La hauteur sous plafond des pièces, la mise en œuvre soignée de la porte, de la fenêtre et de la cheminée du rez-de-chaussée de même que l'emploi du toit brisé interrogent sur le statut du commanditaire de cette maison. S’agissait-t-il d’un notable, d’un juge ou d’un procureur fiscal ? Il pouvait également s’agir d’une auberge au vu de l’imposante cheminée à l’intérieur, ce qui explique cette implantation sur une voie passante et une porte cochère qui apparaît sur le cadastre de 1826.
[Xavier Gilbert Olivier Guérin, Inventaire préliminaire, 2001]
Cet édifice à deux niveaux, accueillant depuis des décennies un bar et un café, est un des plus anciens du bourg, datant, selon plusieurs sources, de début du 18e siècle. Son toit à comble brisé dit "à la Mansart", une innovante technique de mise en œuvre de charpente, inventée pour Versailles et rapidement employée sur le reste du territoire, témoigne de la tendance de cette époque. La fonction initiale, ainsi que le profil social de son propriétaire d'origine, est méconnue. Ce pouvait en effet être une auberge, étant donné son emplacement sur l'alignement de la rue principale du bourg et son aménagement intérieur spacieux. Une source affirme le fonctionnement du bâtiment en tant qu'école au 19e siècle; cependant, à ce jour il n'y a pas d'autres références pour confirmer ce propos. Le bâtiment est lisible sur le cadastre de 1826, avec une construction non-mitoyenne de côté de son pignon occidental, implantée également en bordure de la rue. Il s'agit probablement d'une petite dépendance coiffée d'un toit à deux versants, probablement une grange, démolie dans les années 1930. Le bâtiment principal était autrefois également doté d'une annexe adjacente à son pignon occidental, avec une porte d'entrée et une fenêtre au niveau supérieur, encore visible sur les photos de première moitié du 20e siècle. A partir du premier quart et jusqu'à la fin du 20e siècle, l'édifice hébergeait un bar et un café, gérés par trois générations de la même famille; dans les années 1960, la boucherie s'y rajoute, son local accueilli également au rez-de-chaussée mais doté de son entrée séparée. Aujourd'hui, le bâtiment accueille toujours un bar et une épicerie au rez-de-chaussée. L'étage est occupé par les habitations. À partir des années 1950, l'espace au rez-de-chaussée était séparé par une cloison en bois, percée d'une fenêtre pour l'éclairage, en deux pièces, mais cette séparation ne date pas de l'origine. La cloison a été enlevée depuis, mais son existence est rappelée par une cannelure creusée dans une solive où la cloison était insérée. La pièce occidentale était occupée par une boucherie, et la pièce est hébérgeait un café, un bar et un coin buraliste. Dans cette partie, une cheminée imposante d'origine, adossée au pignon est, est conservée. La partie café se situait plus près de l’ entrée, tandis que la partie bar – plutôt à la profondeur. A droite de l’entrée se situait le coin buraliste. Au fond de la pièce, séparé par quelques marches, il y avait un espace de réception de vin d’honneur où les femmes de la commune prenaient leur café le dimanche après la messe, pendant que les hommes étaient installés dans la partie avant de la salle. Cet espace est actuellement occupé par un coin épicerie. Le comptoir du bar apparaît en 1965, remplaçant une simple table en zinc avec des étagères derrière. En 1964, la seule cabine téléphonique de la commune s'installe ici (suite à la fermeture d'établissement au N° 1 rue de la Grange/ 2-4 route de Saint-Denis). La pièce à l'ouest entre la cuisine du bar et la salle, abritait à l'époque un imposant escalier à vis en bois qui menait à l'étage. Il a disparu lors des travaux de réaménagement d'espace, qui ont eu lieu en 1982.
Anastasia Charnyaeva, enquête thématique, 2023