Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566
- enquête thématique régionale
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Dénominationssite archéologique, établissement portuaire
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Précision dénominationsupposé
En confrontant les données archéologiques aux critères environnementaux, on peut conclure à la présence de deux zones au potentiel portuaire important. Une très forte potentialité portuaire se retrouve principalement aux abords de ce qui aurait été un ancien estuaire, c'est-à-dire à hauteur des anciennes rives de l'Aber. Cela se confirme avec le passage d’une voie terrestre datant de l’Antiquité. Sur ce passage on retrouve aussi la présence d’une motte castrale qui renforce l’hypothèse d'un lieu de passage important protégé par des ouvrages défensifs. Une seconde zone, à l'embouchure sud de l'Aber présente également un fort potentiel portuaire. Il s'agit des rives de la pointe de Raguenez .
D’après M. Tranchant, Crozon a abrité un port médiéval, qu'il localise de manière approximative près de la plage de l’Aber. L’auteur signale trois autres ports voisins, celui de Camaret, de Roscanvel et de Lanvéoc (Tranchant 2017 : 98). Le port de Crozon est attesté dès le VIe et fonctionnerait au minimum jusqu’au XIIIe siècle. Sa localisation précise reste aujourd’hui inconnue.
Plusieurs vestiges archéologiques sont présents à Crozon, notamment un dépôt de l’âge du Bronze à « Lesquiffinec » et une stèle de l’âge du Fer à « Ar Men Bris », dans le bourg actuel. Plus au sud, près de la plage et de la pointe de Morgat ont été mis au jour d’autres dépôts, l'un daté de l’âge du Bronze et l'autre de l’Antiquité (dépôt monétaire romain). L’île de l’Aber est occupée par « un habitat fortifié protégé du côté de la terre par un épais rempart », supposé dater de l’âge du Fer (Galliou 2010 : 177). Elle est située plus à l’est du bourg actuel, et forme une pointe accessible à pied lors des marées basses.
Les vestiges archéologiques à Crozon témoignent d’une occupation dense durant l’Antiquité. Plusieurs lingots de plomb ont été identifiés à hauteur de ce qui semble correspondre à un ancien site de production salicole, à la pointe de Raguenez qui fait face à l'île de l'Aber. Plusieurs lingots ou encore des silex et blocs de calcaire ont été repêchés du ruisseau de l’Aber. Ils laissent supposer la présence d’une ancienne zone de délestage de navires à l’époque antique (Galliou 2010 : 177).
Juste en face, près de la pointe de Raguénez, ont été mis au jour des vestiges antiques. Il s’agit de tegulae, de briques, de verre qui semblent indiquer la présence d’une exploitation du sel. Une voie antique reliant Châteaulin à Crozon, traverse l’ensemble de la commune et n’est située qu’à 1 km environ du rivage actuel, le long duquel ont été perçus ces vestiges. Le long de cette voie et en arrière de la plage de l’Aber, une motte castrale médiévale est établie à Rozan, sur un îlot rocheux qui s’avance dans l’ancien estuaire de l’Aber et le domine.
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Période(s)
- Principale : 6e siècle
- Secondaire : 13e siècle
- Secondaire : Temps modernes
- Principale : Gallo-romain
Crozon est une commune située sur une presqu’île, à proximité du littoral. La côte y est majoritairement rocheuse (roche magmatique). Un autre type de roche, sédimentaire, est aussi présent. Il se caractérise par la présence de dépôts fluviomarins et d’alluvions fluviatiles, qui se développent sous la forme de plages. L’existence d’un ancien marais maritime, associé à un ancien estuaire, est attestée par la présence d’alluvions et de colluvions postglaciaires, piégées par un cordon dunaire. La topographie des lieux est assez spécifique avec un avant trait de côte assez escarpé alternant entre l’abrupte et le praticable et un arrière trait de côte majoritairement abrupte et quelques passages carrossables pour assurer l’accès aux hauteurs. Dans l’ensemble, le trait de côte possède un fort potentiel portuaire. La modélisation des conditions favorables à l’implantation portuaire, d’après une série de critères naturels (géographiques, topographiques et météorologiques), permet de reconnaître plusieurs secteurs particulièrement propices à Crozon. Il s’agit, en premier lieu, des rives de l’ancien Aber au sud de la commune, mais aussi et dans une moindre mesure le littoral au niveau de la pointe de Raguénez, face à l’île de l’Aber, qui reste tout de même moins praticable (côte rocheuse érodée).
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État de conservationvestiges
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Sites de protectionabords d'un monument historique, loi littoral, zone de protection
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Précisions sur la protection
Zone de présomption de prescription archéologique
- (c) Université de Nantes
- (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS
- (c) Université de Nantes
- (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS
- (c) Université de Nantes
- (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS
- (c) Université de Nantes
- (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS
Bibliographie
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Tranchant M., 2017, Les ports maritimes de la France atlantique. Volume I : tableau géohistorique, Presses Universitaires de Rennes, p. 73-110.
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Jarnoux P., Pourchasse P., Aubert G., 2016, La Bretagne de Louis XIV. Mémoires de Colbert de Croissy (1665) et de Béchameil de Nointel (1698), Presses Universitaires de Rennes, p. 76-310.
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Galliou P., 2010, Le Finistère, Carte archéologique de la Gaule, Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres, 29, p. 176-419.
Stagiaire en Géographie, Nantes Université
Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566
Stagiaire en Géographie, Nantes Université