Argumentaire pour la réalisation d'un bassin à flot dans l'arrière port de Binic en 1892
"Les goélettes pour la pêche à Islande, plus fines que les navires Terre-Neuvas, qu'elles ont récemment remplacés, supportent mal l'échouage et le ressac dans l'arrière port de Binic, produit par la houle hivernale d'ouest. Le reflux des lames du nord-est et du sud-est qui viennent battre la partie sud de l'anse entre l'estacade et la pointe de Pordic, pénètre également dans l'arrière port et y occasionne de l'agitation. L'avant-port s'est aussi ensablé avec l'achèvement de la construction du môle Penthièvre" : rapport de l'ingénieur Camus en 1856. Cet état de choses avait suscité des plaintes dès l'origine démontrant la nécessité de prolonger l'estacade pour fermer complètement l'arrière-port et empêcher son ensablement par les vents de sud-est. Mais vu l'élévation de la dépense à laquelle ces travaux auraient conduit, la question n'a jamais reçu de solution. Le projet fut remis à l'étude sur l'ordre du Ministre des travaux publics, en visite à Binic en 1892, avec l'aide de la Chambre de Commerce de Saint-Brieuc et sur la demande du Conseil Municipal Binic. Les travaux préparatoires furent effectués en 1896, mais ils en restèrent à ce premier stade durant plusieurs décennies.
Description du bassin à flot en projet en 1892
Le bassin à flot pourrait être dans un premier temps qu'une simple remise pour les bateaux de pêche et n'ouvrir qu'aux périodes de vives eaux. La tête aval de l'écluse serait exécutée en premier avec une simple paire de portes. Un chenal serait creusé dans l'avant-port pour accéder à l'écluse pour une ouverture de 10 m (les bateaux islandais ont une largeur maximum de 7, 50 m au maître bau). Le rocher naturel formerait le radier de l'écluse avec la réalisation du massif d'appui des buses. Des aqueducs de chasse en plein cintre seraient aménagés dans chacun des bajoyers. Le mur de tête de gauche de l'écluse se raccorderait avec la voie conduisant au môle de Penthièvre, au moyen d'un terre-plein formé de remblais provenant des démolitions de la vieille jetées et protégé du côté de la mer par un mur en maçonnerie.
La passe actuelle de l'arrière-port serait fermée par un prolongement de l'estacade (protégée par un mur vertical à pierres sèches). Les murs de quai auraient 2, 20 m d'épaisseur à la cote 12 m des plus hautes mers d'équinoxe, un fruit extérieur de 1/5 et un talus vertical vers l'intérieur, avec un parapet de 0, 80 m de hauteur.
La digue de fermeture de l'arrière port aurait 9 m environ de longueur depuis le musoir de l'estacade jusqu'à la rencontre de la vieille jetée et une largeur en couronne de 20 m comme l'ancienne estacade. Cette digue serait conduite de manière à laisser une passe de 100 m entre son musoir et celui de la jetée du Penthièvre ; elle aurait une largeur de 6 m en couronne et une longueur totale de 178, 50 m, et elle serait formée d'un remblai protégé par 2 perrés inclinés à 45° et maçonnés avec mortier. Du côté du large, le perré serait surmonté d'un parapet maçonné. Les perrés de revêtement seraient reliés par 3 traverses équidistantes, des fruits de 1/5 et composés d'un massif à pierre sèche recouvert de murs en maçonnerie avec mortier de 0, 50 m d'épaisseur. Cette digue ainsi construite pourrait résister contre les vents de sud-est.
Le déversoir accolé à l'écluse aurait une largeur de 15 m et une longueur de 20 m. Les portes elles mêmes fonctionneraient comme déversoir.
L'arrière-port serait curé à la cote 6 m sur une longueur totale de 530 m de quais donnant 15 places aux navires de pêche, d'une longueur habituelle de 35 m, et permettant ainsi à 45 navires de faire leurs armements en se mettant en triple rangée.
L'étanchéité du bassin serait réalisée en démolissant les parements de l'estacade et de la vieille jetée sur 0, 80 m d'épaisseur et en les reconstruisant avec du mortier de ciment.
1/3 de la dépense serait assuré par les usagers locaux (commune, Chambre de Commerce, armateurs, etc.).
La réalisation du bassin de plaisance et les nouveaux aménagements du port
Le conseil municipal devait renouveler sa demande de barrage en 1931, mais l'approche de la guerre repoussa encore de3 décennies ces aménagements. Il fallut attendre l'année 1966, pour que le bassin à flot soit enfin réalisé, par la mise en place d'une écluse et l'aménagement du port de plaisance.
Des postes d'amarrage furent réalisés par la suite en 1970, avec l'installation entre 1973 et 1986 de pontons d'embarquement. Les équipements se poursuivirent avec la construction d'un club house en 1968, d'une cale et d'un parking pour dériveurs entre 1971 et 1975, pour pouvoir accueillir 450 unités de plaisance dans la dernière décennie du 20ème siècle.
Parmi les autres réalisations effectuées au port de Binic : un nouveau quai de déchargement pour la pêche en 1975-1980, qui s'était fortement développée avec la coquille Saint-Jacques et la construction d'une criée en 1986. Ces équipements de pêche sont aujourd'hui caduques, comme suite à la construction du nouveau port de Saint-Quay-Portrieux avec une nouvelle criée automatisée.