Le premier projet de jetée, terminée par un musoir en forme de crochet, fut décidé par le duc d'Aiguillon, commandant en chef intendant de Bretagne, en 1757, sur un plan dessiné par l'ingénieur Chocat de Grandmaison.
Sur ce plan, on peut remarquer la présence d'une balise, située à 8 toises, afin de profiter de l'élévation des pointes de rocher, qui brisent l'effort de la mer. La jetée s'ancre à 2 pieds (66 cm) de profondeur dans le rocher, pour une largeur de 90 pieds (29, 70 m) à la base, 26 pieds de hauteur (8, 58 m), depuis le niveau de la grève, 20 pieds (6, 60 m) de large au sommet, en couronnement sur 35 pieds (11, 55 m) de talus de chaque côté. L'appareillage est prévu en pierre de taille avec des moellons à l'intérieur et des pierres rapportées au pied de la digue, sur un plan très incliné, afin de rompre l'effort de la mer dans la partie qui s'étend depuis la balise jusqu'à l'extrémité et le pourtour de la tête de cette jetée (sources AD 22, S, Suppl. 94).
En 1793, l'ingénieur des Ponts et Chaussées, Piou fils, constate que les navires qui fréquentent le port de Binic, sont à l'abri d'un môle construit en grosses pierres et moellons. Cependant, l'échouage des navires est difficile à cause de l'encombrement du chenal par des bouillons de roches. Un mur de quai commencé devait être achevé afin de servir de moyen de communication entre Binic et ce môle et de faciliter le transport des marchandises. Il faut cependant attendre le 7 vendémiaire an IV pour que des travaux de réparation et de prolongement du môle commencent à être réalisés. Un début de quai est réalisé en 1791 avec son prolongement douze ans plus tard (actuel quai Jean Bart).
En 1843, le mémoire d'un armateur de Binic, Jacques Le Pomellec, est présenté au duc de Nemours, lors de son passage à Binic pour l'établissement d'un avant-port. Le projet est appuyé par le Conseil Général et la Chambre de Commerce en 1845. Un an plus tard, commencent les travaux du nouveau môle, appelé "môle de Penthièvre", construit en maçonnerie hydraulique pour le musoir, sur les plans des ingénieurs Fessard et Méquin. Suite à des avaries répétées, de nouveaux travaux sont entrepris en 1849. La réception de l'ouvrage a lieu en 1855.
En 1862, suite aux dégâts générés par la tempête du 18 février 1855, des enrochements sont projetés du côté ouest de la jetée-digue. Le môle de Penthièvre pouvait recevoir 13 navires de grande pêche à quai. En 1864, l'ingénieur des Ponts et Chaussées considère comme non justifiée la création d'un bassin à flot dans le port de Binic, en argumentant du manque de commerce à Binic, qui représente plutôt un port d'armement pour Terre-Neuve, et donc sans impact direct sur l'économie locale (en l'absence de commercialisation sur place de la morue). En 1872, de nouvelles avaries au môle donnent prétexte cette même année au conseil municipal pour demander la création d'un bassin propre à recevoir à flot les navires dans le dénommé "Port de Penthièvre" ou "Port Neuf", qui offre à l'époque 860 mètres d'ouvrages, dont sur 700 mètres de quais, 360 mètres dévolus au cabotage. En 1880, un contrefort vers le large est ajouté au môle.
Binic arme en 1872, 23 navires pour la grande pêche : 7 navires pour Islande et 16 navires pour Terre-Neuve. Entre le 3 juillet 1871 et le 1er juillet 1872, le port accueille 100 navires dont 60 en relâche, soit 216 navires sur 18 mois. Les élus réclament de nouveau 90 m de nouveaux quais malgré l'avis défavorable de l'ingénieur. Ce dernier argumente en expliquant l'augmentation du ressac dans l'avant-port par le pont en bois de 100 m d'ouverture et le rétrécissement du port, dû aux nouveaux ouvrages projetés (AD 22, S Suppl. 92).