Stagiaire en Géographie, Nantes Université
- enquête thématique régionale
Dossier non géolocalisé
-
Aire d'étude et canton
Bretagne - Lannion
-
Commune
Ploulec'h
-
Lieu-dit
Le Yaudet
-
Précisions
-
Dénominationssite archéologique, établissement portuaire
-
Précision dénominationavéré
Les données archéologiques (voie, habitat) et environnementales (courants, vents, géomorphologie, géologie) viennent appuyer la localisation d’un port dans l'anse de la Vierge.
Le Yaudet est situé sur la commune de Ploulec’h, établi sur la rive gauche du Léguer, qui débouche dans la Manche environ 1,5 km plus à l’ouest. J. Gaultier du Mottay est le premier à évoquer la possibilité de l'implantation d’un port d’échouage gaulois puis antique, qu’il situe dans l’anse de la Vierge qui marque le flanc ouest du promontoire du Yaudet (Langouët 2000 : 40 ; 2002 : 96 ; 2006 : 23). Ce site est retenu comme étant éventuellement le portus saliocanus, mentionné par Ptolémée (Langouët 2002 : 96). Cette hypothèse s’avère plus plausible que celle mettant en avant une localisation du portus saliocanus à Hillion dans la baie de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Au Moyen Âge, le port du Yaudet ne semble plus être actif tandis que celui de Lannion se développe plus en amont du Léguer.
De nombreux vestiges archéologiques sont signalés par des érudits locaux dès le XVIe siècle au Yaudet. À la suite de ces découvertes, des sondages (1952-1954) et un programme de fouille (1991-2002) ont été mis en place (Cunliffe et Galliou, 2015 : 20-22). Le site a été occupé au Néolithique, puis du Ier siècle av. J.-C. jusqu’à aujourd’hui sans interruption. Le promontoire est d’abord occupé par un simple habitat rural, puis il est fortifié à l’âge du Fer (Cunliffe et Galliou, 2015 : 217). Un rempart de barrage, dit « traversier », protège le côté le plus vulnérable, fermant une surface de 6,5 ha (Cunliffe et Galliou, 2015 : 89). Ce système défensif est complété par un rempart de contour érigé sur les trois autres côtés du promontoire. Lors des fouilles dans les années 1990, l’équipe a mis au jour des éléments maçonnés en pierres sèches, antérieurs au rempart laténien. Sa présence évoque un système défensif plus ancien, probablement de l’âge du Bronze (Cunliffe et Galliou, 2015 : 33-46). Au début de l’Antiquité, Le Yaudet perd de son importance. Au IIIe après J.-C., une nouvelle muraille défensive est construite selon les tracés des remparts laténien. Le site reprend de l’importance et redevient une « interface avec l’hinterland et les voies maritimes » (Cunliffe et Galliou, 2015 : 217). À l’aube du Moyen Âge, la fonction du Yaudet semble changer. La communauté installée s’organise selon un parcellaire bien ordonné avec des bâtiments en pierres sèches à fonction religieuse et un cimetière à inhumations est implanté. Ce dernier va fonctionner jusqu’au XIIe siècle. C’est au XVe siècle que le site est abandonné pour des raisons inconnues, seule la chapelle est toujours fréquentée jusqu’à nos jours (Cunliffe et Galliou, 2015 : 217).
À l’ouest du Yaudet, à hauteur de la pointe de Servel, là où le Léguer se jette dans la Manche, deux pêcheries empierrées en forme de V sont toujours visibles dans le lit de la rivière. L’une est datée du Moyen Âge et l’autre reste de datation indéterminée. Aussi, l’anse située sur la rive droite du Léguer, en contrebas du Yaudet, est barrée par un aménagement fait de pierres en forme d’arc de cercle long d’environ 130 m et épais de 3 m, appelée « mur ar c’hored » en breton (Langouët 2006 : 23). Cette structure est interprétée comme un mur de pêcherie, dont la construction remonterait avant le XIIe siècle d’après les sources écrites (Clément, 2011 : 51).
-
Période(s)
- Secondaire : Antiquité
- Secondaire : Temps modernes
- Principale : Protohistoire
Le Yaudet, en Ploulec’h, se situe à l’embouchure du Léguer. La côte y est principalement rocheuse (plutonique) avec la présence de granite. La longueur de pente permet de distinguer quelques vallées surmontées de cours d’eau. La façade littorale, plutôt praticable, présente une anse en retrait du Léguer, facile d’accès. Il s’agit de l'anse de la Vierge, située en contrebas du promontoire, côté ouest, qui est caractérisée par des apports de type alluvions fluviatiles et des dépôts de versants. L’altitude du promontoire oscille entre 45 et 55 m NGF, tandis que la baie de la Vierge approche les 0 m NGF. La sensibilité morpho-sédimentaire (résultat d’une confrontation entre la nature morpho-sédimentaire et les mouvements hydrodynamiques) reste ici relativement faible, du fait d'un débit d’eau plutôt bas et de la présence d'un limon très fin.
La modélisation des conditions favorables à l’implantation portuaire, d’après une série de critères naturels (géographiques, topographiques et météorologiques), permet de reconnaître l'anse de la Vierge comme un secteur particulièrement propice à Ploulec’h. Elle est particulièrement bien abritée des courants et du vent, facilement accessible par bateau et débouche sur une petite vallée permettant d’accéder au promontoire du Yaudet.
-
État de conservationvestiges
-
Sites de protectionloi littoral, zone de protection, site classé
-
Précisions sur la protection
Zone de présomption de prescription archéologique
Bibliographie
-
Langouët L., 2002, « Principaux sites portuaires de l’Armorique gallo-romaine », Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 30, p. 87-112.
-
Tranchant M., 2017, Les ports maritimes de la France atlantique. Volume I : tableau géohistorique, Presses Universitaires de Rennes, p. 73-110.
-
Langouët L., 2006, « Le portus saliocanus était-il au pied du Yaudet à Ploulec’h (Côtes-d’Armor) ? », Les Dossiers du C.e.R.A.A., 34, p. 21-27.
-
Langouët L., 2000, « Les sites côtiers et les îles de la Bretagne armoricaine d’après les textes anciens », Les Dossiers du C.e.R.A.A., 28, p. 29-42.
-
Cunliffe B., Galliou P., Le Yaudet en Ploulec’h, Côtes-d’Armor. Archéologie d’une agglomération (IIe siècle av. J.-C. – XXe siècle apr. J.-C.), Presses Universitaires de Rennes Archéologie et Culture, p. 20-217.
-
Clément J.-H. 2011, Les pêcheries à l'embouchure du Léguer (Côtes-d'Armor) d'après les textes, Bulletin de l'A.M.A.R.E.I., 24, p. 45-53
Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566
Stagiaire en Géographie, Nantes Université
Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566