Implanté sur la dalle de couverture du bunker KI du côté du Ter (à l’ouest) et au-dessus de l’entrée du slipway, ce bunker de plan rectangulaire (24 m x 10 m) et légèrement pyramidal sur sa partie haute du fait de ses angles droits supérieurs coupés, est construit en béton armé. Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 mètres d’épaisseur pour résister à un bombardement aérien, maritime ou terrestre ce qui le classe en norme de protection B (Baustärke B). Il est également étanche aux attaques au gaz.
Le bunker est uniquement accessible depuis la dalle de couverture du bunker KI : ses deux entrées - est et ouest - sont percées dans l’élévation nord. Elles sont chacune défendues par un créneau de tir muni d'un ébrasement extérieur à redan (pour éviter les coups d'embrasure) avec plaque blindée et volet mobile utilisable depuis la pièce de vie - chambrée. Les deux créneaux ont conservé leur coffrage en bois. L’orientation des créneaux, légèrement vers le bas, témoigne vraisemblablement de la surélévation de la dalle de couverture du bunker KI.
L'édifice regroupe un sas d’entrée, deux magasins de munitions (situés aux extrémités est et ouest), deux pièces de vie - chambrées pour les soldats et l’escalier desservant les cuves à canon implantées sur la dalle de couverture. Plusieurs portes sont en place : deux portes blindées à deux vantaux et deux portes étanches. Les huisseries et portes des deux magasins de munitions n’ont pas été mises en place. L’emplacement des ventilateurs [disparus] est bien visible. Les tuyaux de ventilation et des poêles sont en place. Une prise est visible dans le sas.
Sur la dalle de couverture sont aménagées deux cuves pour canon antiaérien. De plan heptagonal, chaque cuve dispose de niches à munition et de petits abris pour les servants du canon. Au sommet de l’escalier qui mène aux cuves à canon se trouve également un créneau de tir orienté vers l’entrée du slipway.
La cuve orientale a vu la construction d’un poste d’observation en parpaing enduit, couvert en plaque de fibrociment.
Le bunker est désaffecté et son entrée est libre. Le sol est couvert d’une couche épaisse de fientes d’oiseau. Des oiseaux - goélands et pigeons - l’utilisent comme refuge.
Deux canons Flakvierling 38 à tube quadruple
Les deux cuves du bunker étaient armées par une pièce d’artillerie Flakvierling 38 qui combine quatre canons Flak 38. Flak est l’acronyme de Flugabwehrkanone, canon anti-aérien ; vierling, signifie carré en référence aux quatre tubes.
Ce canon quadruple tire en mode semi-automatique ou automatique des projectiles d’un calibre de 2 cm à 900 m/s, à une cadence de 800 coups par minute en combat, pour une portée verticale de 2 200 m. Compte-tenu de sa cadence de tir extrêmement rapide et de l’échauffement des tubes, le rythme est déterminé par un unique tireur, assis sur un siège et qui dispose de deux pédales, chacune permettant d’actionner le tir des deux canons opposés. L’approvisionnement de chaque tube se fait par un chargeur de 20 coups qu’il faut remplacer toutes les 6 secondes en période de combat. Huit soldats sont nécessaires à son fonctionnement.
Son affût est de forme triangulaire.
Ce type de canon était utilisé pour neutraliser des avions alliés volant à basse altitude.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.