L'auberge était située au bout de la rue de la Grange, rue passante et structurante du bourg de Saint-Sulpice-la-Forêt, et sur un carrefour important où se croisent les routes de Saint-Denis et de L’Abbaye. Elle, est décrite dans les procès verbaux suivant la Révolution française comme mesurant 68 pieds de long du nord au sud et 24 pieds de large d’est en ouest. Bien qu’elle ait été grandement remaniée au cours des XIXe-XXe siècles, cette ancienne auberge est encore lisible de nos jours. Elle était bâtie en maçonnerie de pierre pour le premier niveau et en pan de bois pour le second niveau – dont le remplissage est aujourd’hui assuré par des parpaings – et portait un écu de France sur sa façade occidentale. Servant à l’origine d’hôtellerie, elle comprenait au rez-de-chaussée un salon au nord, une cuisine et un cellier qui surmontaient une cave. Trois chambres avec cheminées et deux cabinets composaient l’étage. Un étage de combles était ouvert par une gerbière à l’est donnant sur le jardin. L’accès à la cour se faisait par un porche, aujourd'hui disparu qui se prolongeait sur toute la profondeur de la maison. A l’arrière, se trouvaient un jardin, un puits et un pré de petite dimension.
Rémy Janin, Enquête topographique, 2018.
Les murs au rez-de-chaussée de la façade principale et le mur pignon nord présentent aujourd'hui la pierre apparente, bien qu'une photo prise entre 1923 et 1934 montre la façade principale complètement enduite. Entre les linteaux de la porte d'entrée et de la fenêtre dans la partie sud de la façade principale (occidentale), un écu d'armoirie est visible, probablement de Marguerite d'Angennes, dont le règne en tant qu'abbesse de Saint-Sulpice coïncide avec la construction présumée de l'édifice. La date indiquée juste au-dessous de l'écu est de 1632. On trouve la même date gravée sur le linteau de la porte d'entrée sur la façade Est (façade arrière). Parmi les moellons du premier niveau de la façade principale, au-dessus de la porte d'entrée dans l'ancienne cuisine, se trouve une croix en granite. Les façades nord et principale sont percées de plusieurs ouvertures de portes et fenêtres à travées irrégulières, datant de périodes différentes. Notamment, les ouvertures de fenêtres et de portes sur la façade principale ont été remaniées au cours du 20e siècle : selon les photos datant du deuxième quart du 20e siècle (sur lesquelles on ne voit cependant pas l'extrémité nord de la façade avec une porte et une fenêtre aujourd'hui), on constate qu'il y a eu lieu le bouchage de quatre ouvertures d'anciennes fenêtres et le percement d'une nouvelle ouverture de fenêtre au 1er étage au-dessus de la porte d'entrée, ainsi que d'une deuxième baie qui sert actuellement d'entrée. Il est probable que la deuxième porte d'entrée à l'extrémité nord de la façade principale est d'origine, tandis que la fenêtre au premier étage a été ajoutée, comme les autres, après les années 1930. En revanche, la porte d'entrée sur la façade nord, probablement percée lors de son raccourcissement, est à ce jour bouchée à la brique. La façade nord possède des encadrements de baies et de fenêtres en bois, tandis que la façade principale est dotée de linteaux en granite au niveau du rez-de-chaussée, et de ciment peint en blanc au premier étage (ce dernier étant un élément caractéristique pour la première moitié du 20e siècle). Une des deux portes d'entrée (dans la cuisine) est encadrée par le jambage en pierre de taille. Aujourd'hui, une cloison en bois au rez-de-chaussée sépare l'ancienne cuisine de ce qui était probablement autrefois, avant le raccourcissement de la façade nord, une partie du salon et qui sert actuellement de couloir d'entrée. Ici, le sol en terre battue est encore partiellement préservé. L'ancienne cuisine a gardé la cheminée d'origine avec les jambages en pierre sculptée couronnées de corbeaux moulurés. Il faut également noter la présence de l'évier d'origine, incorporé dans la baie de fenêtre du côté est, qui fut encore utilisé au cours du 20e siècle. La partie sud du bâtiment, servant initialement de cellier, fut réhabilitée en cuisine dans les années 1970 lors des travaux sur les façades et la charpente. La cage d'escalier en bois, avec une tête de poteau sculptée de balustrade et une menuiserie de porte séparant les étages, est préservée d'origine et mène au premier étage. Celui-ci fut plus considérablement remanié. La cloison en bauge, torchis et lait de chaux séparant les pièces de vie actuelles au sud de la pièce au milieu avec l'arrivée d'escalier semble d'origine. Au niveau du plafond, on y aperçoit une poutre maîtresse, vraisemblablement d'origine. Au nord du bâtiment, les deux pièces de vie préservent encore une cheminée et, au niveau du pignon nord, une poutre maîtresse avec un écu portant autrefois, selon les hypothèses, l'armoirie de Marguerite d'Angennes également. L'écu fut dégradé à un outil ressemblant à la hache durant la Révolution, d'où l'incertitude concernant le contenu initial de l'armoirie. Les mortaises dans une des solives dans la pièce du côté du pignon nord indiquent la présence autrefois d'une cloison en pan de bois. La charpente présente une hétérogénéité chronologique : la structure de la partie sud date des années 1970, tandis que celles du nord et du milieu sont plus anciennes. Leurs triangulations montrent des différences d'assemblages : notamment, une contre-fiche en croix de Saint-André est présente dans la partie centrale mais absente dans la partie nord. En revanche, sa panne faîtière est garnie d'une mortaise, probablement destinée à recevoir une contre-fiche également. Certains éléments de la charpente semblent être des pièces de réemploi.
Anastasia Charnyaeva, enquête thématique, 2023
Photographe à l'Inventaire