Dossier d’œuvre architecture IA29001110 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Batterie d'artillerie de côte (A 59), Kerbreslaouen (Plounéour-Brignogan-plages)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Lesneven
  • Commune Plounéour-Brignogan-plages
  • Lieu-dit Plounéour-Trez, Kerbreslaouen
  • Cadastre OF 284  ; OF 1539  ; OF 1540  ; OF 1541
  • Précisions commune fusionnée après inventaire Commune inventoriée sous le nom de Plounéour-Trez
  • Dénominations
    batterie, blockhaus, casemate, abri, magasin de munitions
  • Destinations
    remise agricole

La batterie d’artillerie de Kerbreslaouen à Plounéour-Brignogan-plages a été construite par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Sur le site sont conservés quatre bunkers-casemates frontales de type 669 pour canon de campagne de 7,62 cm de calibre de fabrication soviétique. L’intérêt de ces bunkers est également de conserver des marquages et des instructions de tir en bon état.

Créé en 2002, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne.

Aménagée par l’Allemagne nazie entre 1943 et 1944, cette batterie d’artillerie de côte (Heerküstenbatterie) constitue l’un des maillons du Mur de l’Atlantique (Atlantikwall) en Bretagne. Un groupe de trois batteries d’artillerie de côte divisionnaires (Divisionsbatteries) protège la baie de Goulven et ses approches maritimes, la plage de Keremma et la grève de Goulven d'un débarquement anglo-saxon.

Cette batterie est armée par quatre canons de campagne de 7,62 cm de fabrication soviétique d’une portée maximale de 13 km avec une cadence de tir maximale de 12 coups/min. La dénomination "FK 39" est l’abréviation de Feldkanone, canon de campagne, modèle 1939, car ils ont été modifiés avec l’ajout d’un frein de bouche pour diminuer les effets du recul. L’axe de tir est l’est-nord-est (axe principal à 75 degrés), c’est-à-dire avec un objectif marin dans la baie de Goulven à plus de 3,5 km de distance pour détruire les navires transportant des troupes, des chars et des armes lourdes. La batterie n'est pas visible de la mer ce qui permet de surprendre "l'ennemi" sur des positions préalablement enregistrées et d'éviter les tirs de contre-batterie. Elle est vraisemblablement servie par le régiment d’artillerie (Artillerie-Regiment abrégée en AR) 7/343.

Le tir des canons de la batterie, commandés par un officier, secondé par des observateurs et des calculateurs, était dirigé via des liaisons téléphoniques câblées et radios depuis des observatoires d’artillerie. Les liaisons sont assurées par la section des transmissions de la batterie. Un bunker-poste d’observation d'artillerie est implanté sur une hauteur près des lieux-dits Kerilien - Kermabon à Plouider. Un second bunker-poste d’observation d'artillerie est signalé près du lieu-dit le Menhir à Plounéour-Trez (à 275 m en arrière du trait de côte).

Le tir de barrage (Sperrfeuer) de ses canons est baptisé "Unstrut" (selon les marquages peints sur les murs intérieurs des bunkers-casemates), en référence au nom d'une rivière allemande affluente de la Saale. La cadence de tir est de 12 coups toutes les 2 mn.

Cette batterie d'artillerie est dite hippomobile car les canons et le matériel nécessaire - dont les projectiles (obus et gargousses) - sont tractés par des chevaux. Pour le fonctionnement d’une seule batterie d’artillerie de quatre pièces, il faut compter 3 officiers, 24 sous-officiers et 86 hommes de troupe ainsi que 20 chevaux de monte et 75 chevaux de trait. La ferme nommée Kerbreslaouen (et sans doute d’autres fermes alentours) est réquisitionnée pour accueillir les soldats et subvenir aux besoins des chevaux nécessaires au fonctionnement de la batterie hippomobile.

Selon les archives allemandes, cet ensemble fortifié est tantôt numéroté "Av 59" ou "A 59" (carte allemande d’état-major). Le préfixe fait référence au groupe défensif côtier Aber Wrac'h - Lesneven qui s’étend de Plouescat à l’est à Landéda à l’ouest et qui comptait 1 135 constructions permanentes ou de campagne en juillet 1943.

Le plan-type ou construction standard (Regelbau) 669 est mis en service le 18 avril 1943. Dans l’attente de la construction des quatre bunkers- casemates, les pièces d’artillerie étaient installées dans des emplacements de campagne.

Au 1er juillet 1943, c’est la 343e division d’infanterie allemande - dont le poste de commandement est implanté à Landerneau - qui est en charge de ce secteur.

Cette batterie d’artillerie est évacuée sans combat le 7 août 1944.

Implantation de la batterie d’artillerie

Cette batterie d’artillerie est située dans l’intérieur des terres à 2,7 km de la mer, à l’est du bourg de Plounéour-Trez et à environ 20 m au-dessus de la mer. Elle est implantée sur les terres de la ferme nommée Kerbreslaouen. A 300 m passait la voie ferrée qui desservait Plouider, Tréflez, Plouescat, Goulven, Plounéour-Trez et Brignogan (cette voie ferrée a sans doute servi à approvisionner le chantier de construction).

Au moins huit constructions composent à l’origine cette batterie d'artillerie de côte.

Quatre bunkers-casemates de type 671 en élévation

La batterie se compose notamment de quatre bunkers-casemates de type 669 (Schartenstand für Feldgeschütze 60° ohne Nebenräume que l’on peut traduire par casemate pour canon de campagne sur affût pivotant sans locaux annexes [ouverture de tir à 60°]) en élévation. Ils abritaient chacun à l’origine une pièce d’artillerie. Implantés en arc de cercle ouvert vers l'est, ils sont respectivement espacés du nord au sud de 35 m, 30 m et 40 m.

Construits en béton armé, ces bunkers conçus pour abriter un canon de campagne de 7,5 à 15,5 cm de calibre regroupent une chambre de combat (Kampfraum) et deux niches à munition (Nischen für Munition) de part et d’autre de leur couloir d’accès. Chaque casemate dispose d'environ 350 coups de réserve pour des canons de 7,62 cm de calibre. L’une des deux niches abrite en sus le ventilateur d’extraction des fumées de tir.

Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur (dalle de fondation de 0,8 m d’épaisseur), ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes" (Ständig Ausbau), c’est-à-dire à l’épreuve des bombes aériennes. Les angles extérieurs des bunkers sont arrondis éviter les éclats de béton en cas de bombardement.

La construction d'un seul bunker de ce type nécessite un terrassement de 150 m3, 495 m3 de béton, 22 t de fer rond en ferraillage et 8,3 t de fer profilé pour le plafond. Il s’agit d’un type de bunker très répandu sur le Mur de l’Atlantique (600 exemplaires selon Rudi Rolf). Au total pour les quatre bunkers-casemates, cela représente un volume de 1 980 m3 de béton armé.

Sont conservés à l’intérieur des quatre casemates des marquages et inscriptions liés à la conduite de tir (nom du tir de barrage et cadences de tir). Ces bunkers ont également pour particularité le traitement texturé du béton extérieur à des fins de camouflage.

Des bunkers-abris semi-enterrés dans le sol

La vue aérienne verticale (1950-1965) montre la présence de quatre bunkers enterrés.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • terrasse
  • Énergies
    • énergie électrique produite à distance
    • énergie électrique produite sur place
  • État de conservation
    bon état, désaffecté
  • Techniques
    • peinture
  • Précision représentations

    Marquages et inscriptions liés à la conduite de tir.

    Sperrfeuer "Unstrut" u. Gr.R. 76 mg 7450 _ Kampfsätze _ Sperrfeuer "Unstrut" u.Gr.R. 75 mg 74 _ 2.Kampfsätze in 2.Min _ Sperrfeuer "Unstrut" u.Gr.R. 7_mg _ 2.Kampfsätze in 2 Min. = 12 Schuss Sperrfeuer "Unstrut" u.Gr.R. 76 mg 7200 _ Kampfsätze in 2.Min. = 12 Schuss.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Éléments remarquables
    blockhaus, casemate

Documents d'archives

  • Schartenstand für Feldgeschütze (60°) ohne Nebenräume (Regelbau 669).

    Bundesarchiv, Koblenz, Deutschland : RH_2_410_0193 - RH_2_410_0193
  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest
  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l´Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense du Château de Vincennes). Texte en liasse ; plans et photographies.

    https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=467&titre=rapport-pinczon-du-sel-sur-les-installations-du-mur-de-l-atlantique

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SHDMV MV 2DOC 3

Bibliographie

  • ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.

  • FLEURIDAS, Patrick. HERBOTS, Karel. PEETERS, Dirk. Constructions normalisées. 600-699. 700-704. Regelbauten. S. l., 2008, 183 p., 2-914827-27-X.

  • CHAZETTE, Alain, DESTOUCHES, Alain, TOMINE, Jacques, PAICH, Bernard, LAURENT, Jacky. Atlantikwall. Mythe ou réalité. Bonchamp-lès-Laval : éditions Histoire et fortifications, 2008, 480 p.

Documents multimédia

  • Regelbau 669 Schartenstand für Feldgeschütze (60°) ohne Nebenräume

    https://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Regelbauten/Atlantikwall/RB669.htm

Annexes

  • Description du plan-type ou plan standard (Regelbau) 669
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2025
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
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