Dossier d’œuvre architecture IA22004077 | Réalisé par ;
Dupont Flavie (Contributeur)
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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  • inventaire préliminaire, Erquy
  • enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne
Château de Bienassis (Erquy)
Œuvre étudiée
Auteur
  • Dupont Flavie
    Dupont Flavie

    Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

    Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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Copyright
  • (c) Université de Rennes 2

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Communes littorales des Côtes-d'Armor - Pléneuf-Val-André
  • Commune Erquy
  • Lieu-dit Bien-Assis
  • Cadastre 1811 K1 290-326  ; 1846 E2 156-203  ; 1987 E2 127, 128, 129, 222-229
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    allée, pont, cour, jardin, colombier, chapelle, ensemble agricole, puits, fontaine, moulin, logement, fossé

Le château de Bienassis a été le domicile de deux parlementaires bretons qui ont exercé leurs fonctions respectivement de 1593 à 1658 pour le premier, et de 1675 à 1715 pour le second. Tous deux appartenaient à la famille des Visdelou, qui acquit la propriété de Bienassis et son château fortifié en 1591-1592, par le mariage de Gilles de Visdelou avec l’héritière de la propriété, Françoise de Quélennec. Cette famille a profondément marqué le château et son domaine pendant 120 ans. En effet, ils ont reconstruit ce château du 15e siècle, fortement endommagé par les troupes de Mercoeur durant la guerre de la Ligue. Ils ont transformé le château, passant d’une forteresse à un lieu de vie résidentiel, confortable et décoré avec soin.

Le domaine de Bienassis était vaste et, sous les Visdelou, il devint une seigneurie prospère. En 1583, sous Alain de Quélennec, il s'étendait sur 476 hectares, quadruplant en taille en l’espace d’un siècle. Cette croissance nécessitait une gestion attentive et particulière. Les Visdelou ont profondément transformé le paysage de Bienassis. Gilles de Visdelou lança les travaux de reconstruction et d’embellissement, poursuivis par son fils Claude de Visdelou, conseiller originaire et président des Enquêtes. Bien qu’il est un parlementaire urbain qui ne résidait presque jamais à Bienassis, Claude s’investit dans les travaux de sa propriété et l’aménagement de son domaine. Ce dernier est probablement plus rentable que la charge de parlementaire. Frédéric Saulnier rapporte que Claude vendit sa charge en 1656 pour 170 000 livres.

Les travaux réalisés visaient à offrir un plus grand confort et davantage d’intimité, un mode de vie tendance au 17e siècle, mais qui ne se concrétisa qu’au 18e siècle avec la spécialisation des pièces. C’est le fils du conseiller, François-Hyacinthe qui acheva ces travaux. Ce qui comprenait la surélévation du rez-de-chaussée, l'ajout de cloisons et de boiseries, ainsi que l'insertion de nouveaux plafonds et planchers. La façade antérieure fut modernisée, le corps de logis doublé à l’ouest, avec une nouvelle cage d’escalier et l’extension du bâtiment. Enfin, la tour d’angle à l’extrémité du nouveau bâtiment fut entièrement reconstruite pour permettre la régularité recherchée dans les tendances architecturales classiques de la période.

Le second parlementaire, René-François Visdelou, fils de François-Hyacinthe, nait le 17 septembre 1675 au château de Bienassis. Il entre dans la carrière parlementaire en 1698 comme conseiller originaire et devint président des Enquêtes en 1707. Marié à Marguerite Iris de Poix en 1704, il a deux filles, l’une mariée au comte de la Marck et l’autre au marquis de Rosnyven de Piré. Bien qu’il est comte de Bienassis, René-François réside rarement au château familial, préférant loger à Rennes pendant ses sessions parlementaires dans l’hôtel Visdelou de Bienassis. En 1698, il achète le château de la Massaye. Il meurt le 6 août 1715 au château de la Tourneraye, à Goven. À sa mort, c'est sa fille Marie-Anne-Hyacinthe qui hérite du château de Bienassis, mettant fin à l'ère des parlementaires.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

Le château de Bienassis est une construction multiphasée dont les origines remontent au milieu du Moyen Age. Ce château du 15ème siècle, transformé et agrandi au goût de la Renaissance au cours du 17ème siècle, a succédé à un manoir du 12ème ou du 13ème siècle à salle à plan basilical et à ossature de bois cerné d´une douve primitive prolongée au cours de la 1ère moitié du 15ème siècle. Propriété d´une famille dénommée de La Motte au milieu du Moyen Age, probablement seigneurs de La Motte d´Erquy, la terre de Bienassis fut acquise au début du 15ème siècle par Jean de Quelennec, seigneur de Quelennec en Quintin, uni à Tiphaine du Fou en 1374. L'actuel corps de logis a été reconstruit pour Geofroy de Quelennec, fils cadet de Jean de Quelenec, entre 1414, date à laquelle le manoir primitif est déclaré en ruine, et 1434, date à laquelle l´existence d´un manoir neuf est attestée. Une enquête datée de l'année 1434 stipule en effet que le manoir primitif « estoit mal logé et y avoit une ancienne salle gasté et vidé, laquelle ledit Geoffroy [de Quellenec] a fait tresbien réparer et édiffier et auxi y a fait une meson neufve ». Occupé par les troupes du duc de Mercoeur pendant les guerres de la Ligue (fin du 16ème siècle), il a connu d´importantes transformations et a été agrandi vers l´ouest au cours du 17ème siècle. D´après Gwyn Meirion-Jones et Michael Jones, les travaux furent entrepris par Gilles Visdelou, seigneur de La Goublaye en Saint-Alban, et son épouse Françoise de Quelennec, qui consacrèrent toute leur attention à la reconstruction de l´entrée de la cour (pont, mur, porche et pavillons d´angle) durant la première décennie du 17ème siècle. Toujours selon les mêmes sources, il est très probable que le mur d´enceinte actuel date du 15ème siècle et qu´il fut modifié lors des travaux de transformations du début du 17ème siècle. Jusqu´à la fin du 17ème siècle, la deuxième campagne de travaux concerna l´ensemble du corps de logis. Plusieurs modifications d´ordre structurel motivées par la recherche d´un plus grand confort et de l´intimité (surélévation du rez-de-chaussée, ajout de cloisons et de boiseries, insertion de plafonds/planchers) furent entreprises et la façade antérieure fut rhabillée au goût du jour. Le corps de logis fut agrandi vers l´ouest d´une nouvelle cage d´escalier et d´un corps de bâtiment, puis la tour d´angle antérieur gauche du 15ème siècle fut rebâtie à l´extrémité du nouveau bâtiment. Sous la revolution, le château et son domaine ont été confisqués et vendus comme bien national. Les propriétaires du château entreprirent au cours du 19ème siècle et au début du 20ème siècle une réorganisation de l´espace bâti essentiellement dans la cour intérieure (c´est de cette époque, plus précisément vers 1905, que date notamment le bâtiment dit du dôme de l´horloge). Les façades et les toitures, le grand escalier, la grande avenue et le jardin, ainsi que la poterne d'entrée ont été classés Monument Historique par arrêté du 29 août 1945.

(Inventaire préliminaire, Erquy, Patrick PICHOURON, 2004)

Le château de Bienassis et ses propriétaires

Le château de Bienassis, datant du 15e siècle, a été successivement modifié par quatorze seigneurs et familles qui l’ont habité.

Les origines (13e au 14e siècle)

Le domaine de Bienassis trouve ses racines dans une probable motte féodale datant du 13e siècle. Avant 1374, il appartenait à la famille de La Motte, probablement liée aux La Motte-Rouge ou La Motte-Coron. Cette hypothèse est suggérée par la présence de toponymes tels que "place de la Motte" et "Motte verte" à Erquy. Leurs armoiries comportaient "de sable, fretté d'or de six pièces", une variante du blason des La Motte.

Les de Quélennec (14e au 16e siècle)

Au début du 14e siècle, Jean de Quélennec, dont la lignée remonte à 1268, acquiert le domaine de Bienassis grâce à son mariage avec Tiphaine du Faou en 1374. En 1412, avec le consentement de son fils aîné, Jean II, il transmet la propriété à son fils cadet, Geoffroi, qui en devient le seigneur en juveigneurie, rattachée à la seigneurie de La Ville-Pépin à Hillion. Le domaine comprend alors au moins 100 journaux (environ 32 hectares), incluant un moulin et plusieurs fiefs dans les environs.

Son fils Alain de Quélennec hérite du domaine et déclare en 1480 un revenu annuel de 200 livres. François de Quélennec, son fils lui succède. Ce dernier est davantage connu pour ses activités de piraterie que pour la gestion du domaine de Bienassis. Après son décès en 1505, son frère Jean III lui succède et épouse Jeanne du Fou. Leur fils Jacques, marié à Catherine de la Marche, effectue un don à l’église d’Erquy pour agrandir un enfeu devant le maître-autel en 1516, consolidant ainsi les liens avec l'église locale. À sa mort en 1532, son fils Jean IV lui succède. Ce dernier étend les possessions familiales dans le Finistère et déclare en 1536 que le château de Bienassis possède des terres boisées, un moulin à vent et plusieurs autres propriétés.

Les Visdelou (16e au 18e siècle)

Jean V de Quélennec meurt sans héritier direct en 1587, et le domaine revient à sa sœur Françoise, qui le transmet à son premier mari, Christophe de Tréal, en 1588. Après la mort de ce dernier, Françoise épouse Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye, entre 1591 et 1592. Ce mariage marque le début de l’appartenance pour environ 120 ans du domaine de Bienassis à l’éminente famille des Visdelou. Gilles de Visdelou entreprend la reconstruction du château vers 1600, après que ce dernier a été endommagé par la guerre de la Ligue. Il refait l’entrée du château, incluant le pont, le mur d’enceinte et le pavillon d’angle, et modifie le corps du logis.

Son fils Claude qui est l'héritier du domaine, né à Plévenon en 1593, devient président des Enquêtes au Parlement de Bretagne en 1637. Il poursuit les travaux entrepris par son père. Il surélève le rez-de-chaussée, ajoutant de nouvelles structures et maximisant l’espace. De nouvelles cloisons, boiseries, plafonds et planchers sont installés, et la façade antérieure est rénovée pour lui donner un aspect plus moderne. Toutefois, la majorité de ces travaux seront achevés par son successeur. En réalité, le président réside rarement à Bienassis, préférant habiter dans ses hôtels particuliers à Quimper ou à Rennes. Il meurt en 1658, laissant la propriété à son fils François-Hyacinthe.

Né en 1651, François-Hyacinthe est gouverneur de Quimper et se marie à Marie-Anne Salou, mariage fructueux pour les Visdelou car il apporte une grande richesse qui lui permet d’agrandir la seigneurie de Bienassis en achetant de nouvelles terres et rentes. Il poursuit les travaux commencés par son grand-père et père, et en entreprend de nouveaux entre 1680 et 1690. Avec son épouse, il réaménage l’ensemble du château permis par l’extension de celui-ci vers l’ouest.  L’une des pièces majeures est la création d'un vestibule d’entrée avec un escalier d’honneur monumentale en maçonnerie aux références marines avec le dessin d’une encre permis par la forme du couvrement de l’escalier. Un grand salon est aménagé au rez-de-chaussée et un plafond français peint, porte les armoiries de la famille de Visdelou et de Marie-Anne Salou, est réalisé pour marquer leur engagement dans la rénovation. Vers 1700, huit journaux de terre sont ajoutés au domaine ce qui permet la création de l’avenue principale du château.

La noblesse de cour à Bienassis (1714-1765)

À la mort de François-Hyacinthe en 1714, son fils René-François, président des Enquêtes au Parlement, lui succède brièvement. Sans héritier masculin, le domaine passe à sa fille, Marie-Anne-Hyacinthe, qui épouse Louis Engelbert, comte de la Marck. Ce dernier, membre de l’illustre famille des La Marck, réside rarement à Bienassis, préférant employer un régisseur, M. Le Viet de la Houdinaye, jusqu’en 1728. Leur fille Louise-Marguerite épouse le duc d'Aremberg. Ils sont de riches propriétaires, la valeur de leurs propriétés atteint 1 863 000 livres, dont Bienassis qui équivaut à 397 000 livres. Cette famille qui vie exclusive à Paris, décide en 1765 de vendre l’ensemble des biens bretons issus de Louise-Marguerite de la Marck.

Le retour des Visdelou (1765-1793)

En 1765, le duc d'Aremberg vend alors le domaine de Bienassis à François-Xavier Visdelou, comte de la Ville-Théart. Ce dernier, descendant des Visdelou, entreprend des travaux d’aménagement paysagé autour du château, créant des jardins à la française. En 1783, François-Xavier Visdelou devient le premier directeur des haras de Lamballe. Le château de Bienassis est alors aménagé pour cette activité avec notamment la Grande Avenue, qui s’étale sur 1,1 kilomètre permettant des courses de chevaux. Cependant, en 1793, les troubles révolutionnaires obligent le comte à émigrer, et le château est saisi comme bien national. Transformé en lieu de détention, il est ensuite vendu en 1796 au général Jean-André Valletaux, qui en fait l’acquisition pour son usage personnel.

Après les troubles révolutionnaires

Le général Valletaux, commandant du département des Côtes-du-Nord, meurt en 1811 en Espagne. Ses descendants conservent la propriété jusqu’en 1883, lorsqu’ils décident de la vendre à la famille de Kerjégu. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands occupent le domaine avant de le quitter en 1945. La famille de Kerjégu, actuelle propriétaire, a entrepris des restaurations importantes, notamment après l’ouragan de 1987 qui a dévasté le parc.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Période(s)
    • Principale : Milieu du Moyen Age , (détruit)
    • Principale : 1ère moitié 15e siècle , (détruit)
    • Principale : limite 16e siècle 17e siècle
    • Secondaire : 2e moitié 17e siècle
    • Secondaire : 19e siècle
    • Secondaire : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1414, daté par source
    • 1434, daté par source
    • 1596, daté par source
  • Auteur(s)
    • Personnalité :
      Visdelou Gilles
      Visdelou Gilles

      Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye et de Bienassis, est un notable breton né avant 1591, probablement vers 1560. Marié en 1591 à Françoise du Quellenec, il devient propriétaire du domaine de Bienassis, qu’il hérite à travers son mariage.

      Partisan d’Henri IV pendant la guerre de la Ligue, Gilles subit de nombreuses pertes : ses domaines sont confisqués pendant dix ans par le duc de Mercoeur, et il est fait prisonnier lors de la prise du château de Guémadeuc, dont il avait le commandement, étant ensuite rançonné pour 24 000 livres. Le château de Bienassis est occupé par les ligueurs pendant trois ans, avant de se retrouver en ruine à la fin du conflit. Après la paix, il se retire au Fort-la-Latte.

      En reconnaissance de ses loyautés envers Henri IV et Louis XIII, il reçoit des récompenses, notamment le collier de Saint-Michel et une aide financière d'Henri IV. Gilles de Visdelou meurt après 1600, et son héritage est transmis à ses descendants. Son mariage avec Françoise du Quellenec marque l’entrée des Visdelou à Bienassis, un domaine qu’ils conserveront pendant plus d’un siècle.

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    • Personnalité :
      Visdelou Claude
      Visdelou Claude

      Claude de Visdelou, né le 24 juillet 1593 à Plévenon et baptisé à Saint-Alban, est un notable et parlementaire breton. Il est le fils de Gilles Visdelou, seigneur de la Goublaye, et de Françoise du Quellenec, dame de Bienassis. En 1625, il épouse Jeanne de Guer, fille de Charles de Guer, chevalier de l'Ordre du Roi, avec qui il a huit enfants, dont deux fils, Charles et René-César.

      Il est nommé conseiller au Parlement de Bretagne le 1er décembre 1634, après avoir surmonté les réticences liées à son origine non bretonne. En 1637, il devient président des Enquêtes. Il occupe diverses fonctions, dont celle de sénéchal du présidial de Quimper en 1626, qu'il résigne en 1632. En 1656, il vend sa charge de conseiller et sa commission de président à Jégou pour 170 000 livres.

      Claude de Visdelou meurt le 4 mai 1658 et est inhumé à Saint-Alban. Son décès est mentionné dans un acte de partage à Rennes le 2 août 1660.

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    • Personnalité :
      Visdelou François-Hyacinthe
      Visdelou François-Hyacinthe

      François-Hyacinthe de Visdelou, né en 1651, est le petit-fils de Gilles de Visdelou, seigneur de la Goublaye et de Bienassis. Il est gouverneur de Quimper et mène une carrière dans les armes. En 1674, il épouse Marie-Anne Salou, fille unique du sénéchal de Quimper, ce qui lui permet d’acquérir une grande fortune, notamment une rente de 48 000 livres, faisant de lui l’un des gentilshommes les plus riches de Bretagne.

      François-Hyacinthe poursuit les travaux entrepris par son grand-père et son père à Bienassis, en réalisant des rénovations importantes entre 1680 et 1690. Il est notamment à l’origine de la construction du grand escalier à deux volées droites et de l’aménagement du salon du château. En 1700, il agrandit également le domaine en acquérant huit journaux de terre, ce qui permet la création de l'avenue principale du château.

      En plus de ses investissements dans Bienassis, il achète plusieurs propriétés, dont un hôtel à Rennes et des matériaux pour les rénovations du château.

      François-Hyacinthe meurt en 1714 et laisse le domaine à son fils aîné, René-François de Visdelou, qui lui succède brièvement avant de décéder en 1715.

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Le château de Bienassis est situé au coeur d'un domaine important localisé à environ 5 km au sud-ouest du bourg d'Erquy, aux limites des communes de Saint-Alban et de Pléneuf-Val-André. L'ensemble forme une importante entité architecturale édifiée en grès, granit et poudingue et comprend d´importantes structures paysagères (allée, jardins clos). Une grande allée, dénommée « grande avenue » dessert un important corps de logis situé dans un enclos constitué de deux plates-formes inégales bordées de douves aménagées en forme de huit rectilinéaire enjambées au sud par un pont ayant succédé à un pont levis. Le corps de logis construit en grès et granite présente deux époques de construction distinctes (15ème siècle à l´est, 17ème siècle à l´ouest) dissimulées par une façade antérieure homogène ajourée de six travées régulières et cantonnée d´une tour hors-oeuvre à chaque angle. Il est composé d´un sous-sol, d´un rez-de-chaussée surélevé, d´un étage carré et d´un étage de comble. Le parti pris régulier et symétrique apparent de la construction résulte des modifications apportées au 17ème siècle. La partie ancienne existante, ou partie médiévale, est un bâtiment à trois pièces par étage (structure ternaire) construit sur un plan en T renversé avec tour d´escalier demi-hors-oeuvre dans l´angle sur élévation postérieure, tour hors-oeuvre sur l´angle sur élévation antérieure, aile postérieure abritant les cuisines au rez-de-chaussée et corps de bâtiment principal comprenant des chambres de part et d´autre d´une salle basse et d´une salle haute sous charpente avec galerie en surplomb à l´est. Selon Gwyn Meirion-Jones et Michael Jones, divers indices, notamment la présence d´un escalier en vis dans l´angle nord-est de la salle, suggèrent à l´ouest la présence à l´origine d´un corps de bâtiment à pièce unique par étage avec tour d´escalier hors-oeuvre sur l´angle sur élévation antérieure, et probablement une autre tour à l´arrière abritant des latrines. Cette partie ancienne était donc un bâtiment composée de quatre pièces par étage à l'origine. La partie « récente », ou partie renaissance, prolonge la partie ancienne vers l´ouest. Elle comprend une cage d´escalier centrale abritant un escalier de distribution en maçonnerie monumental à deux volées, tournant à retours sans jour, à balustres et un corps de bâtiment abritant un grand salon au rez-de-chaussée.

(Inventaire préliminaire, Erquy, Patrick PICHOURON, 2004)

Un regard sur le domaine de Bienassis (15e siècle au 20e siècle)

Depuis le 15ème siècle, le château de Bienassis a connu une évolution architecturale signifiante. Initialement en ruines en 1414, le domaine est restauré en 1434 par Geoffroi de Quélennec qui qui y construit des nouveaux communs et un "splendide manoir neuf" (AD 22, Enquête de 1434) suivant un plan tripartite typique du 15ème siècle, avec chambres à l'ouest et à l'est, salles au centre et une cave semi-enterrée. En dehors de ces travaux, il entreprend des aménagements extérieurs pour une transformation radicale du domaine. Il récupère ses landes et les rend cultivables, multipliant par six la superficie des terres cultivables (de 5 à 30 journées) avec en moyenne un revenu annuel d’environ 140 livres. Son fils Alain de Quélennec hérite d'un domaine considérablement agrandi, faisant 100 journaux (environ 32 hectares). Il possède un moulin, son étang, et divers fiefs. Le revenu annuel en 1480, déclaré lors d’une montre par Alain de Quélennec, est de 200 livres. En 46 ans, le revenu annuel est triplé. Au 16e siècle, un aveu de Jean de Quélennec de 1583 indique que la seigneurie de Bienassis s'étend sur plusieurs terres : elle comprend des métairies comme celle de la Porte (100 journaux, environ 32 hectares), le manoir du Fougeray (8 journaux, environ 3 hectares), et une autre métairie à Boisregnault, ainsi que des maisons et manoirs au Plessis d'Erquy. La seigneurie s'étend alors sur 465 journaux (environ 153 hectares) à Erquy et 11 journaux (3,6 hectares) à Pléneuf. Terres réparties en 14 tenues principales, dont celle de Saint-Pabu, la plus grande avec 150 journaux. Elle comptait 126 fermiers et 46 maisons. Parmi les droits seigneuriaux, le sire de Bienassis percevait un péage à Saint-Pabu sur les personnes ramassant des matériaux sur la plage de Cargouet.

Les transformations majeures de la Renaissance sont attribuées à Gilles de Visdelou (après 1591), confirmé par dendrochronologie d’une des poutres du pavillon dont les résultats révèlent l’abattage du bois après 1596. Gilles de Visdelou se marie en 1591, on peut supposer que les travaux débutent qu’après cette date.  Le couple reconstruit l'entrée dans le style de l'époque, installe une chapelle à l'étage du pavillon sud-ouest, et rénove entièrement la résidence principale pour plus d'intimité et de confort. Les jardins à la française, visibles sur le cadastre, datent du 16ème siècle. La fin du 17ème siècle voit François-Hyacinthe Visdelou achever les travaux avec notamment la construction du grand escalier à deux volées droites. Concernant le domaine, nous n’avons pas d’informations avant le procès-verbal dressé en 1796.

D'après ce procès-verbal du 6 fructidor an 4 (23 août 1796), le domaine de Bienassis totalise 232 journaux et 70 cordes (environ 76 hectares), incluant le château avec ses dépendances, 11 métairies dont quatre métairies nobles rattachées à la retenue (la Porte, le Fougeray, Saint-Quérreuc et la Ville-Magdeleine), sept écarts dans les paroisses environnantes et deux moulins dont un à vent. Cette superficie est celle recensée par les commissaires de la République, ce qui peut expliquer la baisse de la superficie de 51% entre le 16e siècle et le procès-verbal. Le cas de la métairie de La Porte est flagrant, l’aveu de 1583 rapporte que la métairie de la Porte fait 100 journaux, environ 32 hectares alors que le procès-verbal déclare qu’elle ne fait qu’un journal, soit 32,86 ares ! Cependant ces terres, initialement arides, sont désormais aménagées avec des fossés alimentant les douves, des prairies à l'est vers la vallée, des terres labourables vers la mer, et des bois au sud traversés par une longue avenue d'honneur. Le domaine avec le château principal et ses dépendances, bois, terres labourables, vergers, prés, moulin et métairies est divisé en 29 lots. Le total rapporte un revenu annuel estimé à 1711 francs pour un capital de 63 957 francs.

Au 19ème siècle, après l'acquisition par la famille de Kerjégu en 1883, de nouvelles modifications sont apportées, notamment la destruction de bâtiments dans la cour principale dont les écuries, remplacées au 20ème siècle par un nouveau bâtiment. Le domaine subit également les ravages de l'ouragan de 1987, nécessitant d'importantes replantations dans le parc.

(Enquête thématique régionale, Inventaire des demeures parlementaires en Bretagne - les châteaux de parlementaires en Côtes-d'Armor, Flavie Dupont, 2025)

  • Murs
    • grès
    • granite pierre de taille
    • poudingue
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit conique
    • toit en pavillon
    • toit à l'impériale
    • appentis
    • noue
    • croupe brisée
    • pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier demi-hors-oeuvre : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    cour fermée. Logis à quatre pièces par étage. Tour d'escalier demi-hors-oeuvre dans l'angle sur élévation postérieure. Salle basse. Salle haute sous charpente. Style Renaissance. Escalier dans-oeuvre tournant à retours sans jour
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    classé MH, 2013/04/25
  • Précisions sur la protection

    Eléments protégés : façades et toitures, grand escalier, poterne d'entrée, allée et jardin.

  • Référence MH

Oeuvre protégée. L'étude est souhaitable.

Documents d'archives

  • AD Côtes-d'Armor : E 119 (1542-1555).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 136 (1556-1558).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 239 (1450-1710).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 240 (1558-1709).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 241 (1422-1765).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 242 (1426-1483).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 243 (1473-1624).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 244 (1625-1682).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 245 (1690-1743).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 246 (1468-1770).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 247 (1496-1682).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 248 (1429-1751).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 490 (18ème siècle).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 510 (1789).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 511 (1789).

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • AD Côtes-d'Armor : E 1529 (1434-1789).

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  • AD Côtes-d'Armor : 1 E 494.

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    plan de la paroisse d'Erquy en 1786
  • AD Côtes-d'Armor : 4 num 1/10, plans cadastraux parcellaires de 1811.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
    Numplan 17, section K, 1ère feuille
  • AD Côtes-d'Armor : 4 num 1/20, plans cadastraux parcellaires de 1846.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
    Numplan 25, section E, 2ème feuille
  • AD Côtes-d'Armor : fonds Frotier de La Messelière, 60 J 226 : planches de dessins de monuments et de sculptures, recueil in-plano (Penthièvre : 138 planches).

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Bibliographie

  • AD Côtes-d'Armor : 7 bi 118 (1). Frotier de La Messelière, Henri. Manoirs et principaux fiefs du département des Côtes-du-Nord. I : L'Abbaye - Le Clos-Olivier.

    Archives départementales des Côtes-d'Armor
  • GIRARD, Raymond. Château de Bienassis. In : Congrès archéologique de France, 107ème session, Saint-Brieuc, Paris, 1949.

    p. 165-171
  • LA MOTTE ROUGE, Daniel de. Châtellenie de Lamballe. Vieilles demeures et vieilles gens. Hénansal : Daniel de la Motte-Rouge, 1977.

    p. 158-171
  • LA MOTTE ROUGE, Daniel de.Vieux logis, vieux écrits du duché de Penthièvre. Le Mans : Imprimerie M.G.T., 1986.

    p. 182
  • LE GAL LA SALLE, Jean-Pierre. Histoire d'Erquy. Erquy sous l'Ancien Régime. Bannalec : Imprimerie Régionale, 1991, 1.

    p. 317-372
  • MEIRION-JONES, Gwyn. The seigneurial domestic buildings of Brittany. First Interim Report, 1983-1985. London : London Guildhall University, 1986.

  • MEIRION-JONES, Gwyn, JONES, Michael, BRIDGE, Martin. Bienassis en Erquy. In : Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, actes du congrès de Lamballe, Bannalec : Imprimerie Régionale, 2003, 81.

    p. 545-602
  • SAULNIER, Frédéric. Le Parlement de Bretagne, 1554-1790. Imprimerie de la Manutention. 1991. 2 vol.

    ISBN : 2-8554-047-X

    Région Bretagne (Service de l'Inventaire du patrimoine culturel) : 35 REN hist

Annexes

  • Annexe n°1
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004, 2025
(c) Inventaire général
(c) Conseil général des Côtes-d'Armor
(c) Région Bretagne
(c) Vieilles Maisons Françaises (VMF)
(c) Université de Rennes 2
Dupont Flavie
Dupont Flavie

Etudiante à l'Université Rennes 2, master 2 Histoire, civilisations et patrimoine double parcours Histoire et Sciences-sociales et parcours Médiation du Patrimoine de l'Histoire et des Territoires.

Dans le cadre d'une étude sur les châteaux parlementaires costarmoricains pour la réalisation d'un mémoire de recherche historique sur les châteaux habités par des parlementaires bretons. En partenariat avec l'association VMF et la Région Bretagne.

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