Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Plouigneau
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Commune
Lanmeur
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Lieu-dit
Saint-Fiacre,
Au nord de Kervern
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Cadastre
OA
0342
;
0A
0343
;
OA
0345
;
OA
0264
;
0A
0270
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Dénominationsensemble fortifié, station radar, blockhaus, abri, édifice logistique
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Destinationsstand de tir, aire des déchets
Implanté dans l’intérieur des terres, sur une colline à 121 m au-dessus du niveau de la mer, le bunker-abri-garage-machines de la station de radionavigation de Saint-Fiacre à Lanmeur a été construit en octobre 1941 par l’Allemagne nazie. Il témoigne de la Bataille des faisceaux (en anglais, Battle of the Beams) marquée en Angleterre par les premiers bombardements de nuit de la Luftwaffe grâce aux émetteurs Knickebein répartis sur le littoral de la Mer du Nord et de la Manche. C’est le croisement des faisceaux radio des émetteurs qui guidait les aviateurs nazis au-dessus de leurs objectifs.
Ce gigantesque bunker comportant cinq alvéoles de grandes dimensions a conservé ses peintures camouflage ocre orangé.
Depuis 1976, il abrite le stand de tir d'une association sportive.
Créé en 2002, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne.
L’ensemble fortifié de Saint-Fiacre à Lanmeur était une importante station de radionavigation de la Luftwaffe (Funk-Sende-Anlage 721 littéralement, "système de transmission radio", abrégé en "FuSAn 721"). Son émetteur de type Knickebein (en allemand, il est baptisé "jambe tordue" en raison de la forme de son antenne) permettait de guider, via des signaux radio, les avions lors de leurs raids nocturnes sur l'Angleterre. Désigné "Dora-Knickebein K11", cette station s’intègre dans un réseau composé de onze stations réparties sur le littoral de la Mer du Nord et de la Manche. C’est le croisement des faisceaux radio des émetteurs qui guidait les aviateurs nazis au-dessus de l’objectif.
Le bunker principal est une construction spéciale (Sonderkonstruktion) édifiée en octobre 1941 (inscription "1/10/41" dans le béton frais). Il est désigné comme abri pour un ensemble de machines (Unterstand für Machinensatz) petite VHF (Kleine UKW) système de balise (Leitstrahlanlage) Knickebein K11. Un groupe électrogène permettait la production électrique nécessaire aux équipements. L’émetteur Knickebein est complété par un radar longue portée de type "FuMG 402 Wassermann".
Le bunker-abri de type 622 n’a pas pu être construit avant le quatrième trimestre 1942, date de création de ce plan-type. En 1944, la station de Saint-Fiacre aurait reçu un radar See-Elefant et un radar Funk-Sende-Empfangsgerät ("émetteur-récepteur radio") abrégé en "FuSE 62 A". La station est bombardée les 19 mai et 23 mai 1944.
Après-guerre, les champs deviennent un terrain militaire car le ministère de la Défense souhaite conserver les bunkers en raison de leur emplacement favorable à une installation de la Marine nationale. Très vite cependant, le cadre d’antenne de l’émetteur Knickebein est ferraillée. Une photographie aérienne oblique issus du rapport Pinczon du Sel montre la station vers 1946-1947. Le mât d’antenne en treillis, haut d’une quarantaine de mètres de hauteur, est celui du radar Wassermann tandis que le chemin de roulement circulaire correspond à l’antenne de l’émetteur Knickebein. Un autre bunker semble visible au nord-ouest du bunker principal.
En 1961, le chemin de roulement du Knickebein est toujours visible sur les photographies aériennes ainsi qu’un bassin-citerne. Le bunker principal est utilisé comme garages et remises agricoles par les propriétaires des champs alentours.
Profitant de son emplacement isolé, le bunker principal est transformé en stand de tir en 1976 : il est loué à la Marine nationale jusqu’à son achat pour 25 000 francs en 1990 par l’Association sportive des Postes et des Télégraphes de Morlaix (club de tir). Une autre partie du site - appartenant à la commune de Lanmeur - a servi d’aire de dépôt de déchet.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
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Dates
- 1941, porte la date
- 1942, daté par travaux historiques
- 1943, daté par travaux historiques
- 1944, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Organisation Todtingénieur militaire attribution par travaux historiquesOrganisation TodtCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Situé sur le territoire de la commune de Lanmeur au lieu-dit Saint-Fiacre (à 3 500 m de la mer et à 1 600 m à l’ouest du bourg de Guimaëc), sur une colline à 121 m au-dessus du niveau de la mer, cet ensemble fortifié est constitué d’un grand bunker destiné à abriter une station de radionavigation, un bunker-abri de type 622 pour le logement des soldats, un bassin-citerne de plan rectangulaire, un encuvement de type L2 pour un canon antiaérien de 2 cm et au moins trois petits bunkers-postes d’observation et de tir dits "Tobruk-Stände" de type VF58c pour la défense rapprochée.
Construit en béton armé, le bunker principal est en partie enterré, mais dispose d’une grande cour en dalle de béton pour la manœuvre des camions. Il comprend cinq grandes alvéoles permettant d’accueillir des véhicules de moins de 3 m de largeur. Les quatre alvéoles orientées vers le sud-est ont conservé leur camouflage d'origine de couleur ocre orangé. Le bunker abrite une usine électrique (pour un groupe électrogène), une pièce pour l'exploitation et la transmission des données aux escadrilles en vol et des casernements pour les officiers. L’inscription Kochen indique les cuisines. Les murs périphériques du bunker mesurent 1,5 m d’épaisseur (le mur de refend central, 1,75 m d’épaisseur tandis que les deux autres murs de refend ne mesurent que 0,8 m). La dalle de couverture a 3 m d’épaisseur. Seuls des puits protégés de ventilation en émergent (ils sont cadastrés). Les deux principaux puits correspondent aux pièces est et ouest. L’un des puits est doté d’échelon. Un tunnel reliait le bunker aux baraquements dans lesquels étaient logés les soldats. Son entrée porte l’inscription Anweisung siehf inne (L’instruction [au sens militaire] demeure à l’intérieur).
Le bunker-abri de type 622 est enterré. Il abrite deux pièces de vie-chambres de troupe pour un effectif maximum de 20 soldats précédé d’un sas commun. Il dispose de deux entrées dont les accès sont flanqués par des créneaux blindés. Un poste d’obsevation et de tir dit Tobruk en assure la défense rapprochée. Murs périphériques et dalle de couverture en béton armé mesurent 2 mètres épaisseur (Baustärke B). Ce plan-type - évolution du type 502 - a été conçu dans le quatrième trimestre 1942. Sa réalisation nécessite 629 m3 de béton, 33 t de fer à béton et 3,8 t de poutrelle profilé.
L’encuvement de type L2 pour un canon antiaérien de 2 cm nécessite 61 m2 de béton.
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Murs
- béton béton armé
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Toitsbéton en couverture
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étagessous-sol, rez-de-chaussée
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Couvrements
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en béton armé
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Couvertures
- terrasse
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Énergies
- énergie électrique produite à distance
- énergie électrique produite sur place moteur thermique à combustion interne
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État de conservationétat moyen, désaffecté, envahi par la végétation, inégal suivant les parties
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Techniques
- peinture
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Précision représentations
Peinture de camouflage.
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Statut de la propriétépropriété d'une association, (Association sportive des Postes et des Télégraphes de Morlaix, club de tir).
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Éléments remarquablesensemble fortifié, blockhaus, station radar
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Collection particulière
- (c) Collection particulière
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
Documents d'archives
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).
Bibliographie
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CHAZETTE, Alain. Atlantikwall-Südwall, Sur les traces du temps. Paris : éditions Histoire et Fortifications, 2002. 367 p.
p. 139-140 -
DELAIGUES, Emmanuelle. RONNÉ, Hervé. Le Mur de l'Atlantique en Bretagne. Bunkers et lieux de mémoire 39-45. Rennes, Editions ouest-France, 2020, 144 p.
p. 36-39 -
GENIEZ, Chantal. La colline Saint Fiacre à Lanmeur. Un patrimoine oublié. 2021
Périodiques
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CLECH, Jean. "Histoire. Guimaëc autrefois : Saint-Fiacre" in An Nor Digor, Bulletin communal de Guimaëc, n° 36, décembre 2007.
p. 30
Lien web
- Les stations radars en Bretagne de la Festung Saint-Malo à la Festung Saint-Nazaire sur absa3945.com
- Article "Bataille des faisceaux" sur Wikipédia. L'encyclopédie libre
- Saint-Fiacre sur bunkersite.com
- "Ulamir : une découverte de Saint-Fiacre en préparation", Le télégramme, 17/01/2020
- "Guimaëc. Tirs dans les blockhaus : les riverains à cran", Le Trégor, 21/02/2021
- "Lanmeur. Des travaux d’insonorisation au niveau du pas de tir réalisés", article du journal Ouest-France, 13/03/2021
- "Lanmeur. Une association dénonce l’existence d’un stand de tir en zone agricole", article du Journal Ouest France, 04/03/2021
- "À Lanmeur, le torchon brûle autour du stand de tir", Le Télégramme, 4/03/2021
- "Les Journées du patrimoine à Lanmeur. Les fantômes de Saint-Fiacre", article du journal Ouest-France, 17/09/2021
- RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945 (cartographie du Mur de l'Atlantique)
Annexes
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Extrait du rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949) [transcription]
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Le système "Knickebein" de radio-guidage [transcription]
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
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