Il semble que le Légué ne soit pas le port primitif de Saint-Brieuc. Les premiers ports, 'Portus Aurélius' ('Port Aurel') et 'Portus Cessonius' ('Port de Cesson') auraient disparu à la suite d'un cataclysme survenu en l'an 709. Selon la tradition orale, C'est le port du Valais (appelé 'Port Glé') qui aurait été le port de Saint-Brieuc. Il menait encore les navires au début du 20e siècle jusqu'au fond de la baie d'Yffiniac, avant que les phénomènes d'envasement ne changent la profondeur et la géomorphologie locale.
La 1ère mention du havre du Légué est datée de 1423, dans une lettre de change de Jean V, duc de Bretagne, donnée à son épouse Jeanne de France, pour le négoce et la pêche à Terre-Neuve. En 1556, on remarque l'existence de 'souilles' pour l'échouage des navires et la présence du manoir de l'armateur Favigo[t]. En 1625, le manoir de Rohannec'h témoigne d'un commerce déjà actif. En 1687, l'armateur Le Roux arme pour Terre-Neuve, et en 1691, Saint-Brieuc devient le siège royal de l'Amirauté.
En 1731, les premiers travaux portuaires sont réalisés : construction d'un pont en bois et du 'Chemin Neuf'.
Pendant le 4e quart du 19e siècle et le 1er quart du 20e siècle, les travaux d'aménagement du port vont s'accélérer. Des armateurs et des commerçants, comme Alain Le Gouales de Mézaubran et la famille Sébert, vont favoriser le développement industriel et commercial du Légué : nouvelles lignes de chemin de fer et nouvelle ligne de transport maritime en direction des îles anglo-normandes (commerce de la pomme de terre). Le port du Légué devient à la fois un port de Grande pêche, de pêche côtière et un port de commerce, très actif pour son hinterland environnant (commerce des céréales, de la toile et des meules de moulin). Il est considéré comme un port-refuge, un port secondaire.
Cependant, l'historique des travaux d'aménagement portuaire du Légué montre une succession de chantiers ponctuels et le manque d'aménagement global : En 1731 : premiers travaux portuaires d'après le plan dressé par l'ingénieur Thévenou : construction du Pont de bois. En 1756 : plan du Légué par l'ingénieur Chacat de Grandmaison. En 1758 : construction du quai d'Aiguillon et des premières cales, rectification du chenal. En 1733 : le quai et le pont sont détruits par le 'déluge de Châtelaudren'. En 1777 : édit royal donnant le droit d'armer pour les colonies. En 1783 : rectification du chenal sur 300 mètres et aménagement d'un nouvelle route d'accès au port. En 1784 : plan du port par l'ingénieur Perroud. En 1796 : Plan de 'Port-Brieuc' avec projet de nouvelles cales. En 1819 : création de la Chambre de Commerce et reconstruction du Pont-de-Pierre modifié. En 1837 : construction des quais de Nemours et de Rohanet En 1844 : prolongement du chemin de halage, rive gauche En 1847 : projet de bassin à flot En 1859 : projet de mise en communication du bassin à flot et du port d'échouage du Légué Entre 1868 et 1876 : Écluse et bassin à flot en construction (achèvement de l'écluse en 1869). En 1881 : projet d'une double écluse. En 1885 : Achèvement et ouverture du bassin à flot, fonctionnement manuel de l'écluse. Construction de la voie ferrée, rive droite. En 1887 : projets d'avant-port à la Pointe-de-l'Aigle et d'allongement de l'écluse. En 1893 : ouverture du pont tournant livré à la circulation.
Le port du Légué devient un port à bassins, le seul dans les Côtes-du-Nord, dont les équipements répondaient aux besoins économiques de cette fin du 19ème siècle. En 1904 : construction d'une voie ferrée, rive gauche. En 1915 : création du bassin à flot n° 2 et d'un barrage déversoir. En 1928 : électrification du système de manoeuvre de l'écluse. EN 1932 : nouveau plan d'équipement portuaire. En 1936 : allongement de l'écluse (+ 10 mètres), opération de désenvasement. En 1944 : écluse dynamitée et détruite. En 1946 : reconstruction et désenvasement, reprise du trafic, phase active, écluse portée à 85 mètres. En 1962 : avant-projet de modernisation portuaire ; nouveau feu à la cale de la Douane. En 1968 : augmentation du trafic portuaire et projet d'agrandissement du port. En 1969 : trafic portuaire à son apogée : projet de terre-plein. En 1975 : nouveau projet d'extension et construction du terre-plein de la Ville-Gilette. En 1981 : projet de port de plaisance. En 1985 : endigage à la Pointe-de-Cesson, désenvasement, chute du trafic. En 1991 : nouveau projet d'extension, projet de port de plaisance, difficultés de la pêche. En 1992 : projet de développement global du port. EN 1999 : premiers travaux d'aménagement du port de commerce.
Les récentes améliorations portuaires ont augmenté la superficie des terre-pleins sur la rive gauche et facilité les mouvements des bateaux de pêche. L'endigage réalisé à la Pointe-de-Cesson en 1985 constitue un entonnoir dont les perrés ont servi au futur port. Après les graves crises économiques qui ont perturbé le trafic du port à la fin du 20e siècle, plusieurs projets d'extension du port du Légué ont été étudiés par la Chambre de Commerce, avec le soutien du Conseil général des Côtes-d'Armor, dont la réalisation en cours d'un grande digue à l'Est et du 3ème quai.
Le port du Légué est aujourd'hui le principal port de commerce des Côtes-d'Armor et le 5ème port breton (trafic pour les bateaux de charge de 3000 à 5000 tonnes). Il est aussi devenu un port de plaisance et un site départemental de réparation navale, en particulier pour les navires de pêche de fort tonnage (350 tonnes).
Les friches industrielles de la rive droite du Légué (Carré Rosengart, Chaffoteaux et Maury) sont devenues un atout pour le développement des activités portuaires du Légué autour des activités de maintenance de la plaisance et de la pêche, mais aussi pour le développement du commerce maritime, lié au contexte international favorable aux transports maritimes.
Photographe, éditeur (Saint-Brieuc)