1. Description de l'infrastructure

Dès janvier 1941, les industries Todt, avec le soutien de la Wehrmacht, entament, sous les ordres du Troisième Reich, la construction de bases de sous-marins.

Stations radars, émetteurs et aérodromes participent à la défense antiaérienne des chantiers tandis que sur le littoral du Cap Nord aux Pyrénées s'élève le Mur de l'Atlantique.

Le " Mur " vanté par la propagande nazie comptait plusieurs dizaines de milliers de points plus ou moins bien armés, et des forteresses : " Festungen " répartis sur les côtes européennes (France, Belgique, Pays Bas, Allemagne, Danemark et Norvège).

Précurseurs de cette infrastructure militaire, les grandes lignes de défense vont, du mur d'Hadrien, à la muraille de Chine, aux lignes de défense contemporaines (Maginot, Siegfried...) d'un seul trait, délimitent et décrivent l'organisation du pouvoir sur le territoire. Au fil des siècles ces fortifications linéaires ne cessent d'évoluer vers des figures complexes (du point de vue matériel, architectural et topographique) afin de répondre à un art de la guerre en constante évolution.

2. Spécification des valeurs

Patrimoine "imposé" par un occupant, le Mur de l'Atlantique sommeille encore, il mérite pourtant d'être étudié au sein de l'histoire de l'architecture. Il faut donc découvrir ce patrimoine militaire d'un point de vue historique mais aussi s'interroger sur la dimension et la valeur patrimoniale de cette architecture.

L'infrastructure représente dans son genre une présence unique dont les valeurs sont multiples.

Celles-ci résident principalement :

- dans la qualité architecturale d'un système bâti de vaste envergure ;

- dans leurs relations esthétiques à une certaine modernité architecturale ;

- et aussi dans le rapport qu'elles ont institué avec le contexte naturel et urbain dans lequel elles ont été insérées, devenant ainsi un paramètre de l'interprétation du paysage.

Mais surtout, le Mur de l'Atlantique constitue un des plus grands exemples de patrimoine culturel européen géographiquement partagé dans lequel est conservée une partie de la mémoire collective de la Seconde Guerre mondiale.

3. Motifs d'intervention

L'état actuel d'abandon que connaît la majeure partie du " Mur de l'Atlantique ", met en danger son existence et les valeurs qu'il représente.

Difficile de croire aujourd'hui que des hommes ont vécu dans ces monolithes de béton où la nature a depuis longtemps repris ses droits. Ensablés, murés, basculés, explosés, ces blockhaus quelquefois oubliés de tous cachent encore quelques trésors : poêles, portes blindées ou encore peintures murales...

Même si ces ouvrages désarmés rappellent un passé douloureux : occupation, travail obligatoire et réquisitions, ils font partie de notre patrimoine européen.

Pour une Europe qui veut forger son propre futur, la préservation de cette mémoire et de cette histoire est un impératif auquel il est impossible de renoncer. Cependant il est nécessaire d'informer et sensibiliser l'opinion publique sur les valeurs de cette extraordinaire infrastructure transnationale.

Il s'agit de mettre en évidence la valeur architecturale, esthétique et paysagère du Mur de l'Atlantique comme patrimoine culturel transnational dans lequel est conservée la mémoire collective européenne.

Cette mise en valeur prend la forme d'une ample action de muséification apte à stimuler des politiques de protection qui pourraient à terme déboucher sur la création de l'Atlantic Wall Linear Museum.

Bien sûr, ce patrimoine fortifié contemporain pose des problèmes en terme d'entretien et de ressources financières, notamment à cause des problèmes d'acquisition des terrains, mais il apparaît dès aujourd'hui que certains ouvrages défensifs présentent un énorme potentiel pour une valorisation touristique.

Un musée à l'échelle européenne : l'Atlantic Wall Linear Museum permettrait la découverte du Mur de l'Atlantique et la diffusion d'informations indispensables au processus de patrimonialisation. Ce processus est nécessaire à la promotion de la sauvegarde et la réappropriation de l'infrastructure.

1. Réalisation de la publication "Atlas du Mur de l'Atlantique"

La publication rassemble les documentations cartographiques existantes à différentes échelles. Elle se veut le premier acte concret de reconnaissance de la valeur architectonique, esthétique et paysagère de l'infrastructure, indispensable à la fondation du musée linéaire.

En plus de la cartographie historique, cet Atlas illustré sera constitué d'un album photographique proposant une lecture critique des rapports infrastructure \ contexte (poser les bases d'un observatoire photographique).

Ces séquences d'images, "le Mur au travers des paysages d'Europe", fruits d'une campagne photographique, témoignent à la fois de la valeur esthétique des ouvrages et des paysages qui les accueillent.

2. Réalisation de l'exposition itinérante "Les traces du Mur de l'Atlantique : héritage culturel, mémoire collective et racines communes pour l'Europe du futur".

L'exposition présente, dans une forme synthétique et évocatrice, une série de productions graphiques et photographiques offrant des lectures critiques multiples.

L'élaboration de la cartographie repose sur divers paramètres d'interprétation (typologies d'implantation, chronologies, aspects socio-politiques...), proposant à un large public une lecture "sous les cartes".

Le paysage y est vu comme lieu de sédimentation de l'histoire : lieu où s'entremêlent mémoire individuelle et collective, nationale et européenne.

Plusieurs ensembles fortifiés choisis dans chaque pays traversé par le Mur de l'Atlantique seront présentés comme "cas d'école" (sélection selon notre chrono-typologie des ouvrages). Une étude exhaustive de chaque cas permettra de comprendre, à l'échelle architectonique (reconstruction en 3 dimensions, planimétrie, coupes...) le fonctionnement d'un simple ouvrage comme d'une unité défensive complexe.

L'exposition a comme objectif principal d'empêcher les destructions de l'infrastructure tant au niveau de la matière que de la mémoire. La préservation matérielle contribue à la sauvegarde d'une mémoire partagée qui nous mène des faits de la guerre et de la résistance à la construction de la paix européenne.

3. Organisation de la conférence internationale "Les traces du Mur de l'Atlantique : héritage culturel, mémoire collective et racines communes pour l'Europe du futur".

L'objectif de la conférence est de favoriser une discussion critique sur le travail réalisé et les objectifs atteints : c'est le lieu où convergent et se confrontent les différentes lectures proposées du "Mur de l'Atlantique".

Les approches analytiques et les thématiques sont présentées sous forme de contributions orales ou écrites. Les représentants des partenaires et des participants, mais aussi des intervenants extérieurs, offrent leurs contributions à la création d'une large reconnaissance de la valeur architectonique, esthétique et paysagère du Mur de l'Atlantique comme patrimoine culturel transnational.

La promotion d'une action de muséification diffuse dont le tracé correspond au Musée linéaire du Mur de l'Atlantique constitue, dans le cadre d'une confédération européenne en pleine création, un des objectifs primaires de cette conférence. Ces démarches sont liées à la mise en valeur d'une identité socio-politique et culturelle qui passe par la reconnaissance de la mémoire collective.

4. Réalisation d'un portail web "l'Atlantic Wall Linear Museum"

Les fonctions traditionnelles du musée, recueillir, préserver, transmettre, informer... trouvent aujourd'hui, grâce aux nouvelles technologies de communication, une meilleure diffusion.

Le Musée linéaire du Mur de l'Atlantique se traduit :

- matériellement par la préservation de l'ensemble des ouvrages existants de nos jours ;

- et virtuellement par la création d'un véritable "Web-Museum".

Instrument didactique et de vulgarisation, le "Web-Museum" représente aussi une archive partagée à l'échelle continentale dans laquelle est conservé et exposé ce vaste patrimoine qui légitimise l'existence d'une Europe, non seulement géographique, mais aussi socio-culturelle. Au-delà du rassemblement du matériel graphique, photographique et textuel produits pendant la recherche, le portail est l'instrument à travers lequel sont organisées les différentes informations disponibles sur le web. Ces informations seront classées selon plusieurs thématiques et accessibles à travers de nouveaux liens amplifiant l'intérêt et la portée de la recherche.

The Department of Architecture - Politecnico of Milan together with GRAI - Ecole d'Architecture de Versailles and the Raymond Lemaire International Centre for Conservation in Leuven has undertaken a research within the EU programme "culture 2004" concerning the Atlantic Wall, one of the last major defence lines of this century, built by the German occupation forces between 1939 -1945 along the coast of France, Belgium, Netherlands, Germany, Denmark and Norway.

The project wishes to underline the Atlantic Wall's architectural, aesthetic and cultural landscape values and its trans-national dimension as cultural heritage, preserving a shared collective memory on European soil. An heritage to be safeguarded and protected through the creation of The Atlantic Wall Linear Museum, contextualizing the fortified landscape into a series of 'museum spaces' spanning the Wall, which would provide the inherent infra-structural information needed to instil in individuals and communities a process for re-appropriating landscape and collective memory.

Project leader

Gennaro Postiglione/DPA-Politecnico di Milano

Co-organizer Responsibles

Andrea Bruno/ Katholieke Univesiteit de Leuven - Belgium

Claude Prelorenzo/GRAI "Ecole d'Architecture de Versailles" - France

Project Committee

Fabiano Continenza/ Architect

Guillaume Lécuillier/ Associate researcher at "Inventaire de Bretagne - fortifications littorales"

Giulio Padovani / Architect

Andrea Santangelo/ Architect - researcher

Scholar Consultants

Paul Virilio /expert in the field - France

Rudi Rolf /expert in the field -Netherland

as Participants Members : NETHERLAND : Rudi Rolf, expert in the field ; GERMANY : DAWA / Harry Lippmann ; DENMARK : Hanstholm museum centre / Jens Andersen ; NORWAY : Forsvarsbygg Tjeneste / Janne Wilberg ; expert in the field : Jan Egil Fiørtoft ; CHANNEL ISLAND : Alderney Society / Trevor Davenport as expert in the field and Paul Bourgaize for Guernsey.