L’exceptionnelle qualité des enclos paroissiaux conservés en Bretagne, en particulier dans le Finistère, en fait l’un des principaux marqueurs patrimoniaux de la Bretagne. S’appuyant sur cette spécificité, le Conseil départemental du Finistère a lancé, en janvier 2022, une candidature pour inscrire les enclos paroissiaux du Finistère au patrimoine mondial de l’UNESCO.
La mission dédiée a repéré 70 sites finistériens présentant des caractéristiques d’enclos. Une trentaine a été pré-sélectionnée sur des critères d’intégrité et d’authenticité, et font l’objet d’un travail d’approfondissement des connaissances. L’opération d’Inventaire vise à accompagner la démarche de candidature au travers d’une approche scientifique renouvelée et approfondie. Il n’existe en effet pas de publication scientifique générale sur les enclos, hormis des ouvrages monographiques sur certains d’entre eux, ou concernant certaines techniques et supports.
Cette enquête s’appuie en partie sur des dossiers d’études déjà réalisés lors d’enquêtes précédentes. Ces derniers concernent majoritairement l’architecture. Leur état diffère d’une opération à une autre : les plus anciens datent du premier Inventaire sur le canton de Carhaix-Plouguer (1969) et les plus récents de l’étude topographique du Parc Naturel Régional d’Armorique (2006-2015).
Une densité d’enclos plus particulière s’observe dans le Léon, notamment sur les terres où sont produites les toiles de lin.
La construction de ces ensembles s’étale de la fin du 15e siècle au début du 18e siècle, période à laquelle la Bretagne connaît une prospérité économique qualifiée « d’âge d’or »[1].
Qu’est-ce qu’un enclos paroissial ?
Les enclos paroissiaux sont des ensembles composés de plusieurs éléments bâtis, généralement d’un mur de clôture construit autour d’un portail ou d’un arc monumental, s’ouvrant sur une église, un ossuaire et un calvaire. D’autres éléments peuvent compléter cet ensemble : une chapelle, un oratoire, une fontaine, une sacristie ou une croix monumentale. L’église est décorée d’un riche mobilier également étudié : sablières et blochets sculptés, lambris de hauteur et/ou de couvrement peints, jubé ou poutre de gloire, orgue et buffet, retables, chaire à prêcher, baldaquin et fonts baptismaux.
L’étude porte donc sur l’architecture de ces ensembles et inclus le mobilier d’attache. En revanche, l’orfèvrerie et les textiles (pour partie déjà étudiés[2]) ne sont pas intégrés.
L’objectif principal de cette étude est d’établir, pour chacun des enclos, l’historique des chantiers d’agrandissement et d’embellissement. André Mussat parle d’un « agrégat de formes »[3] pour désigner les enclos, autant dans leur construction et agrandissements successifs, que par la diversité de leurs parties constituantes ou des styles employés. Il s’agit d’appréhender le mouvement d’édification progressif des églises et des parties constituantes de l’enclos afin d’en déduire une logique commune ainsi que des spécificités, tout en les faisant dialoguer avec les commandes d’objets mobiliers qui décorent les églises. Cette analyse des différents chantiers de constructions et d’embellissements des enclos est aussi à mettre en lien avec les différentes phases de prospérité, notamment toilière[4].
Cette étude est conduite par le Département du Finistère dans le cadre d’un partenariat avec la Région Bretagne, entre 2023 et 2025. L’enquête s’appuie sur des notices de recensement accessibles ici, contribue à l’enrichissement des dossiers pré-existants et à la création de nouveaux dossiers. Des campagnes photographiques réalisées par la Région Bretagne viennent compléter la documentation de cette enquête.
[1] Alain CROIX, L’âge d’or de la Bretagne, Paris, Ouest-France, 1993.
[2] Yves-Pascal CASTEL, Denise DUFIEF-MOIREZ, Jean-Jacques RIOULT (et al.), Les orfèvres de basse Bretagne, Rennes, Association pour l'Inventaire de Bretagne, 1994.
[3] André MUSSAT, Arts et cultures de Bretagne : un millénaire, Paris, Berger-Levrault, 1979.
[4] Jean TANGUY, « Derrière l’enclos, la toile… et les hommes », dans Centre de recherche bretonne et celtique, Saint-Thégonnec : naissance et renaissance d'un enclos, Saint-Thégonnec, Association à Restaurer l'enclos paroissial de Saint-Thégonnec, Brest, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, 1998, p. 27-37.
Photographe à l'Inventaire