Dossier thématique IA22133706 | Réalisé par
Ferrandis Camille (Contributeur)
Ferrandis Camille

Stagiaire Master Histoire de l'Art de Rennes 2

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des lieux et objets de pardon et de pèlerinage en Bretagne
Lieux et objets du pardon de Notre-Dame de Délivrance (Quintin)

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Précisions
  • Aires d'études
    Bretagne

Une relique de la ceinture de la Vierge à l'origine de la collégiale

Le culte autour de la relique de la ceinture de la Vierge est attesté dès le 13ème siècle. Selon la tradition, elle est remise au seigneur de Quintin Geoffroy Botherel (1207-1274) par le patriarche de Jérusalem, Robert de Saintonge (1254), lors de la septième croisade. Elle est ensuite rapportée à Quintin en 1252 puis précieusement conservée dans la chapelle castrale.

La chapelle est rebâtie au 14e et surtout au 15e siècle par le dernier seigneur de la famille Botherel et par ses neveux et héritiers, les du Périer-Quintin. C'est cette chapelle qui subsiste jusqu'au 19e siècle, à l'emplacement de l'immense édifice que nous connaissons aujourd'hui, édifié à partir de 1883.

Devenue collégiale dès 1405, elle est gérée au début du 16e siècle par un collège de 11 chanoines, dont l'un est spécifiquement dédié à la garde de la relique.

Le soir du 8 janvier 1600, un incendie se déclare pourtant dans la trésorerie de la collégiale, entraînant la disparition des objets du trésor. La légende veut que la ceinture ait été retrouvée le 18 janvier parmi les décombres, seulement "légèrement roussie à une de ses extrémités" (Guépin, 1872). Le lendemain, une procession est organisée pour célébrer ce miracle.

Le culte de Notre-Dame de Délivrance

Les historiens de Notre-Dame de Délivrance insistent sur les vertus prophylactiques prêtées à cette relique, réputée protéger les femmes enceintes des dangers de la maternité. Ils racontent qu'elle était parfois portée à domicile lors des accouchements difficiles. Certaines familles n'auraient pas hésité à garder un fragment de la relique, en réduisant ainsi au fur et à mesure les dimensions. Afin de préserver la ceinture, le roi Louis XIII ordonne en 1641 qu'elle soit conservée à l'intérieur d'un coffre dans la sacristie. En compensation, il devient ensuite coutume d'offrir aux futures mères des rubans ayant été en contact avec la relique. Cette pratique a toujours cours au moment de l'enquête de terrain (2023).

Outre la protection des femmes enceintes, Notre-Dame de Délivrance est aussi vénérée par les fileuses en lien avec l'activité toilière de la ville et des environs. Les jeunes filles en âge d'apprendre à filer venaient offrir leur première quenouille à la statue de la Vierge conservée dans le porche, appelée pour cette raison "Notre-Dame à la Quenouille" avant que le seul vocable "Notre-Dame de Délivrance" ne s'impose, vraisemblablement à l'époque contemporaine. Aujourd'hui, une quenouille appuyée contre le mur du porche d'entrée, où est toujours conservée la statue, rappelle cette ancienne appellation.

Du pèlerinage au long court au grand pardon

L'existence d'un pèlerinage au long court (un pèlerinage qu'il est possible d'entreprendre à tout moment de l'année) est attestée dès le 13ème siècle et l'arrivée de la relique à Quintin. Il est entrepris par plusieurs personnalités importantes comme saint Yves (1253-1303), saint Vincent Ferrier (1350-1419) ou encore Françoise d'Amboise (1427-1485).

D'après le premier historien de la collégiale, Dom Alphonse Guépin, sous l'Ancien Régime, la sainte relique est portée chaque année durant la procession du Vœu de Louis XIII, qui a lieu le jour de l’Assomption. Trouve-t-on ici l'origine du grand pardon de Notre-Dame de Délivrance?

Après la Révolution, le culte de Notre-Dame de Délivrance semble avoir perdu de son importance. Il faut attendre un vœu, émis en 1871 dans le contexte de la guerre franco-allemande, par les habitants à l'adresse de la Vierge de Quintin pour que soit relancée la dévotion. Depuis cette date, un pardon se déroule tous les deuxièmes dimanches de mai, mois de Marie.

En 1873, la procession du pardon part de la collégiale, traverse l'extérieur des anciennes fortifications de la ville en passant par la rue du Lin, la place du Martray et la rue des Douves, et remonte jusqu'à l'église en empruntant la rue de la Berliche et le Vau-de-Gouët. La statue assise de Notre-Dame de Délivrance, vêtue d'un costume en satin et d'un manteau en velours, ainsi que le reliquaire de la ceinture de la Vierge offert suite au vœu de 1871 font partie du cortège. A une date inconnue, la statue assise est soustraite de la procession du pardon. Apparaît bientôt dans le cortège une grande Vierge debout en argent, offerte à l'occasion du jubilé de 1875.

Le 29 juillet 1934, la statue assise de Notre-Dame de Délivrance est couronnée solennellement par Monseigneur Serrand, évêque du diocèse de Saint-Brieuc et de Tréguier.

Aujourd'hui, le pardon a toujours lieu le deuxième week-end de mai. On continue de processionner la précieuse relique dans son reliquaire, précédée d'une bannière à l'effigie de Notre-Dame de Délivrance et suivie de la statue en argent de la Vierge debout.

Bibliographie

  • Fête de Notre-Dame de Délivrance à Quintin, Saint-Brieuc, Imprimerie Guyon Francisque, 1873, 26 p.

    Archives diocésaines de Saint-Brieuc : 1AP-126
  • Potier, F., Petit guide du pèlerin Notre-Dame de Délivrance, Quintin, Châteaulin, Editions d'art Jos le Doaré, 1956, 16 p.

    Archives diocésaines de Saint-Brieuc : 1AP-126
  • Guépin, Alphonse, Notre-Dame-de-Délivrance et la ceinture de la Vierge à la collégiale de Quintin, Poitiers, Henri Oudin éditeur, Paris, V. Palmé éditeur, 1872, 87 p.

    Bibliothèque des Champs Libres (Rennes) : 73105 FB
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2025