Dossier d’œuvre architecture IA22133610 | Réalisé par ;
Toublanc Léonie (Rédacteur)
Toublanc Léonie

Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566

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Dorigné Fiona (Rédacteur)
Dorigné Fiona

Stagiaire en Géographie, Nantes Université

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  • enquête thématique régionale
Site archéologique de Taden
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Université de Nantes
  • (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Dinan Ouest
  • Commune Taden
  • Lieu-dit Les Boissières
  • Dénominations
    site archéologique, établissement portuaire
  • Précision dénomination
    avéré

Sur la commune de Taden, la modélisation réalisée à partir de critères naturels pointe le site des Boissières comme zone d’échouage favorable, un site justement connu pour avoir accueilli une agglomération romaine qu’on suppose avoir fonctionné avec un port établi sur la Rance. Plus en aval et sur la même rive, le site du Châtelier mériterait une attention particulière puisque l’éperon rocheux formé par la confluence du fleuve avec une rivière, est implanté dans un secteur également propice à l’implantation portuaire. Ce site a été fortifié à une date inconnue avant d’accueillir une motte féodale, puis bien plus tard un logis seigneurial.

Le site des Boissières à Taden est renseigné depuis les années 1970 par des campagnes de prospection aérienne et pédestre, réalisées sous la direction de L. Langouët. Ces opérations font suite à nombreuses observations faites par des érudits durant le XIXe siècle, qui l’associaient déjà à un port (Langouët 2004 : 41). L’ampleur des vestiges reconnus permet de reconnaître la présence d’une agglomération romaine, qui se développe sur la rive gauche de la Rance, située à un point de rupture de charge, au carrefour de deux voies qui relient Rennes à Corseul et Corseul à Avranches. Ces deux voies encadrent le site, avec un point de franchissement reconnu au sud (gué empierré romain), qui prolonge le chemin de l’Etrat. C’est juste en face, sur la commune de Lanvallay à Port-Josselin, qu’une pierre de mouillage d’environ 105 kg a été remontée lors d’un dragage dans la Rance. Aujourd’hui visible au musée de Dinan, sa datation reste inconnue (Langouët et al., 1999 : 52 ; Langouët 2004 : 40). Cette dernière voie, qui regagne Alet, est supposée remonter à l’âge du Fer. Au nord, si aucun point de franchissement n’a pu être reconnu pour le second axe routier, la voie fait face au petit éperon barré du Châtelier qui est attribué à l’âge du Fer, sans qu'aucune preuve archéologique ne puisse venir appuyer cette datation.

Au total, ce sont 15 gisements recensés pour l’Antiquité sur le site des Boissières, qui s’étendent sur plus d’un kilomètre le long du fleuve et couvre une surface d’environ 40 à 50 ha (Bizien-Jaglin et al., 2002 : 301). Au-delà de constructions assimilées à de l’habitat, deux temples ont pu être identifiés, ainsi qu’un probable entrepôt au bord de la Rance, qui alimente d’ailleurs l’hypothèse de la présence d’un port antique à Taden. Ce dernier est fortement présumé, même si aucun aménagement spécifique, tel qu’un quai, ne peut actuellement lui être attribué. Le mobilier recueilli en surface permet d’envisager le développement de l’agglomération entre le milieu du Ier siècle et la fin du IVe siècle ap. J.-C., qui atteint son apogée entre les IIe et le IIIe siècles.  En face de ce site antique se trouve une plateforme de 3,5 hectares faite d’un mur de pierres d’environ 650 m de longueur. Cette structure reste assez énigmatique et n’est pas attribuée chronologiquement (Langouët 2006 : 25).

Au début du Moyen Âge, suite à l'élévation du niveau marin, le port de Taden n’est plus actif et se voit remplacé par celui de Dinan, situé plus en amont. Ce dernier fonctionne vraisemblablement du VIe au XIIIe siècle (Tranchant 2017 : 108).

  • Période(s)
    • Principale : Antiquité

Taden est une ville située en amont de l’estuaire de la Rance. Sa côte est principalement constituée de roches plutoniques, en plus d’un apport sédimentaire non négligeable, lié à des alluvions fluviatiles récentes. Le transport sédimentaire reste majoritairement stable malgré la présence d’un barrage en amont du site. La topographie du lieu rend compte de quelques passages abrupts malgré une côte relativement peu accessible. Les aménagements effectués sur la Rance ont pu modifier le paysage et l’évolution de ce dernier, changeant donc la perception actuelle du milieu et l’éventualité d’une installation portuaire dans un secteur donné. La modélisation des conditions favorables à l’implantation portuaire, d’après une série de critères naturels (géographiques, topographiques et météorologiques), combinés aux indices archéologiques, permet de reconnaître deux voire trois secteurs particulièrement propices à Taden et dans ses environs proches : au lieu-dit les Boissières en rive gauche de la Rance et au Châtelier environ 2 km plus en aval (sur la commune de Saint-Sanson-sur-Rance). Enfin, est concernée une bonne partie de la rive droite du fleuve, sur la commune actuelle de la Vicomté-sur-Rance, le long de laquelle sont recensés des vestiges de l’âge du Bronze et de l’Antiquité en plus faible proportion.

  • État de conservation
    vestiges
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique, zone de protection
  • Précisions sur la protection

    Zone de présomption de prescription archéologique

Bibliographie

  • Langouët L., 2002, « Principaux sites portuaires de l’Armorique gallo-romaine », Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 30, p. 87-112.

    Centre Régional d'Archéologie d'Alet
  • Langouët L., 2004, « Le vicus gallo-romain de Taden (Côtes-d’Armor) étape routière et port coriosolite », Les Dossiers du C.e.R.A.A., 34, p. 39-52.

    Centre Régional d'Archéologie d'Alet
  • Langouët L., 1985, « Un vicus gallo-romain, routier et portuaire : Taden (Côtes-du-Nord), sur les bords de la Rance », Revue archéologique de l’ouest, 2, p. 73-82. [https://www.persee.fr/doc/rao_0767-709x_1985_num_2_1_872]

  • Langouët L., Garcia Y., Lorin A., 1999, « Anciennes pierres de mouillage sur le littoral Manche-Atlantique », A.M.A.R.A.I., 2, p. 51-64.

  • Bizien-Jaglin C., Galliou P., Kérébel H., 2002, Côtes-d’Armor, Carte archéologique de la Gaule, Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres, 22, p. 143-318.

  • Langouët L., 2006, « Le portus saliocanus était-il au pied du Yaudet à Ploulec’h (Côtes-d’Armor) ? », Les Dossiers du C.e.R.A.A., 34, p. 21-27.

    Centre Régional d'Archéologie d'Alet
  • Tranchant M., 2017, Les ports maritimes de la France atlantique. Volume I : tableau géohistorique, Presses Universitaires de Rennes, p. 73-110.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Université de Nantes
(c) Région Bretagne
Toublanc Léonie
Toublanc Léonie

Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566

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Dorigné Fiona
Dorigné Fiona

Stagiaire en Géographie, Nantes Université

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