Dossier d’œuvre architecture IA29001360 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Station de radionavigation (Bernhard 2), Montagne Saint-Michel (Saint-Rivoal)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Inventaire général, ADAGP

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Carhaix-Plouguer
  • Commune Saint-Rivoal
  • Lieu-dit Montagne Saint-Michel (Ménez-Mikel), (Mont Saint-Michel de Brasparts)
  • Cadastre OC 867  ; OC 144 chapelle
  • Dénominations
    ensemble fortifié, station radar, blockhaus, poste d'observation, édifice logistique

La Montagne Saint-Michel à Saint-Rivoal est également appelée Mont Saint-Michel de Brasparts. Culminant à 381 m au-dessus du niveau de la mer et jouissant d'un panorama exceptionnel, son sommet accueille la chapelle Saint-Michel (édifiée dans la seconde moitié du 17e siècle, abandonnée pendant la Révolution puis reconstruite au début du 19e siècle) et les vestiges d'une station de radionavigation de l’Allemagne nazie (aménagée en 1942).

Cette station de radionavigation, équipée à l'origine d’une gigantesque antenne rotative utilisant le système de radionavigation Bernhard, témoigne de la Bataille des faisceaux (en anglais, Battle of the Beams). Ce système, ultramoderne pour l’époque, permettait aux avions nazis de déterminer leur position. Au moins seize stations de radionavigation de ce type ont été aménagées en Europe durant la Seconde Guerre mondiale ; les plus proches de Saint-Rivoal étant celles de La Pernelle dans la Manche et de Saint-Michel-Mont-Mercure - Sèvremont en Vendée.

Le site de la Montagne Saint-Michel conserve une quinzaine d’éléments bâtis : bunkers en béton armé de faible épaisseur et tranchées. Non cadastrés, ces éléments sont plus ou moins visibles, du fait de remblaiements anciens et de la végétation.

Site emblématique du Parc naturel régional d'Armorique, la Montagne Saint-Michel a fait l’objet d’une valorisation par le Conseil Départemental du Finistère afin de proposer une lecture du patrimoine naturel, paysager et historique. La chapelle Saint-Michel a été entièrement restaurée après l’incendie de l’été 2022. Le pivot de l’antenne de radionavigation accueille désormais une gigantesque carte en relief des Monts d'Arrée dont les cardinales - implantées sur le ballast en béton de l'antenne rotative - s'inspirent de l'histoire de la station de radionavigation.

Créé en 2002, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne. Cette station de radionavigation a été étudiée en détail par Giancarlo T. Tomezzoli (voir bibliographie).

Vraisemblablement aménagée en 1942 par l'Allemagne nazie, cette station de radionavigation de la Luftwaffe est numérotée "Be 2". Elle repose sur le système de transmission radio Bernhard développé en 1941 par l’entreprise Telefunken (Funk-Sende-Anlage 724/725, abrégé en FuSAn 724/725) pour remplacer le système Knickebein utilisé notamment à la station de radionavigation de Saint-Fiacre à Lanmeur.

Les avions étaient équipés d’un récepteur compact à impression Hellschreiber (FuG 120 "Bernhardine"). La portée de ce système de radionavigation variait suivant l’altitude des avions : de 120 km à 500 m d'altitude à 400 km à 5 000 m d'altitude avec une précision de plus ou moins 1° en azimuth, puis 0,5°. En mai 1945, 2 500 avions nazis environ étaient équipés de ce type de récepteur.

La station de la Montagne Saint-Michel est identifiée par la Royal Air Force le 6 octobre 1942 d’après des photographies aériennes prises le 24 septembre 1942.

Après la Seconde Guerre mondiale, les équipements de la station sont rapidement pillés ; le site est déminé et désobusé. L’antenne rotative et le mât d’étalonnage situé à l'ouest-nord-ouest (pylône de 20 m de hauteur) sont vendus en 1946 à un ferrailleur brestois, puis démontés entre 1946 et 1948. Partiellement remblayées, les constructions sont désaffectées.

Au nombre d’une quinzaine au moins, les éléments bâtis formant la station de radionavigation de la Montagne Saint-Michel sont organisés de manière concentrique autour de l’antenne. Il s’agit de constructions de campagne (Feldmässiger Ausbau, abrégé en FA ou Fm) en béton de faible épaisseur.

D'un poids total de 120 t, l'antenne mesurait 35 m de largeur pour 28 m de hauteur. Elle tournait électriquement à 360° au rythme de deux rotations par minute grâce à un pivot central et à deux doubles boggies roulant sur deux rails circulaires disposés sur un ballast en béton (les fixations du rail sont encore visibles). Le rail extérieur mesurait 22,6 m de diamètre. Les deux émetteurs radio étaient disposés sous l’antenne dans un long baraquement en bois. Remblayé, le pivot central en béton armé accueille un support de médiation (2025).

A l’est de l’emplacement de l’antenne, trois grandes cuves de plan rectangulaire [disparues] pour baraquement en bois sont identifiables sur la vue aérienne de 1948 de l’Institut national de l'information géographique et forestière et sur des cartes postales. Près de la chapelle se trouvait une construction [détruite] abritant le transformateur électrique.

Sur le site sont toujours visibles des constructions enterrées dans le sol : trois bunkers (abris pour des soldats, pour des machines ou des équipements ?), deux bassins faisant citernes, des supports de câbles d’antenne, des emplacements de tir pour la défense antiaérienne (le long du chemin à l’est notamment), des niches à munitions et au moins une tranchée de communication.

L'emplacement d'un mât d’antenne a également été identifié à plus de 900 m à l’ouest-nord-ouest de la chapelle Saint-Michel par Giancarlo T. Tomezzoli (voir bibliographie). Il était relié par câble au sommet de la Montagne Saint-Michel.

  • Murs
    • béton béton armé
    • pierre sèche
  • Toits
    béton en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Énergies
    • énergie électrique produite à distance
    • énergie électrique produite sur place moteur thermique à combustion interne
  • État de conservation
    détruit, vestiges, mauvais état, envahi par la végétation, inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété du département, parcelle appartenant au Conseil Départemental du Finistère
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre, à signaler
  • Sites de protection
    site inscrit, parc naturel régional

Site classé en 1910 au titre de la loi du 2 mai 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général. Les Monts d'Arrée sont inscrits en totalité depuis 1966.

Bibliographie

  • TOMEZZOLI, Giancarlo T, DUPONT, Philippe. "Die Drehfunkfeueranlage Bernhard auf dem Mont Saint-Michel de Brasparts". Köln : Verlag Harry Lippmann, DAWA Nachrichten, Ausgabe 57, 2011, p. 4-15.

Périodiques

  • TOMEZZOLI, Giancarlo T. "The Monitoring Mast of the WWII German W/T Station Be-2". Archaeological Discovery, 7, 2019, p. 75-83.

    https://www.scirp.org/journal/paperinformation?paperid=91561

Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2025
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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