Dossier thématique IA29133801 | Réalisé par
  • enquête thématique départementale, Inventaire des enclos paroissiaux finistériens de la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO
Les enclos paroissiaux finistériens de la candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aires d'études
    Finistère

La singulière concentration d’enclos paroissiaux conservés en Bretagne, en particulier dans le Finistère, en fait l’une des principales spécificités patrimoniales de la région. Les enclos se concentrent entre le diocèse du Léon, le nord des Cornouailles et l’ouest du Trégor. Une densité plus particulière s’observe dans le Léon, notamment dans les terres, zone de production des toiles de lin. En effet, les enclos s’y caractérisent par une richesse architecturale et une profusion décorative financées en partie par la commercialisation des toiles de lin nommées « créés ».

Les enclos paroissiaux s’articulent autour de plusieurs fonctions : religieuse, funéraire et communautaire. Ces usages se matérialisent à travers les différents éléments d’architecture caractérisant l’enclos : une église avec son clocher, son porche sud et sa sacristie, bordée d’un placître regroupant un ossuaire et une croix ou un calvaire, le tout ceint par un mur de clôture dans lequel est aménagé un portail monumental. Toutefois, ces éléments ne sont pas systématiquement présents dans chacun des enclos. Ils se définissent davantage par un « agrégat de formes », autant dans leur construction et agrandissements successifs, que par la diversité de leurs parties constituantes ou des styles employés, explorés dans le présent dossier.

70 sites finistériens présentant des caractéristiques d’enclos ont été repérés et 31 ont été retenus pour faire l’objet d’un travail d’approfondissement des connaissances, autant sur l’architecture que sur les objets mobiliers.

 

Des typologies et leurs évolutions

-          Les clochers

Véritable symbole de la paroisse, beaucoup de soin est apporté à l’édification des clochers. La majorité sont construits à l’ouest, seulement trois clochers du corpus (Goulven, Pleyben, Saint-Thégonnec) se trouvent au sud, servant également de porche sud. Quatre types de clochers se distinguent :

. Le clocher « Beaumanoir » dont le nom fait référence à une famille d’architectes morlaisiens ayant conçu ce modèle de clocher-mur à tourelle répandu dans le Trégor, comme à Plougonven (1481), qui s’est ensuite diffusé dans le Léon, comme à Guimiliau (1e moitié 16e s.).

. Le clocher de type « Kreisker » qui s’inspire de celui de la chapelle Notre-Dame-du-Kreisker de Saint- Pol-de-Léon (1439-1472), caractérisé par une haute tour surmonté d’une flèche octogonale. Il inspire les clochers plus tardifs de Bodilis (1570), Goulven (1593-1638), Plounéour-Ménez (1665), Commana (début 18es.) ou encore Sizun (1728-1735).

. Le clocher « léonard » se compose d’une tour surmontée de plusieurs étages de balustrades et de chambres des cloches ouvertes, comme à Dirinon (1588-1593), La Roche-Maurice (1589), Saint-Servais (1678), Pencran (1696), Trémaouézan (1714).

. Enfin, le clocher Renaissance à dôme se différencie des flèches gothiques par son dôme à lanternon, utilisé par exemple à Pleyben (1588-1642) et Saint-Thégonnec (1599-1637).  

 

-          Les porches sud

Incarnation de l’identité collective, le porche sud, lieu de réunion du conseil de fabrique, est aussi un élément constitutif des églises des enclos paroissiaux (excepté à Roscoff, Plourin-lès-Morlaix et Plouzévédé). Il est d’abord construit dans un style gothique, comme au Faou (15e s.), à La Martyre (mi 15e s.) ou à Pencran (1553). Les trois se composent d’une façade percée d’un arc en anse de panier composé de voussures finement sculptées et supportant un tympan sculpté. L’utilisation du vocabulaire Renaissance est progressive, s’observe d’abord dans certains dais sculptés comme à Lampaul-Guimiliau (1553) et Pencran (1532-1553). La diffusion de ce nouveau répertoire stylistique s’accélère avec le chantier du château de Kerjean, situé à Saint-Vougay, construit entre 1545 et 1596 dans un style Renaissance. Les porches prennent alors la forme d’un grand pignon cantonné par des contreforts décorés de niches à dais et de lanternons. Le portail cintré est encadré de colonnes soutenant un entablement, un fronton et des statues. Les colonnes à la Philibert Delorme sont souvent utilisées dans cette composition, c’est-à-dire des colonnes cannelées et divisées par des bagues arrondies ornées de feuillages, selon un dessin issu du Premier tome de l’architecture de Philibert Delorme (1567). L’intérieur du porche est généralement voûté en pierre, abritant une galerie de statues d’apôtres et un banc de pierre où se réunissait la fabrique. Cette formule est largement employée et ses formes les plus exubérantes peuvent s’observer à Bodilis (1585-1601), à Guimiliau (1606-1642), à Trémaouézan (1610-1623) ou encore à Commana (1645-1653).

Plusieurs cas particuliers sont à remarquer :

. Les porches sud combinés à la tour-clocher comme à Goulven (1593), à Pleyben (1588) et à Saint-Thégonnec (1599).

. Un portail sud aux voussures richement sculptées se substituant à un proche sud ouvragé à La Roche-Maurice (1550).

. Les porches sud typiques du Trégor : la façade est sobre mais dispose d’un étage à usage de chambre forte indiquée par une fenêtre pourvue d’une grille. Ce niveau est accessible par une tourelle comme à Saint-Jean-du-Doigt (2e moitié 15e s.), à Plougonven (15e s.) ou à Plounéour-Ménez (remonté 2e moitié 17e s.).

 

-          Les chevets

Les chevets plus anciens ou non rénovés conservent la composition rudimentaire du chevet plat comme à Goulven (15e - début 16e s.), Saint-Jean-du-Doigt (1545-1556), Trémaouézan (1555), Pencran (16e s.) ou à La Roche-Maurice (16e s.) permettant d’accueillir une grande maîtresse-vitre. Au cours du 15e siècle, les Beaumanoir, famille d’architectes morlaisiens, proposent un nouveau type de chevet polygonal à noues multiples pour un meilleur éclairage. Davantage utilisé dans le Trégor, il se diffuse aussi dans le Léon comme à La Martyre (1530), Bodilis (1564), Pleyben (16e s.), Lampaul-Guimiliau (1627), Sizun (vers 1660), Guimiliau (1664) ou encore Locmélar (1681). En parallèle, la formule se simplifie pour un chevet à trois pans comme à Saint-Thégonnec (1665-1670), Commana (1680-1722), Dirinon (1712-1715) et Brasparts (1724).

 

-          Les sacristies

Suite à l’ordonnance royale de 1665, le conseil de fabrique perd le droit de délibérer au sein du porche sud. Relayée par le Parlement de Bretagne, cette décision impose la tenue des délibérations dans un lieu clos. L’usage du porche sud se transfère donc à la sacristie. Dans les enclos paroissiaux, ce sont souvent les derniers importants chantiers entrepris à l’échelle de la paroisse. Elles remplacent parfois les anciennes trésoreries (comme à Saint-Jean-du-Doigt, au nord-ouest de l’église) ou les anciennes chambres fortes (comme à Guimiliau, au nord de l’église). Souvent hors-œuvre, elles prennent alors des dimensions monumentales. Le modèle original est celui de Lampaul-Guimiliau (1673-1679), s’appuyant sur le mur nord de l’église. De plan rectangulaire dispose d’un étage surmonté d’une toiture carénée et son extérieur est décoré d’éléments Renaissance. Elle inspire celles de Bodilis (1686) ou de Saint-Thégonnec (1686) ou celle sans toiture en carène de Commana (1701) ou encore celles plus modestes, sans étage, de Locmélar et de Ploudiry. L’édifice peut également se détacher de l’église comme à Sizun, voire suivre un plan centré couronné d’un dôme comme à Guimiliau (1683), à La Martyre (1697-1699) et à Pleyben (1719), qui a la particularité d’être voûtée en pierre.  

 

Les éléments constitutifs de l’enclos

-          Les ossuaires

Elément caractéristique des enclos paroissiaux, les ossuaires ont pour fonction de recevoir les ossements des fosses des églises qu’il faut vider régulièrement. Sa forme la plus simple est l’ossuaire d’attache, appuyé à l’église, souvent contre le porche sud. Ils possèdent une ou deux façades ouvertes par des arcades comme à Saint-Jean-du-Doigt (15e et 1618), à Plonévez-du-Faou (1558), à Dirinon (17e s.), à Guimiliau (17e s.). Puis l’ossuaire s’individualise. De plan carré, il s’appuie en général sur le mur de clôture. Ses dimensions et son décor dépendent surtout de la prospérité de la paroisse. Les plus anciens sont encore construits dans un style gothique comme à Plougonven (1532), à Pleyben (vers 1550), à Brasparts (16e s.), à Pleyber-Christ 1573, à Trémaouézan (16e s.) ou celui au sud à Roscoff (16e s.). C’est à la fin du 17e siècle que les premiers ossuaires de style Renaissance sont construits : d’abord Sizun en 1585 puis Pencran en 1594. Ce dernier porte l’inscription « 1594 chapel da san itrop ha karnel da lakat eskern an pobl » [chapelle dédiée à saint Eutrope et charnier pour mettre les os du peuple] indiquant sa double fonction d’ossuaire et de chapelle. Ce nouvel usage se manifeste architecturalement par une fenêtre percée au pignon et par l’aménagement interne d’autels et retables comme à Lampaul-Guimiliau (1667) ou à Saint-Thégonnec (1676-1682).

L’ornementation et les inscriptions de ces édifices rappellent leur fonction : à Lannédern (1660) une frise de crâne et de tibias entrecroisés décore la façade, à La Roche-Maurice (1639) et à Ploudiry (1635) des bas-reliefs évoquent l’égalité de tous face à la mort, représentée par l’Ankou. A La Martyre (1619), c’est une inscription bretonne qui rappelle notre destinée : « La mort, le jugement, l'enfer froid, Quand l'homme y pense il doit trembler. Fou est celui dont l'esprit ne médite, Sachant qu'il faut trépasser ». Seul perdure à Saint-Servais (1645) un exemple de la pratique du décollement du crâne du défunt et de son exposition, qui fait suite à la demande très particulière du peintre de cette même commune, Yan’ Dargent, en 1907.

 

-          Le passage d’entrée

Principal accès à l’enclos, l’entrée se matérialise par un portail architecturé, gothique ou renaissant, allant des simples piliers à l’arc monumental garni d’une grille. Le passage s’effectuait ainsi par des échaliers, des pierres dressées sur chant, aménagés régulièrement dans le mur de clôture, permettant de limiter la présence d’animaux dans l’enclos et soulignant le caractère symbolique de l’entrée dans l’espace sacré.

Plusieurs enclos disposent d’une entrée marquée par des piliers sculptés comme à Bodilis (fin 17e s. ?) ou Dirinon (17e s. ?). Ces ensembles sont rarement datés, seul un pilier de Trémaouézan porte la date de 1785 qui pourrait également correspondre à un remaniement. 

Les entrées prennent des dimensions davantage monumentales lorsqu’elles se matérialisent par des arcs. Le plus ancien semble être celui de La Martyre, édifié vers 1450. De style encore gothique, ses trois arcs sont ornés de pinacles et de fleurons. Le portail de Saint-Jean-du-Doigt (1490-1585) conserve le vocabulaire gothique mais ne possède que deux arcs dont un plus étroit. Au cours du 16e siècle, ces arcs monumentaux utilisent petit à petit des éléments de décor Renaissance, comme à Sizun (1585-1590) ou à Saint-Thégonnec (1587). Ils inspirent probablement les compositions voisines du siècle suivant à Commana (17e s.), Guimiliau (17e s.), Plounéour-Ménez (17e s.) et Lampaul-Guimiliau (1668). Tous se composent d’un ou deux arcs cintrés, décorés d’une corniche voire de statues.

 

-          Le mur et le placître

Le mur de clôture s’impose au cours du 16e siècle pour devenir systématique au 17e siècle et respecter les prescriptions du Concil de Trente. Il permet de délimiter l’espace sacré du profane et ainsi dessiner le placître. Souvent constitué de moellons en pierre locale, il bénéficie parfois d’un soin particulier comme à la chapelle de Berven (Plouzévédé) où il est construit de pierre de taille en granite et pourvu d’un banc en pierre courant le long de l’enclos. Le cadastre ancien atteste que le mur n’a pas changé depuis, tandis que la plupart des murs ont été agrandis sur une parcelle limitrophe pour accueillir un cimetière plus récent. 

C’est en 1719, année de l’arrêt du Parlement de Bretagne interdisant l’inhumation dans les églises, que le cimetière se déploie au sein de l’enclos. Les siècles suivants, il est déplacé hors de l’enclos, dans le bourg (comme à Pleyber-Christ ou à Plounéour-Ménez) ou bien sur une parcelle voisine (comme à Guimiliau ou à La Roche-Maurice). Cependant, encore 12 des enclos du corpus conservent leur cimetière au sein de leur placître.

 

-          Les croix et calvaires

L’édification de croix étant obligatoires dans les cimetières, il y en a systématiquement dans les enclos paroissiaux, de la simple croix au calvaire monumental. Le plus ancien des calvaires du corpus est celui de l’église de Rumengol (Le Faou), de 1433-1457, qui présente un calvaire à croisillon unique pourvu de plusieurs statues (les larrons, la Vierge, saint Jean). Parfois, un soin particulier est apporté à certains socles comme à Saint-Servais (1548-1610) où sont sculptés des scènes de la vie du Christ ou au Tréhou (1578) où figurent les 12 apôtres. Les compositions se complexifient, accueillent davantage de statues de saints plus répandus comme saint Pierre et saint Paul ou des saints locaux bretons comme saint Yves à Pencran (1521), saint Hervé à Commana (1585), saint Edern à Lannédern (17e s.). Des groupes sculptés sont aussi ajoutés sur les croix, par exemple Vierge à l’Enfant à Trémaouézan (1530) et plus rarement, ils sont posés sur les socles des croix comme à Brasparts (début 16e s.) où une déploration du Christ mort par la Vierge et deux saintes femmes se trouve au pied de la croix. Ce développement de la sculpture sur les calvaires aboutit aux calvaires monumentaux : la Crucifixion repose sur un imposant socle architecturé et est entourée de groupes sculptés, disposés sur un ou deux registres, racontant des épisodes de la vie du Christ. Le modèle de cet édicule est le calvaire de Tronoën à Saint-Jean-Trolimon, en Cornouaille, réalisé entre 1450 et 1470, qui se répand le siècle suivant dans le Léon et le Trégor : à Plougonven en 1554, à Pleyben en 1555, à Guimiliau en 1581 et enfin à Saint-Thégonnec en 1610.

Les calvaires sont quelques fois combinés avec un arc monumental comme à La Martyre (milieu 14e s.), à Sizun (1585-1580), à Lampaul-Guimiliau (1668) ou combinés à des échaliers comme à Pencran (1521) ou à La Roche-Maurice (1572).

 

D’autres édicules ou édifices peuvent s’ajouter à ces principaux éléments constitutifs des enclos comme des croix de mission datant des 19e et 20e siècles, des monuments aux morts du 20e siècle et aussi des oratoires comme à Saint-Jean-du-Doigt (1577) et Plouzévédé (1673-1676), des chapelles comme celle de Saint-Nonne à Dirinon (1577) ou celle du Christ à Plougonven (1746). Plus rare, une fontaine Renaissance est construite dans l’enclos de Saint-Jean-du-Doigt (1688-1690).

 

Le décor

-          Les décors anciens

Plusieurs des églises du corpus conservent des objets mobiliers anciens, pourtant obsolètes suite au Concil de Trente. C’est par exemple le cas des deux jubés conservés : celui de l’église de La Roche-Maurice (16e s.), de la chapelle de Berven en Plouzévédé (1607 la clôture et 1724 le jubé) et celui de Saint-Herbot en Plonévez-du-Faou (1575-1580). La réutilisation de l’ancien jubé de l’église de Goulven en tribune d’orgues (1er quart 16e siècle transformé en 3e quart 18e siècle) peut justement illustrer la caducité de cet objet, alors adapté à un nouvel usage.

Malgré les nouveaux aménagements liturgiques, quelques poutres de gloire ont également été conservées puisqu’elles ne faisaient pas obstacle au chœur. La plus remarquable est celle de Lampaul-Guimiliau, entièrement sculptée (16e s.). Celles de Saint-Thégonnec (17e s.) et du Tréhou (17e s.) ont également été conservées.

Beaucoup d’anciens vitraux ont été démontés au profit de grands retables. Cependant huit églises du corpus ont conservé des vitraux ou des fragments de vitraux du 16e siècle représentant la Passion ou la Crucifixion. Les plus remarquables sont deux de La Martyre, de La Roche-Maurice, de Pleyben, de Guimiliau, de Plonévez-du-Faou et de Ploudiry. Au 17e siècle les verres blancs sont favorisés, comme on peut l’observer dans le bas-côté sud de l’église de Lannédern.

 

-          Le mobilier de la Contre-Réforme

Les enclos paroissiaux sont aussi caractérisés par leur décor intérieur ostentatoire empreint de l’esprit de la Contre-Réforme. En réaction à la Réforme protestante, la Réforme catholique procède des décisions du Concile de Trente (1545-1563). Plusieurs dispositions du Concile sont appliquées et se manifestent dans l’aménagement des églises : le chœur doit être plus visible, la pratique des sacrements réaffirmée (notamment le baptême par les fonts baptismaux monumentalisés ou l’eucharistie par d’imposants retables), le culte des saints, notamment celui de la Vierge, sont développés.

Le principal objet mobilier commandé par les fabriques sont les retables. Inspirés des modèles lavallois exportés dans l’Ouest à partir de 1630, les retables des églises des enclos paroissiaux sont produits par des ateliers locaux à Morlaix (Berthouloux), Landerneau (Le Roux), Landivisiau (Lerrel) et aussi, à partir de 1670, par les sculpteurs de la Marine à Brest. Le thème principal du retable est représenté, peint ou sculpté au central de l’ensemble, autour duquel se déploient statues, niches, frontons, colonnes et ornements végétaux. Le thème du Rosaire, par l’implantation de confréries, est largement mis en image dans les retables des enclos paroissiaux. S’ils sont dédiés aux saints locaux et saints guérisseurs, ils peuvent aussi s’appuyer sur des inspirations plus lointaines, par exemple des Flandres : à Bodilis, le Sacrifice d’Abraham adopte une composition proche d’un tableau de Jordaens (17e s.) ; à Lampaul-Guimiliau, la Chute des anges du retable de saint Jean-Baptiste reprend celle peinte par Rubens (17e s.) ; à Saint-Thégonnec, le panneau central du retable Notre-Dame du Vrai Secours reprend fidèlement le tableau de Nicolas Poussin, L’Assomption de la Vierge (1649).

Les chaires à prêcher se développent aussi. Incarnant la fonction d’enseignement du prêtre, elles sont souvent décorées d’évangélistes et des docteurs de l’Eglise. Elles sont également surmontées d’anges, soufflant dans des trompettes, comme celle de Saint-Thégonnec (1683 et 1722).  Au cours du 18e siècle, elles se limiteront à des éléments plus simplement décoratifs comme celle de Sizun (1784).

Les fonts baptismaux, auparavant de simples cuves en pierre, prennent de l’ampleur pour participer au faste tridentin sous forme de baldaquins richement sculptés. C’est le cas à La Martyre (1635), Lampaul-Guimiliau (1650), Commana (1656), Guimiliau (1675) ou Locmélar (17e s.).

Plusieurs orgues du 17e siècle sont conservés dans des buffets, en partie réalisée par la famille de facteurs anglais, les Dallam installée dans le Léon, notamment Thomas II Dallam (1630-1705), auteur des orgues de Guimiliau, Sizun, Rumengol et Pleyben, tous de la seconde moitié du 17e siècle.

Enfin, toutes les églises sont couvertes de voûtes lambrissées. Souvent peints d’azur ils symbolisent la voûte céleste est décoré d’étoiles. A La Roche-Maurice, Pencran ou Locmélar, ce sont des angelots. Elles reposent sur des pièces de charpente sculptées : les sablières, les entraits et les blochets. Les scènes bibliques côtoient des représentations de la vie quotidienne sur les sablières, comme à La Martyre où le Baptême du Christ se trouve à quelques mètres d’une scène d’enterrement. Les entraits sont eux généralement ornés d’engoulants, sorte de dragon avalant la poutre. Enfin, les blochets sont majoritairement des figures humaines, souvent les quatre évangélistes à la croisée du transept comme à Locmélar.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle

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Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023, 2025