Dossier d’œuvre architecture IA22133752 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume (Contributeur)
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Bunker-abri de type 501 pour un groupe de combat, carrefour des allées Roland Brouard et du Sphinx (Fréhel)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Collection particulière

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Pléneuf-Val-André
  • Commune Fréhel
  • Adresse carrefour des allées Roland Brouard et du Sphinx
  • Cadastre Domaine public non cadastré
  • Dénominations
    blockhaus, casemate, abri

Ce bunker a été découvert fortuitement en janvier 2025 lors de travaux d’assainissement.

Complétement enterré dans le sol, il a été identifié comme un bunker-abri de type 501 servant à abriter des bombardements un groupe de combat soit 10 soldats. Construit par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale, il appartient à l’ensemble fortifié "La 350" de Port Barrier à Fréhel. Sa construction sur plan-type a nécessité 375 m3 de béton, 16 t de fer rond et 5 t de fer profilé pour un terrassement de 650 m3.

Le bunker est situé sous la voirie, il n’est pas cadastré comme élément bâti, ni protégé par les documents d’urbanisme. En raison de l’absence de référentiel planimétrique, il est géoréférencé approximativement à partir des vues aériennes.

En raison de l’impossibilité d’y accéder en toute sécurité, il n’a pas pu être documenté dans son intégralité. Une caméra introduite dans le conduit du périscope a cependant permis d’attester de son bon état de conservation (le bunker a partiellement été pillé après-guerre, mais les portes blindées et d’autres équipements subsistent).

Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été créé en mars 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne.

La plage de Sables-d'Or-les-Pins : un lieu de débarquement idéal pour les alliés

Ce bunker a été construit par l’Allemagne nazie dans le cadre du Mur de l’Atlantique, sous maîtrise d’ouvrage de l’Organisation Todt avec le concours d’entreprises, probablement dans le premier semestre 1943 (dans le deuxième semestre 1943, le plan type 501 est théoriquement remplacé par le type 621 créé en novembre 1942).

Il est vraisemblablement rattaché à l’ensemble fortifié de Port Barrier à Fréhel, numéroté "La 350" ("La" est l’abréviation de Lamballe), dont l’objectif est la défense de la plage de Sables-d'Or-les-Pins en cas de débarquement allié. L’arrière de la plage de Sables-d'Or-les-Pins était protégé par des champs de mines.

A l’ouest, sur la Pointe du Champ du Port à Erquy, se trouve un autre ensemble fortifié (numéroté "La 351") concourant à la défense de la plage de Sables-d'Or-les-Pins.

De type 501, ce bunker-abri pour un groupe de combat (Gruppenunterstand) abritait un "équipage" de 10 soldats. Cette construction permanente en béton armé (Ständiger Ausbau in Stahlbeton) peut résister à un bombardement et à une attaque aux gaz. Bunker-habitation (Wohn-Bunker), il dispose d’une salle de garde (Bereitschaftsraum) avec un conduit pour périscope.

La garnison en charge de la défense de Sables-d'Or-les-Pins occupait sans doute les demeures situées à proximité (Maison dite la Mesnie et/ou Maison dite les Tamaris).

L’ensevelissement du bunker et l’oubli

Aucun plan ne semble situer l’emplacement de ce bunker (un plan de minage allemand daté du 18 septembre 1943 figure cependant les bunkers situés un peu plus à l’est).

A Fréhel, les champs de mines et les bunkers sont déminés et sécurisés entre août 1944 et 1947.

A une date inconnue, le bunker est remblayé : une route passe sur la dalle de couverture du bunker (elle semble avoir été élargie entre 1952 et 1961).

La redécouverte du bunker en 2025

En janvier 2025, le bunker est découvert fortuitement par l’entreprise de travaux publics Even lors de travaux du réseau d’assainissement réalisés pour Dinan Agglomération. Pour faire passer un tuyau, la dalle de couverture en béton armé a été attaquée sur plusieurs mètres de longueur avant la mise au jour du puits de la sortie de secours bouché par deux dalles en béton armé de faible épaisseur.

En raison du risque pyrotechnique, la découverte est déclarée à la préfecture des Côtes-d’Armor : la gestion de crise est confiée au Service Interministériel de Défense et de Protection Civile (SIDPC). La Région Bretagne via son service de l’Inventaire du patrimoine culturel a procédé à l’identification du bunker.

Compte-tenu des difficultés d’accès (accès principal remblayé et sortie de secours bouchée avec risque pyrotechnique), le bunker n’a pas pu être visité. Seule une caméra a pu être introduite dans le conduit du périscope et a permis de documenter l’intérieur de l’édifice. Les photographies montrent que le ventilateur, sa tuyauterie et le poêle de forteresse ont été démontés et récupérés, sans doute dans l’immédiate après-guerre.

Sur conseil du service régional de l'archéologie (SRA) de la Direction Générale des Affaires Culturelles de Bretagne et afin de préserver le bunker, la mairie de Fréhel a souhaité faire dévier le réseau d’assainissement et ré-ensevelir le bunker.

Le bunker est complétement enterré dans le sol de nature sablonneuse sous 50 cm de remblai environ et une couche de revêtement en macadam d’environ 20 cm d’épaisseur. En l’état (février 2025), seul le puits de la sortie de secours est accessible, mais il manque 1,20 m de profondeur pour accéder à l’intérieur du bunker. Le puits est en maçonnerie de brique montée au ciment : il est doté de plusieurs échelons métalliques constitués de fer à béton.

Construit en béton armé, ce bunker-abri de type 501, conçu pour abriter 10 soldats, abrite une salle de garde de 20 m2 soit une surface de 2 m2 par soldat. Son sas est desservi par une unique entrée/sortie défendue depuis la salle de garde par un créneau blindé.

Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur (norme de protection, Baustärke B), ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes".

En cas d’attaque aux gaz, le bunker était doté d’un système de ventilation manuel pouvant mettre en surpression l’atmosphère. Il était doté d’électricité pour l’éclairage (lampes et veilleuses avec interrupteurs) et de prises pour les équipements électriques, de lignes téléphoniques et d’un boîtier de connexion pour le téléphone. Dans le sas, des puits pour antenne permettaient également l'usage d'appareil radio. Pour observer l’extérieur, un puit pour périscope traverse le plafond de la salle de garde. Ici, le bunker semble également doté d’eau courante.

Ce bunker conserve ses murs peints de couleur blanche (sans doute à la chaux), son créneau blindé, les portes blindées légères de la salle de garde et de la sortie de secours, son boîtier de connexion téléphonique ainsi que des éléments de câblage électrique... Fixations murales et crochets des couchettes ne sont pas/plus visibles.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol
  • Énergies
    • énergie électrique produite à distance
  • État de conservation
    état moyen
  • Techniques
    • peinture
  • Précision représentations

    Murs peints en blanc à la chaux.

  • Mesures
    • l : 9,9 m
    • la : 9 m
    • h : 5,1 m
  • Précision dimensions

    Selon le catalogue des plans-types, la réalisation d'un bunker-abri de type 501 (Gruppenunterstand für 10 mann) nécessite 375 m3 de béton, 16 t de fer rond et 5 t de fer profilé pour une fouille de 650 m3.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    blockhaus

Bibliographie

  • ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.

  • FLEURIDAS, Patrick. Du Westwall à l'Atlantikwall. Constructions normalisées des séries 100 et 500 sur le Mur de l'Atlantique. Regelbauten 100 und 500 am der Atlantikwall. Guérande : presses de la Nouvelle Imprimerie, 2017, 236 p.

Documents multimédia

  • Regelbau.dk

    https://www.regelbau.dk/regelbau.asp

Date(s) d'enquête : 2025; Date(s) de rédaction : 2025
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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