La plage de Sables-d'Or-les-Pins : un lieu de débarquement idéal pour les alliés
Ce bunker a été construit par l’Allemagne nazie dans le cadre du Mur de l’Atlantique, sous maîtrise d’ouvrage de l’Organisation Todt avec le concours d’entreprises, probablement dans le premier semestre 1943 (dans le deuxième semestre 1943, le plan type 501 est théoriquement remplacé par le type 621 créé en novembre 1942).
Il est vraisemblablement rattaché à l’ensemble fortifié de Port Barrier à Fréhel, numéroté "La 350" ("La" est l’abréviation de Lamballe), dont l’objectif est la défense de la plage de Sables-d'Or-les-Pins en cas de débarquement allié. L’arrière de la plage de Sables-d'Or-les-Pins était protégé par des champs de mines.
A l’ouest, sur la Pointe du Champ du Port à Erquy, se trouve un autre ensemble fortifié (numéroté "La 351") concourant à la défense de la plage de Sables-d'Or-les-Pins.
De type 501, ce bunker-abri pour un groupe de combat (Gruppenunterstand) abritait un "équipage" de 10 soldats. Cette construction permanente en béton armé (Ständiger Ausbau in Stahlbeton) peut résister à un bombardement et à une attaque aux gaz. Bunker-habitation (Wohn-Bunker), il dispose d’une salle de garde (Bereitschaftsraum) avec un conduit pour périscope.
La garnison en charge de la défense de Sables-d'Or-les-Pins occupait sans doute les demeures situées à proximité (Maison dite la Mesnie et/ou Maison dite les Tamaris).
L’ensevelissement du bunker et l’oubli
Aucun plan ne semble situer l’emplacement de ce bunker (un plan de minage allemand daté du 18 septembre 1943 figure cependant les bunkers situés un peu plus à l’est).
A Fréhel, les champs de mines et les bunkers sont déminés et sécurisés entre août 1944 et 1947.
A une date inconnue, le bunker est remblayé : une route passe sur la dalle de couverture du bunker (elle semble avoir été élargie entre 1952 et 1961).
La redécouverte du bunker en 2025
En janvier 2025, le bunker est découvert fortuitement par l’entreprise de travaux publics Even lors de travaux du réseau d’assainissement réalisés pour Dinan Agglomération. Pour faire passer un tuyau, la dalle de couverture en béton armé a été attaquée sur plusieurs mètres de longueur avant la mise au jour du puits de la sortie de secours bouché par deux dalles en béton armé de faible épaisseur.
En raison du risque pyrotechnique, la découverte est déclarée à la préfecture des Côtes-d’Armor : la gestion de crise est confiée au Service Interministériel de Défense et de Protection Civile (SIDPC). La Région Bretagne via son service de l’Inventaire du patrimoine culturel a procédé à l’identification du bunker.
Compte-tenu des difficultés d’accès (accès principal remblayé et sortie de secours bouchée avec risque pyrotechnique), le bunker n’a pas pu être visité. Seule une caméra a pu être introduite dans le conduit du périscope et a permis de documenter l’intérieur de l’édifice. Les photographies montrent que le ventilateur, sa tuyauterie et le poêle de forteresse ont été démontés et récupérés, sans doute dans l’immédiate après-guerre.
Sur conseil du service régional de l'archéologie (SRA) de la Direction Générale des Affaires Culturelles de Bretagne et afin de préserver le bunker, la mairie de Fréhel a souhaité faire dévier le réseau d’assainissement et ré-ensevelir le bunker.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.