Dossier de présentation du mobilier IM35025098 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Lycées en Bretagne
La décoration au titre du 1% artistique du lycée Pierre-Mendès-France, 34, rue Bahon-Rault (Rennes), Lycée Pierre-Mendès-France, 34 rue Bahon-Rault (Rennes)

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne

La décoration au titre du 1% du lycée Pierre Mendès-France est une sculpture en granite de Huelgoat de Francis Pellerin (1915-1998), Premier Grand Prix de Rome en 1944. La thématique retenue par l'artiste est : "mise en résonnance d'un espace".

La sculpture a été déplacée en 2017 - 2018, lors de la construction d'un nouveau bâtiment, qui se développe en partie sur son emplacement initial. Elle fut implantée à l'entrée du lycée, à la demande des ayants droit. Elle est ainsi visible de la rue, mais éloignée de l'architecture avec laquelle elle dialoguait à l'origine. Les blocs de granite placés autour de la sculpture, qui composent pour partie son environnement, ont également été transplantés. Trop enterrés, ils ne peuvent plus servir d'assise aux élèves. Le tertre qui permettait à cette sculpture, qui se développe à l'horizontal, de s'affirmer dans un contexte architectural de barres allongées, et de façades à trame régulière, n'a pas été recréé.

Sur les 133 557 francs représentant le coût initial du projet, 59 879 francs ont été pris en charge par la Chambre de commerce et d'industrie, impliquée dans le financement de l'école des métiers du bâtiment. Le conseil municipal de Rennes a approuvé le projet, le 1er mars 1976, et autorisé le maire à signer une convention avec l'artiste, bien avant que la procédure d'agrément arrive à son terme.

La genèse de cette décoration est particulièrement intéressante. Elle permet non seulement de constater l'implication des inspecteurs de la création artistique et des membres de la Commission nationale chargée de l'étude des projets de décoration dans les édifices publics, au Ministère de la Culture, mais aussi de découvrir les réactions de l'artiste aux demandes de modification de son projet.

La Commission étudie, dans un premier temps, le 24 novembre 1976, le projet présenté par l'architecte Roger Besnard et le sculpteur. Tout en ne récusant pas l'artiste, elle lui réclame une nouvelle proposition. Celle-ci est à son tour présentée devant la Commission, le 12 octobre 1977. Le nouveau projet est jugé "acceptable" à l'inspecteur chargé de rapporter le dossier, Michel Troche. Il semble pourtant avoir été vivement critiqué par certains membres de la Commission. Des notes manuscrites figurant dans le dossier ministériel indiquent que le représentant de la Direction de l'Architecture, Monsieur Bardet, estime qu'il n'y avait "pas d'intégration" à l'espace environnant mais aussi que le critique d'art, M. Lascault, pense que l'œuvre n'avait "pas de présence". Bernard Anthonioz, chef de service de la Création artistique, est alors amené à suggérer de réduire la sculpture et à proposer une occupation au sol qui "soit "le fruit d'une réflexion". La commission donne in fine un avis favorable, sous réserve qu'une mise au point soit faite et que l'artiste s'attache : "(...) à créer un lieu à l'aide des blocs sculptés, où les élèves pourraient éventuellement se rencontrer et s'asseoir. Cette modification (...) serait obtenue en partie par un agencement et un traitement différents des blocs de granit prévus pour la sculpture."

Dans un courrier adressé à "l'inspecteur rapporteur" Michel Troche, le 5 novembre 1977, Francis Pellerin livre un récit de la commission et des discussions de couloir du 12 octobre précédent.

" Puisque les Commissions existent, il convient d'en accepter l'exercice." Mais il nuance rapidement :

" La sculpture ne se fait pas à bicyclette... pas mieux en bout de palier des Ministères.

Dans la situation d'écouteur où je me trouvais, il y avait :

A- Mon architecte désemparé

B- Projet non remis en cause (Mr troche)

C- Adaptation bâtarde possible

D- Nouvelle maquette, nouvelle Commission (Mr Leclerc)

Cela pourrait nous mener à la St Glin glin.

Il a été dit sur le palier :

"réduire l'échelle, pour ajouter quelques roches, arbustes, mouvements de terre".

N'est-ce pas comme supprimer un étage dans un projet d'architecture ? ... laquelle est proportion si elle ne sacrifie pas par avance, aux dimensions.

"voir telle réalisation américaine"

"ça fera plus breton en fin de compte" (sic)

(...)

"Je vais le refaire ce projet, où ma liberté de création doit pouvoir s'exercer, le problème étant bien posé. (...)."

A l'issue de ce processus, la troisième maquette de l'artiste est jugée satisfaisante par le rapporteur (lettre du service de la Création artistique à l'architecte, le 13 février 1978). Francis Pellerin adresse alors un poème manuscrit, non daté, au Ministère, précédé d'un :

"Ouf ! après ces exercices de style administratif, qui m'ont rendu explosif. Avec une Bise, voici le Poëte :

" Il s'en alla promener

Comme les chiens sans maître

Et trouva comme un os

La chose jamais vue.

___________________

Il n'a pris, ni reçu

Se brûlant au silence

Qui sans cesse le perd

Et le mieux recommence,

A seulement tenter

Sans très bien savoir quoi,

Riche de n'avoir rien

Qui guérit de la peur

De ne savoir aimer

Que ce que l'on demande

Et que l'on reçoit mort.

_____________________

A me parler voyage

Une forme invitante

Sort du fond de moi-même

Ce que je n'oserais ;

Je ne saurai jamais

Quel mot ouvre la porte,

Du fond de quel jardin

Je sors de mes secrets,

Comme un autre que moi

Tel que je me connais. "

F. PELLERIN

Sculpture agréée par arrêté préfectoral du 21 juillet 1978.

  • Précisions inscription

    Sculpture abstraite en granite de Huelgoat (29).

    Thématique : "mise en résonnance d'un espace".

    Initialement prévue pour mesurer 4,5 m de hauteur, 2,4 m de largeur et 1,2 m de profondeur, elle se développe plutôt à l'horizontal, suite aux modifications demandées par la Commission nationale chargée de l'étude des projets de décoration dans les édifices publics, au Ministère de la Culture.

    Elle est entourée de blocs de granite.

    Elle a été déplacée avec l'accord des ayants droit.

Documents d'archives

  • Archives Nationales : 19880466/127. Dossier du 1% du Ministère de la Culture.

    Archives Nationales : 19880466/127
  • Archives municipales de Rennes : 60 Z 52. Fonds Francis Pellerin. Dossier sur la sculpture de l'école des métiers du bâtiment.

    Archives municipales de Rennes : 60 Z 52

Bibliographie

  • Hottin [Christian] Et Roullier [Clothilde], Un art d’État ? Commandes publiques aux artistes plasticiens, 1945-1965, Rennes, PUR, 2017, 257p.

  • Imbernon Laurence, Francis Pellerin (1915-1998), catalogue de l'exposition au Musée des beaux-arts de Rennes, Rennes, 2005, 144 p.

Date(s) d'enquête : 2022; Date(s) de rédaction : 2023