Photographe à l'Inventaire
- enquête thématique départementale
- (c) Inventaire général, ADAGP
Dossier non géolocalisé
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Précisions
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Aires d'étudesRennes ville
Cette étude porte sur les couvents féminins de Rennes au moment de la Révolution française. Il s’agit d’appréhender les modifications importantes que connaissent ces bâtiments durant cette période de troubles.
Les religieuses rennaises face à la Révolution française
Cette étude prend sa source à partir d’un mémoire de recherche en histoire et sciences sociales consacré aux religieuses rennaises face à la Révolution française de 1789 à 1815. En s’intéressant à ces religieuses, il s’agissait en parallèle d’appréhender les différentes congrégations féminines rennaises et leurs couvents. C’est donc au travers d’une recherche plus générale sur les religieuses que s’est faite cette étude sur les couvents féminins. En effet, ceux-ci ont un rôle clé pour les congrégations féminines. Le couvent est un monde à part entière pour ces femmes qui y ont parfois grandi en tant qu’élèves puis sont devenues postulantes, novices puis religieuses voire supérieure. Certaines y sont établies depuis plus de 50 ans lorsque les autorités révolutionnaires décident de fermer ces établissements. Il est donc intéressant de comprendre la lutte que mène les religieuses pour préserver les couvents quitte à s’opposer à la loi.
Des congrégations féminines toujours attractives au début de 1789
En 1789, les communautés féminines sont encore très présentes au sein de la ville de Rennes avec 16 couvents intra et extra muros représentant une population de 404 religieuses. La grande majorité de ces congrégations continuent également d’attirer des novices, des postulantes mais aussi des pensionnaires perpétuelles ou encore des élèves. En effet, l’idée du couvent comme un monde fermé, à part de la société n’est plus si opérante en 1789. En effet, pratiquement toutes les congrégations accueillent des élèves et proposent parfois même un pensionnat. Les couvents féminins apparaissent donc finalement comme des lieux d’instructions indispensables pour les jeunes filles de l’époque.
En achetant ou en vendant des denrées alimentaires ou autres biens, les congrégations religieuses participent également à l’économie de la ville. Elles font vivre certains petits commerçants. Ces congrégations ont également un grand patrimoine foncier qui leur permet de louer des maisons, chambres, champs, selliers… à des particuliers. Elles ont donc bel et bien des interactions avec le reste de la société.
La nationalisation des biens du clergé : une mesure révolutionnaire
Le 2 novembre 1789, l’Assemblée nationale constituante adopte une loi visant à mettre à la disposition de la Nation tous les biens ecclésiastiques. Tous les biens de l’Église sont ainsi nationalisés et les membres du clergé deviennent des fonctionnaires de l’État. Cette nationalisation est décidée dans le cadre d’un endettement très important de la France de près de 4 milliard de livres. Il devient donc impératif de trouver des sources de revenus et la masse conventuelle française semble offrir une bonne opportunité. Dès le 21 décembre 1789, un décret annonce la mise en vente de certains biens nationaux pour obtenir 400 millions de livres. Puis le 9 juillet 1790, la vente totale des biens est décrétée pour tenter de résoudre la crise financière qui touche le pays.
En réalité, peu de biens sont vendus dès 1790. Les congrégations féminines sont sujettes à plus de tolérances et obtiennent l’autorisation de restée vivre dans les couvents si elles se conforment aux lois révolutionnaires. Ce n’est finalement qu’à partir de mai 1792 que les choses changent à Rennes. Les couvents sont progressivement fermés, les religieuses expulsées et les biens nationaux soit aliénés par la municipalité soit vendus. Les ventes ne sont d’ailleurs pas non plus immédiates mais s’échelonnent sur plusieurs années.
Un patrimoine bâtit considérable et envié
D’après Georges Provost, près d’un tiers de la superficie de Rennes appartient à des congrégations religieuses (masculines et féminines confondues). C’est donc un patrimoine foncier considérable que l’État récupère. Les enjeux autour de ces bâtiments sont d’ailleurs rapidement soulevés dans les différentes sources à notre disposition. La ville de Rennes va par exemple rapidement ( avant même la promulgation de la loi sur la suppression des congrégations), faire expulser les Bénédictines de l’abbaye Saint-Georges pour transformer ce domaine en caserne pour un régiment de dragons (militaires se déplaçant à cheval mais combattant à pied). D’autres couvents comme le Bon Pasteur ou le couvent de la Trinité sont transformés en prisons. Quelques couvents sont vendus comme biens nationaux à des particuliers qui souhaitent y établir des manufactures ou encore diviser cette masse conventuelle pour en faire des appartements. Le couvent des dames Budes est quant à lui transformé en dépôt de mendicité. Finalement, les couvents rennais connaissances différents changements de fonctionnalité.
Les autorisations progressives de rétablissement des congrégations entre 1800 et 1820 marque un point culminant dans les conflits au sujet de ces bâtiments. Les anciennes congrégations propriétaires de ces couvents souhaitent parfois les réintégrer tandis que la municipalité et le préfet s’y oppose créant ainsi des climats de tensions entre ces différents acteurs. Les anciens couvents apparaissent comme des bâtiments structurants de la ville et suscitent donc beaucoup de convoitise. C’est donc bien parfois une lutte de pouvoir qui se joue au travers de la possession de ces bâtiments.
Dans cette étude, s'intéresse donc aux couvents féminins rennais dont il reste encore aujourd'hui des traces et permet de comprendre l'histoire de ces bâtiments qui ont connu de grandes modifications au cours du temps.
- (c) Inventaire général, ADAGP
Etudiante en Master d'histoire à l'université de Rennes 2. En partenariat avec l'inventaire du patrimoine dans le cadre de la réalisation de mon mémoire de master portant sur "les religieuses rennaises face au tournant révolutionnaire (1789-1820)" sous la direction de Solenn Mabo.
Etudiante en Master d'histoire à l'université de Rennes 2. En partenariat avec l'inventaire du patrimoine dans le cadre de la réalisation de mon mémoire de master portant sur "les religieuses rennaises face au tournant révolutionnaire (1789-1820)" sous la direction de Solenn Mabo.