement aux motifs "à la Versailles" ou à chevrons pour le parquet et de style Louis XV pour les boiseries. L’entrée se réalisait dans le vestibule qui contenait un escalier d’honneur. Les plafonds devaient être ornés de moulures en stuc et les pièces dotées de cheminées dont certaines en marbre, qui ont été vendues par l’antiquaire Jean Casse, et qui, selon le propriétaire, sont toujours présentes dans la région.

Au premier étage, les chambres étaient accessibles par un long corridor, et chaque chambre possédait une cheminée. Si nous nous basons sur les plans du Commandeur de Brilhac du château de Boisgelin et la distribution du château de la Houssaye, on peut supposer que le château du Latay comportait dans les ailes environ deux à trois chambres avec garde-robe et cabinet, et dans le corps du logis environ quatre chambres, toutes avec garde-robe et cabinet. L’escalier d’honneur se trouvait au centre, dans l’avant-corps central. Les pièces étaient lambrissées et parquetées. Dans un souci d’intimité, les chambres étaient plus petites et séparées par des cloisons au 18e siècle. Chaque chambre disposait de sa propre garde-robe et cabinet. Certaines chambres comportaient des alcôves, créant un espace encore plus intime, comme nous pouvons le retrouver au château de la Houssaye (Quessoy). Les décorations étaient souvent en tissus fleuris, offrant un aspect confortable et chaleureux. L’étage sous les combles était sûrement dédié au stockage, l’existence d’espaces pour les domestiques restant incertaine en raison de l’absence de petites lucarnes dans les combles.

Les espaces pour les domestiques se trouvaient probablement au sous-sol ou dans les dépendances, ces bâtiments annexes, à proximité des ailes du château. A partir de photographies réalisées lors d'une enquête topographique par l'Inventaire en 1968 et l'analyse de la dépendance existante, nous pouvons observer que ces deux corps de bâtiments sont extrêmement similaire. Ils sont en moellon de grès, s'étalent sur deux niveaux (un rez-de-chaussée et un étage de comble), ils sont couvert d'une toiture en ardoise à deux pans et ornés d'une corniche en pierre de falun qui confère un certain charme aux bâtiments. Chacune possède deux travées de baies ordonnancées qui sont des portes et des lucarnes. Cette dernière est décorée d'un fronton triangulaire probablement en calcaire. Pour la dépendance au sud, nous pouvons supposer qu’elle comprenait des écuries, une remise et peut-être un logement pour le palefrenier. Il est observable que les ouvertures ont été modifiées. Certains linteaux ont été abaissés ce qui permet de supposer que l'ancienne baie localisée à l'ouest du bâtiment, d'une hauteur certaine, était destinée à accueillir des écuries. La partie est, consistait à probablement accueillir la remise et l'étage était un lieu de stockage reconnaissable par la lucarne de chargement. Au nord, la dépendance, était probablement destinée à servir de commun sur sa partie droite et d'écuries puis de lieu de stockage sur sa partie gauche, hypothèse supposée à partir de la forme et de la taille des baies. L'étage possède également des lucarnes de chargement destinées au stockage dans les combles. Il est possible qu'elle remplissait déjà cette fonction avant la construction du château par Pierre-Placide de Saint-Pern au 18e siècle, ce qui explique la présence de communs dans ce bâtiment annexe ainsi qu'au sous-sol, répondant ainsi à la question de l'absence d'espaces pour les domestiques dans les combles. Tout cela demeure une hypothèse. Ce bâtiment est aujourd'hui le seul vestige visible du château et abrite un four à pain.

Le domaine du Latay sous l'Ancien Régime

Le château du Latay et son domaine formaient le centre d’une seigneurie comprenant des terres, des bois, des métairies et des droits seigneuriaux. Le seigneur du Latay détenait de nombreux droits liés à son statut, y compris celui de faire effectuer le guet par ses vassaux le 29 août, jour de la fête de la décollation de saint Jean-Baptiste et veille de la fête de Saint-Fiacre, un droit honorifique incontestable.

Avant sa démolition, le domaine comprenait également un colombier datant de la fin du 18e siècle, une chapelle et des dépendances comme des écuries, une remise à carrosses, un four à pain (encore existant), une cuisine et un potager. Il était également orné d’une grande avenue menant au bourg de Guenroc et d’un parc paysagé accessible par une petite passerelle à l’arrière du château, côté ouest. Il ne reste alors aujourd’hui plus que les douves et l’une des dépendances.

À partir d'une photographie de 1945 et le schéma d'Henri Frotier de la Messelière, nous pouvons analyser le colombier, ou les colombiers ! En effet, le dessin de l'érudit nous présente deux tours coiffée d'un lanternon. Il est certain que l'une d'elle est un colombier. Cependant, les deux tours étant complétement similaires, nous pouvons émettre l'hypothèse de l'existence de deux colombiers ! Cas de figure exceptionnel qui signifierait que celui qui les a bâti posséderait de nombreuses terres conformément à la nouvelle coutume de 1584 qui régit le droit de bâtir ou non un colombier. Celui-ci est illustré en pierre de taille. Cependant, à partir d'une photographie de 1945, il serait en en terre-crue avec des fondations en pierre. Le colombier était alors en pierre de taille pour les gros œuvre et recouvert d'un enduit, possiblement en terre permettant une uniformité avec le château qu'il précède. Sa forme serait circulaire, confirmée par le cadastre napoléonien et les illustrations. Il était couvert d'une toiture en ardoise, comme l’ensemble des bâtiments du domaine et orné d'un lanternon permettant aux oiseaux d'accéder aux niches. Ce colombier marquait l’entrée du domaine et soulignait le prestige du seigneur qui en était propriétaire. Le portail d’honneur est l'un des autres marqueurs dès l'entrée du prestige de la famille. Aujourd’hui situé au château de Couëllan à Caulnes, il est composé de trois ouvertures : deux pour les piétons et une pour les carrosses. Il était flanqué de quatre poteaux en granite taillé et relié à une avenue menant au bourg de Guenroc. Cette avenue est visible sur le plan de section du cadastre ancien et sur les vues satellitaires de l’IGN, notamment celles de 1950-1965. Elle partait du jardin (parcelle 49 du cadastre ancien et parcelles 0068 et 0054 du cadastre actuel) et rejoignait la route départementale (D39) menant vers Yvingac-la-Tour. Le cadastre ancien indique aussi un jardin paysagé, accessible par une passerelle enjambant les douves, faisant partie d’une enceinte fortifiée avant les aménagements du 18e siècle. Une métairie se trouvait à proximité, représentée sur le cadastre par trois bâtiments, dont le colombier. Aujourd'hui, il ne reste qu'un seul bâtiment de cette métairie, qui est en mauvais état.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Murs
    • grès moellon (incertitude)
    • enduit
    • granite moyen appareil
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier en H
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier symétrique
  • Typologies
  • État de conservation
    vestiges, détruit
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Éléments remarquables
    portail

Documents d'archives

  • AD Côtes-d'Armor, cadastre ancien: section 2, 1ere feuille, 1843, 3P74.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 3P74
    AD Côtes-d'Armor, cadastre ancien: section 2, 1ere feuille, 1843, 3P74.
  • AD Ille-et-Vilaine, 13 J 52 1-21, Fonds de Coniac : plans du commandeur de Brilhac.

    Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : 13 J 52 1-21
    AD Ille-et-Vilaine, 13 J 52 1-21, Fonds de Coniac : plans du commandeur de Brilhac.

Bibliographie

  • SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

    ISBN : 2-8554-047-X

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 35 REN hist

Documents figurés

  • croquis du vicomte Henri Frotier de La Messelière, 1er quart du 20ème siècle (AD 22)

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 60 J 227

Annexes

  • Etude d’inventaire sur la commune de Guenroc, 1968 :
Date(s) d'enquête : 1968; Date(s) de rédaction : 1986, 2025
(c) Inventaire général
(c) Université de Rennes 2
(c) Vieilles Maisons Françaises (VMF)
(c) Région Bretagne
Dupont Flavie
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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