La décoration au titre du 1% artistique du lycée Pierre Guéguin, est une céramique monumentale de Jean-Claude Goualc'h (né en 1935), réalisée en 1976.

En première intention, l'architecte Yves Guillou (1915-2024) avait cependant proposé, le 30 juin 1970, la candidature de Francis Pellerin (1915-1998), un sculpteur qu'il sollicitait régulièrement pour la décoration de ses architectures, tant scolaires, sportives que religieuses.

Dans un premier temps, le 23 avril 1971, la Commission nationale chargée de l'étude des projets de décoration dans les édifices publics, ne peut se prononcer sur un projet de trois sculptures en acier émaillée, car M. Bergot (1931-2023), Conseiller artistique régional, indique que la maquette ne correspond pas à celle que lui avait présentée Francis Pellerin.

Une nouvelle maquette (une sculpture en acier corten émaillé à froid par résine de polyuréthane, en trois couleurs noir, rouge, gris — de 5 m 10 X 4 m 40 X 2 m 35) est discutée en Commission nationale, le 1er décembre 1971. A l'issue des débats, l'architecte est invité à proposer un nouvel artiste car "le projet manque d'invention plastique (...)" et "(...) l'artiste a déjà réalisé un grand nombre d’œuvres dans cette région [où] il convient de diversifier les réalisations faites au titre du 1%".

La personnalité de Francis Pellerin, artiste reconnu et familier de la commande publique, mérite que l'on s'attarde sur ce refus qui reprend l'avis du rapporteur.

Chose rare dans les dossiers du 1% versés par le ministère de la Culture aux archives nationales, le dossier de cet établissement contient deux notes du rapporteur devant la commission : l'une d'elle est manuscrite et non signée ; l'autre est dactylographiée, signée et datée. Il est cependant probable (et logique) que les deux notes soient du même auteur, Maurice Allemand, inspecteur principal de la création artistique.

La note manuscrite précise qu'il est inutile d'utiliser du Corten pour l'émailler, mais aussi "qu'on ne peut pas conserver un monopole dans une région". Pour l'auteur cependant "ce n'est pas un avis agressif vis à vis d'un artiste". L'auteur ajoute qu'il "veut bien voir Pellerin".

La note signée, datée du 25 novembre 1971, reprend l'argument sur l'émaillage de l'acier Corten, mais on peut y lire que : "Le projet est de ceux dont il est difficile de dire quelque chose, parce que c'est correct et banal. M. Pellerin a obtenu déjà de nombreuses commandes en Bretagne, et on peut craindre que celle-ci ne soit une chose quelconque de plus dans son œuvre".

Après ce refus (qui ne sonne cependant pas le glas pour les 1% de Francis Pellerin en Bretagne), l'architecte Yves Guillou présente la candidature de Jean-Claude Goualc'h, qui lui a été proposée par le conseiller artistique régional.

Dans un courrier daté du 3 mai 1974, l'architecte expose, non sans avoir rappelé sans détour l'épisode précédent, qu'un seul emplacement est envisageable : le pignon sud-ouest de l'externat devant lequel passent tous les élèves et qui "se présente sur un fond de perspective intéressant." Ce mur est de surcroit visible de la cour d'honneur et de l'accès général. D'autres implantations, notamment celles qui furent envisagées pour la sculpture de Francis Pellerin, sont écartées, avec force arguments. Ce développement est un témoignage particulièrement fort de la volonté d'Yves Guillou d'assurer un véritable "dialogue" entre l'architecture et les œuvres d'art. La densité de la végétation (en 2025) masque en partie l’œuvre, mettant quelque peu à mal les efforts de l'architecte.

Le 19 février 1975, la Commission nationale avalise le projet de Jean-Claude Goualc'h avec une appréciation succincte : "Cette composition graphique ne manque pas d'intérêt". Le rapport de l'Inspecteur principal Michel Troche était pourtant bien réservé : "La composition est faible et les quelques éléments réalisés que nous possédons dans le dossier d'artiste sont apparemment plus encourageants". Mais l'affaire avait peut-être déjà trop duré.