Dossier thématique IA35132751 | Réalisé par
Chauvel Sébastien (Contributeur)
Chauvel Sébastien

Chargé d'études stagiaire au service de l'Inventaire en 2024

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  • enquête thématique régionale, Architecture urbaine en pan de bois
Architecture urbaine en pan de bois de Combourg

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aires d'études
    Bretagne

La ville de Combourg s’organise historiquement en trois pôles : le bourg prieural à l’Ouest avec l’ancien prieuré bénédictin, le bourg seigneurial au centre avec son célèbre château et le bourg paroissial à l’Est avec l’église. Le tissu urbain ancien se structure alors autour d'un axe majeur reliant ces trois pôles dont la Grand’Rue (actuelle rue Notre-Dame) est l’artère principale : « d’une longueur d’environ 400 mètres, cette rue s’élargissait pour former une place qui était au XVIIIe siècle très encombrée, à la fois lieu d’échange avec ses halles et de l’administration féodale » (François-Xavier Berthier, Combourg au XVIIIe siècle, Iffendic, Chez l’auteur, 2005). D’autres rues et ruelles adjacentes étirent ce tissu urbain à l’image de la rue des Princes et de la rue des Champs.

Labélisée Petite Cité de Caractère depuis 2007, Combourg compte à ce jour 9 maisons comportant du pan de bois (ancien comme moderne). L’étude archivistique a par ailleurs permis de recenser 20 constructions aujourd’hui disparues ou reconstruites en pierres.

Retrouvez ici l'intégralité des notices et des dossiers réalisés sur les constructions en pan de bois de Combourg. De nombreuses images sont disponibles dans la photothèque de l'Inventaire du patrimoine de la Région Bretagne.

Si Jean-Baptiste Ogée au 18e siècle ou encore Guillotin de Corson au 19e siècle qualifient les nombreuses vieilles maisons de Combourg de « construites à l’antique », il est question ici de constructions n’étant pas antérieures à la fin du Moyen Age. Ogée précise que ces maisons avaient « presque toutes pignon sur les rues » sans cependant évoquer de porches. Paul Banéat mentionne toutefois leur nombreuse présence pour la rue des Princes.

En l’état des connaissances, aucun pan de bois antérieur au 16e siècle n’est identifié. Les maisons en pan de bois visibles aujourd’hui dans les rues de Combourg sont majoritairement remaniées avec plusieurs reprises contemporaines. C’est le cas pour le n°24bis, place des Déportés, dont la modification de l’étage date des années 1970. Non loin de là, la maison dite de la Templerie au n°5, rue Châteaubriand possède une façade en pan de bois refaite en 2014. D’autres maisons conservent des éléments plus anciens à l’image du Relais des Princes, n°11, rue des Princes, daté pour partie du 16e siècle ou encore du n°8, rue Notre-Dame dont la cheminée peut être datée du 17e siècle.

Les seigneurs de Combourg ont pris part à plusieurs conflits au cours du Bas Moyen Age notamment lors de la Guerre de Succession de Bretagne. La ville est ainsi assiégée et incendiée plus d’une fois, comme en 1234 ou encore en 1610 où l'incendie fit disparaître le bas-bourg et engendra la reconstruction de l’îlot. Au 19e siècle, un nombre important de maisons en pan de bois disparaissent en raison des aménagements urbains. Des plans d’alignement, mis en place dans un souci de faciliter la circulation mais aussi de lutter contre l’insalubrité des rues, condamnent en effet les édifices qui empiètent sur l’espace public. La plupart des maisons en pan de bois y sont décrites comme étant dans un état de « vétusté ». L’élargissement des voies et le goût pour les façades en pierres de taille transforment radicalement l’aspect des rues de Combourg aux 19e et 20e siècles.

Pendant l’Ancien Régime, Combourg était le chef-lieu du comté du même nom avec des fonctions commerciales (un marché hebdomadaire, foires, auberges, cabarets et boutiques) et des fonctions judiciaires (une dizaine de juridictions). C’est le bourg seigneurial qui vit un essor majeur de constructions à défaut des deux autres pôles. Des exemptions et des privilèges permirent à d’importantes maisons de s’ériger tout le long de la Grand'Rue de Combourg. Ces dernières suivent un schéma d’implantation avec une façade donnant sur la rue principale et une cour à laquelle on accède par une ruelle comme la rue des Champs.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle

Des constructions mixtes à la typologie diversifiée

Bien que le nombre de maisons encore existantes à Combourg soit restreint, le croisement des recherches archivistiques avec l’analyse du bâti en place permet de proposer une première synthèse architecturale. La ville comportait en effet plusieurs maisons en pans de bois disparues au cours des 18e et 19e siècles qui se situaient principalement à l’Est du château, au niveau du bourg seigneurial. On les recense le long de la rue Châteaubriand, de la place Albert Parent mais également dans la rue des Princes. Les plans d’alignement du 19e siècle indiquent également des vides entre plusieurs maisons alignées, que l’on repère encore aujourd’hui au place Albert Parent ou rue Châteaubriand. Ces espaces évitaient l’encombrement des chenaux mais pouvaient aussi servir de coupe-feu et constituent en ce sens l’indice de pans de bois disparus.

Dans l’ensemble, les édifices de Combourg se caractérisent par des constructions mixtes, qui associent le bois et la pierre. Les murs mitoyens sont maçonnés, permettant de consolider la structure, de jouer le rôle de pare-feu ou encore d’accueillir les cheminées. Différentes typologies de maisons s’observent : à pignon sur rue, à porches, à pontets.

Les maisons à pignon sur rue sont les plus nombreuses : rue Châteaubriand (n°6, n°17, n°19, et n°21), place Albert Parent (n°20) ainsi que rue des Princes (n°9 et n°11). Cette dernière, datée du 16e siècle, est la seule maison de ce type à être toujours en place. La chronologie des maisons disparues est plus difficile à établir. C’est le cas pour l’ancienne auberge de la Croix-Verte (n°20 place Albert Parent) qui fut démolie en 1897. Elle identifiable sur une carte postale ancienne. On y voit en partie une imposante maison avec un faible encorbellement, trait caractéristique de certaines constructions à partir du 16e siècle (Daniel Leloup, p. 70). Une autre maison à pignon sur rue est identifiable par une lithographie de la fin du 18e siècle. Située au n°6, rue Châteaubriand, l’édifice à pignon sur rue comportait un étage en encorbellement sur solives et des combles soutenus par des aisseliers.

Une seule maison à gouttereau sur rue a été recensée dans le cadre de cette étude. Il s’agit de la maison n°8, rue Notre-Dame. Elle présente un encorbellement ancré dans le ressaut maçonné d’un des murs pignons et porté par un rez-de-chaussée en granite. Cette configuration se rapproche de plusieurs maisons à gouttereau sur rue situées à Antrain (n°1 rue de Potorson ; n°1 et n°5 rue de la Filanderie). Aucune construction en encorbellement avec entretoises n’a été recensé au cours de cette étude.

D’autres éléments architecturaux en pan de bois caractérisent l’histoire urbaine de Combourg. Deux passages couverts – des pontets – sont repérables aux n°5 et n°18 de la rue Châteaubriand. Le premier peut être daté du 16e ou 17e siècle, en cohérence avec d’autres éléments de la maison. Le second date de 1882. Ils ont pour fonction de gagner de la surface d’habitation au-dessus d’un passage, tout en reliant deux bâtiments. Ce type d’extension se retrouve par exemple à Tinténiac (n°4 place du Ralliement) et à Bazouges-la-Pérouse (n°11 rue de l’Eglise).

Une architecture tournée vers le commerce

Le bourg seigneurial accueille la majorité du corpus étudié. Cette zone urbaine se caractérise historiquement par sa fonction commerciale avec la présence d’une halle médiévale reconstruite au 19e siècle et démolie en 1936. Elle s’implantait sur la Grand’Rue, l’actuelle place Albert Parent et s’entourait de nombreuses maisons en pan de bois (n°2, n°6, n°8, n°12, n°14…). Parmi celle-ci, l’étude relève la présence de deux maisons à porche au niveau de la place, les n° 17 et n°21. En plus de la halle, la fonction commerciale était ainsi représentée par les alignements de porches, un trait architectural commun à plusieurs autres cités marchandes comme La Guerche-de-Bretagne ou Tinténiac. Ces constructions permettaient d’avoir un commerce au rez-de-chaussée et une habitation aux niveaux supérieurs. Le porche du n°17 est difficilement identifiable du fait de sa démolition en 1842. Toutefois, celui du n°21 apparait sur une photographie de 1858. La qualité et l’angle de prise de vue ne permettent pas d’avoir une perception complète du porche. Il se structurait avec deux poteaux en bois reposant sur de hauts dés en pierre. Ces poteaux soutenaient un pan de bois sans encorbellement. L’édifice fut démoli et reconstruit en 1874 alors que le porche voisin, n°17 fut démoli dès 1842. La présence concentrée de maisons en pan de bois au niveau de la place marchande correspond alors au développement logique du bourg seigneurial. Il est intéressant de relever la présence d’un porche implanté au n°2 rue Sainte-Barbe, non loin de l’ancienne place du champ de foire (actuelle place des Déportés). Il a été remanié et sert davantage de passage couvert aujourd’hui mais le fait qu’il soit à proximité de cette autre zone à fort intérêt commercial n’est pas anodin. Hormis l’architecture des porches induite par leur fonction commerciale, la majorité des maisons recensées sont à boutiques, témoignant aussi de cette fonction.

Une continuité esthétique et technique du pan de bois ?

La construction en pan de bois se perpétue au 19e et 20e siècle comme en témoignent les deux petites maisons au n°25 de la rue des Champs dont une présente un hourdis de briques. Deux autres maisons en pan de bois étaient implantées au niveau de l’actuelle place Châteaubriand, au pied de la digue du Lac tranquille. Celles-ci ont été démolies en 1874 mais une lithographie et une photographie montrent ces deux maisons avec le château en arrière-plan. Ce sont aussi des façades ex-nihilo que l’on reconstruit, à l’image du n°5 rue Châteaubriand ou du 19b rue des Princes.

Les façades sont principalement animées par la disposition des pièces de contreventement et les mises en couleur. Croix de Saint-André, écharpes, lisses filantes, etc. rythment les étages. Le n°6, rue Châteaubriand est représenté avec des croisillons, un décor courant dans le Pays rennais mais aujourd’hui disparu de Combourg. Seule la sablière du n°11 rue des Princes s’orne encore de moulurations. Ce même édifice comporte un linteau en accolade mais dont on n’est pas sûr qu’il soit en place. Au n°8 rue Notre-Dame, ce sont les ouvertures du rez-de-chaussée maçonné qui comportent des accolades ainsi qu’une fleur de lys, le blason de la ville et un potentiel visage. D’autres linteaux avec motif d’accolade se retrouvent sur le mur Est de la Templerie (n°5 rue Châteaubriand). Quant aux édifices représentés par l’iconographie ancienne, la plupart sont enduits.

Il est intéressant de relever que les (re)constructions récentes de façades en pan de bois reprennent des codes esthétiques de cet architecture tout en l’adaptant aux besoins actuels, particulièrement en ce qui concerne les fenêtres. Avant la rénovation de 2014, la Templerie (n°5, rue Châteaubriand) comportait des entretoises moulurées et des consoles sculptées de blasons. Sa façade actuelle reprend un langage courant en Pays rennais : chevrons, croix de Saint-André et losanges. L’actuel n°8 rue Notre-Dame propose un autre pan de bois fictif à base d’éléments simples (écharpes, entretoises, potelets).

Des connaissances lacunaires sur la distribution et les aménagements intérieurs

Les reprises successives des bâtiments rendent difficile la perception et l’analyse des aménagements et des distributions intérieures. Au n°11 rue des Princes, la trace de cloisons est décelable sur les poutres intérieures. L’entrée, à gauche de la façade, aurait ainsi permis de desservir une première pièce puis une arrière salle chauffée par une cheminée monumentale. Cette salle principale est caractérisée par un vaisselier de granite en arc brisé et chanfreiné. D’autres plans en profondeur se décèlent aux n°5 rue Châteaubriand et au n°8 rue Notre-Dame. Ces deux maisons comportent également des cheminées monumentales et placards intérieurs, dont l’une porte une inscription des propriétaires et la date de 1612, ce qui souligne le soin et l’importance accordés à ces aménagements intérieurs dont il ne nous reste que peu de vestiges.

[Sébastien Chauvel, Architecture en pan de bois en Bretagne, 2024].

Bibliographie

  • Berthier François-Xavier, Combourg au XVIIIe siècle, Iffendic, Chez l’auteur, 2005.

  • Corson (de) Guillotin, Histoire de Combourg, Paris, Res Universis, 1990 (1e édition 1898).

  • Leray Monique, Mémoire de Combourg, Dinard, Danclau, 1996.

  • BANEAT, Paul. Le département d'Ille-et-Vilaine, Histoire, Archéologie, Monuments . Rennes : J. Larcher, 1929. Tome II

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel)
Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
(c) Région Bretagne
Chauvel Sébastien
Chauvel Sébastien

Chargé d'études stagiaire au service de l'Inventaire en 2024

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