Dossier d’œuvre architecture IA29133695 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Les ports de Bretagne
  • opération ponctuelle, Inventaire des patrimoines portuaires de la commune de Landéda
Le port de l'Aber Wrac'h (Landéda)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inovadys

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Plabennec
  • Commune Landéda

Le port de l’Aber Wrac’h fait partie de l’un des deux ports, avec le port du Vilh, qui se trouve sur la commune de Landéda. Avant de devenir le port que nous connaissons actuellement, le port de l’Aber Wrac’h a connu une grande évolution.

La légende voudrait que le nom « Aber Wrac’h » signifie Aber de la fée ou rivière de la sorcière. Il semblerait cependant que ce soit l’Aber du Pays d’Ac’h, une subdivision de l’évêché du Léon.

L’évolution du port

De par sa localisation avantageuse, abrité et accessible à de nombreux navires, le port de l’Aber Wrac’h a fait partie, dès la préhistoire, des ports ayant un rôle important dans l’histoire. En effet, à marée haute, le port de l’Aber Wrac’h, à la différence du port de l’Aber Benoît, offrait un plan d’eau suffisamment vaste pour que les bateaux puissent y accéder. À cette époque, le port naturel servait, semble-t-il, d’une zone de chargement de matériaux, comme l’étain et le cuivre, pour des bateaux venus de la Méditerranée.

Au tout début, le port de l’Aber Wrac’h était connu pour être un petit port de cabotage. Les habitations qui l’entouraient n’étaient pas non plus très nombreuses. Le port de l’Aber Wrac’h ne comportait au 19ème siècle que huit maisons, dont six à la Palue. La commune de Landéda n’était pas considérée comme un bassin de recrutement. C’est à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, avec la mise en place de nouvelles infrastructures tel que le canot de la SNSM, que le port est devenu encore plus important et que les constructions autour de ce dernier se sont accumulées. Ainsi, à la fin du 19ème le front portuaire se développe avec la construction de plusieurs bâtiments et maisons. À l’origine construites avec un étage, ces maisons sont réhaussées par la suite au début du 20ème siècle.

Le port conserva cette situation de port de chargement et de cargaisons au 16ème siècle, et étendit ses importations à d’autres produits comme le vin ou la laine. Les corsaires, anglais ou espagnols, se mirent également à vendre leur pêche sur le port.

Au 17ème siècle, Vauban implanta ses fortifications sur l’île Cézon en amont du port de l’Aber Wrac’h. C’est principalement cette île qui servit à la défense de la Capitainerie de l’Aber Wrac’h.

En 1855, du fait de l’importance que prenait ce port, un ponton d’accostage de 80 mètres et une cinquantaine de place d’amarrage ont été construites. Avant cette cale, les bateaux devaient s’échouer ce qui rendait difficile le débarquement des diverses marchandises. S’en suivie, fin du 19ème siècle, des travaux de comblement d’une partie du bassin situé à l’Est de la cale. Un autre remblai sera fait quelques années plus tard, permettant de gagner du terrain sur l’estuaire.

L’année 1867 marqua le début de la construction de la première station de sauvetage et de sa cale. Elle sera remplacée en 1952 par un nouvel abri et une nouvelle cale. Ces stations de sauvetage contribueront, avec le sémaphore, à la sécurisation des eaux côtières et donc des marins qui y travaillent.

En 1884, la ligue des chemins de fer développe encore plus le port, et participe ainsi à son développement balnéaire.

Lors de la première guerre mondiale, le port était encore un avantage militaire pour la France. En effet, il servait de lieu de ravitaillement des postes de Cézon et de l’île d’Ehre. En 1944, la cale fut détruite par les Allemands. Deux ans plus tard, en juillet 1946, le Conseil municipal émit le souhait de la remettre en état, ce qui fut chose faite.

C’est en 1972 que le port de l’Aber Wrac’h se tourne vers des activités de plaisance. Ainsi, deux écoles de voile viennent s’installer sur le port, donnant à ce dernier une dimension touristique et sportive.

Les plus grands changements, en termes de paysage et d’infrastructures, ont été faits dans les années 2000. Après consultation des différents usagers et confirmation du projet auprès des différentes commissions, le préfet signe l’autorisation des travaux du port, le 23 juillet 2005. Les travaux débutent quelques mois plus tard par le terrassement de près de 120 000 mètres cube de terre. Les travaux s’achèvent deux ans plus tard, nous donnant le port que nous connaissons actuellement.

Les constructions associées au port :

L’aménagement du port de l’Aber Wrac’h a amené avec lui diverses infrastructures liées aux activités du port. Ainsi, un sémaphore a été construit dans les années 1800. On retrouve également d’autres constructions aujourd’hui à l’état de vestiges ou disparue, comme l’usine de soude à Saint-Antoine, ou l’ancienne gare et voie de chemin de fer.

Un train, aussi appelé le ‘’train de patates’’, reliait autrefois le port de l’Aber Wrac’h à Brest. Pour cette commune, qui souffrait encore de son isolement, la création d’une ligne de chemin de fer qui rejoignait Landéda à Brest était une aubaine. À cette époque, pour rejoindre Brest, les habitants de Landéda ne pouvaient qu’utiliser des charrettes, et le trajet durait 3 heures.

En 1894, une ligne de chemin de fer reliait déjà Brest à Lannilis. La voie est finalement prolongée en 1900, dotant une gare sur le port de l’Aber Wrac’h. Ce nouveau chemin de fer, dont le terminus fait face à la cale, a permis à l’économie locale de se transformer. Grâce à ce train, le transport de marchandises ne se faisait plus en charrette et permettait de gagner du temps.

Le train permettait ainsi de transporter le goémon qui étaient entassés sur le quai. Le mareyeur, M. Oulhon, les usines de traitement des algues, les pêcheurs locaux, les commerçants et paysans (de petits choux notamment), utilisèrent également ce nouveau moyen de transport. Au début du 20ème siècle, les marchandises étaient principalement constituées de 5 600 tonnes d’engrais et d’amendements, 3 300 tonnes de matériaux de construction, 2 200 tonnes de vins, de farines et de céréales.

Jusqu’en 1931, date de fin du transport de voyageurs, de nombreuses personnes profitaient également de ce nouveau moyen de locomotion. Ainsi, le dimanche, lors de la saison estivale, c’est plus de 600 usagers qui se voyaient être transportés par les six trains qui faisaient le trajet aller-retour, Brest-l’Aber Wrac’h.

Le train ne transportait pas uniquement de la marchandise et des passagers, mais également du courrier. En effet, le 2 décembre 1900, le Conseil demande ‘’qu’une boîte aux lettres soit accrochée à l’un des wagons du train qui n’a pas de facteur-convoyeur’’. Cette mesure a ainsi permis d’expédier ’’ les lettres et correspondances […] sans aucun retard’’.

La ligne cessera d’être en service en 1939, quand la concurrence des transports routiers prendra son essor. Elle reprendra du service deux ans plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, pour permettre de transporter le personnel souhaitant se rendre à l’arsenal de Brest.

Elle s’arrêtera définitivement de fonctionner en 1946. Pour s’en souvenir, il reste des témoignages, des cartes, des photos et le tracé rectiligne de la vélo-route entre l’aber Wrac’h et Lannilis, qui reprend l’ancien passage du train. Le bâtiment de la gare est finalement démoli en 1980.

D’autres bâtiments ont également vu le jour sur le secteur du port :

-        L’Hôtel Belle-Vue, qui prendra ensuite le nom de son constructeur pour devenir l’Hôtel Oulhen, a été signalé dans le guide Hachette ‘’Bains de mer en Bretagne’’ en 1911. Sa date de construction est inconnue, on sait cependant qu’il a été construit avant l’immeuble de la poste et qu’il appartenait à Jean François Oulhen. L’établissement ferma finalement ses portes en 1984.

-        L’immeuble de la poste, qui se situe juste à côté de l’Hôtel Belle-Vue, construit par F. Chapel, entrepreneur en maçonnerie pour le compte de Jean François Oulhen. En 1825, une loi recommandait à chaque commune du royaume de se munir d’un service de poste. Ce n’est qu’en 1910, soit 85 ans plus tard, que la commune de Landéda s’en procura un.

-        L’Hôtel de la Baie des Anges. Lorsque les moines cordeliers arrivèrent sur le continent, il y a cinq siècles, ils s’installèrent sur l’anse et y construisirent leur couvent ainsi qu’un lieu d’accueil et de restauration pour les voyageurs. Auparavant dans l’enceinte de l’abbaye des anges, l’hôtel fut contraint de se déplacer en 1935, pour s’établir un peu plus au nord, à l’emplacement qu’il occupe aujourd’hui.

-        Le phare de la Palue et le phare de Saint-Antoine. Le port de l’Aber Wrac’h comptabilise deux phares. Ces derniers, complémentaires, avaient pour but d’éclairer l’entrée du port la nuit. Ils ont maintenant étés remplacés par un feu directionnel installé devant l’actuel abri du canot de sauvetage. De nos jours, ils servent néanmoins de point de repère en donnant l’alignement de l’entrée du port.

-        L’abri du canot. Il a été construit en 1867 par la Société Centrale des Naufragés. À ses débuts, la station de sauvetage de l’Aber Wrac’h se constituait seulement d’un abri pour le canot de sauvetage. Le premier abri du canot a aujourd’hui été transformé en restaurant.

-        Le projet oublié de la marémotrice. En 1921, un avant-projet d’une usine marémotrice, visant à utiliser la force des marées, avait été présenté par la ‘’Société Financière pour l’Industrie’’. Le projet visait à construire un barrage entre ‘’Beg-an-dour’’ et la rive droite du vallon de Traon. Il ne sera finalement pas réalisé.

  • Période(s)
    • Principale : 19e siècle, 20e siècle

Le port de l’Aber Wrac’h se situe dans l’aber du même nom. Il est aujourd’hui le seul port de plaisance en eaux profondes entre le port de Brest et le port de Roscoff, ce qui fait de lui un lieu prisé pour les escales. Son aménagement lui permet d’accueillir des bateaux allant jusqu’à 12 mètres, quelle que soit la marée. Il dispose de 222 places sur pontons, dont 70 consacrés aux visiteurs. En plus de ces places sur pontons, s’ajoutent 20 places sur bouées réservées aux visiteurs, pour des bateaux jusqu’à 18 mètres, et 10 places pour les saisonniers.

Le port offre une grande diversité de structures, comme un club nautique, la SNSM, un club de plongée, le Yacht-Club des Abers, les Affaires maritimes, le bureau du port ainsi qu’un bloc sanitaire et une laverie-séchage.

En plus de ces structures, le port met à disposition de multiples services : carburant, manutention, cale de mise à l’eau, aire de carénage, chantier naval.

On estime qu’environ 5 000 bateaux par an font escale au port de l’Aber Wrac’h.

  • Murs
    • béton
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune, Propriété communale/ Communauté de communes du Pays des Abers Gestion du port de plaisance par la CCI de Brest
  • Précisions sur la protection

    Label : Port d’intérêt patrimonial

Label : Port d’intérêt patrimonial

Bibliographie

  • René GEORGELIN, L’Aber-Wrac’h, repaire des pirates, les cahiers de Landéda, n°63,1999

    p. 4
  • René GEORGELIN, La défense des Abers pendant l’ancien régime, les cahiers de Landéda, n°63,1987

    p.14
  • René GEORGELIN, L’Aber-Wrac’h, les cahiers de Landéda, n°13,1987

    p.3
  • René GEORGELIN, L’usine marémotrice de l’Aber-Wrac’h, les cahiers de Landéda, n°5, p.22-23, 1985

    p.22-23
  • René GEORGELIN, « À la gare… jadis », les cahiers de Landéda, n°8, 1985

    pp. 4-8
  • René GEORGELIN, « Les grandes heures du petit train », les cahiers de Landéda, n°69, 2001

    pp.3-8
  • Patrick OULHEN, « Collection privée de cartes postales et photographies anciennes », l’Aber Wrac’h – Landéda 1870-1970, ed. privé, 2021

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2024