Dossier d’œuvre architecture IA29001783 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Projet de fort du Mengant, puis balise en fer, puis tourelle en maçonnerie, Roche Mengant (Roscanvel)
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Inventaire général, ADAGP

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Crozon
  • Hydrographies Goulet de Brest
  • Commune Roscanvel
  • Lieu-dit Roche Mengant
  • Cadastre Non cadastré : domaine public maritime.
  • État de conservation
    oeuvre non réalisée, restauré
  • Statut de la propriété
    propriété de l'Etat

Documents d'archives

  • Service Historique de la Défense, Château de Vincennes. Fonds de l'armée de Terre. Archives du Génie, Article 8, section 1, Brest carton 1. 1VH2243. Pièce n° 3 : 6 avril 1680. Mémoire sur le rocher appelé le Mingant par François Ferry. 15 octobre 1681. Observations sur le Mingant par Pierre Massiac de Sainte-Colombe ou Barthélemy Massiac de Sainte-Colombe, son frère. Pièce n° 8a : 1683. Projets de Vauban sur Brest. (Nota : les plans et coupe du projet de fort sur la roche du Mengant se trouvent dans la collection Nivart (MS144_229). (Transcription G. Lécuillier / 2008). "Le goulet est à Brest ce que le détroit des Dardanelles est à Constantinople, c'est la porte et l´entrée par où tous les navires qui ont affaire au dit Brest, à Landerneau et à la rivière de Landévennec, sont obligés de passer, soit qu´il s´agit d´entrer ou de sortir. Aussi est-ce l´endroit où l´on peut le mieux placer ce qui peut nous rendre la rade assurée. Le goulet à 1 150 toises de large, un peu plus ou un peu moins. Une assez mauvaise pièce de 6 livres de balle l´a traversé, et de plus de 120 toises au delà en ma présence, par plusieurs fois. Le rocher appelé Mengant est au milieu, à 530 toises près de la côte de Cornouaille, et à environ 620 de celle de Léon. A l'égard du Mengant, l'espace occupé par les têtes de ce rocher est fort petit, étroit et extrêmement inégal avec de grandes profondeurs alentours qui le serrent de fort près et qui même le coupent et séparent. C´est un lieu extrêmement battu des flots, toutes les fois qu´il y a un peu de mer, où les montants et les descendants des marées dans les temps les plus calmes font des courants qui ne sont guère moins rapides que ceux du Rhône sous le pont Saint-Esprit. D'ailleurs, on peut dire que la mer n'y est pas étale à un moment, car entre le flux et le jusant, il n'y a pas misere de temps d'intervale, ce qui joint à la difficulté de ses abords (car il y a de telles années que la possibilité de le faire n'arrivera pas 40 fois) fait douter avec raison qu'on puisse jamais y venir à bout d'y rien faire de considérable ou qui puisse subsister, car après y avoir bien pensé de toutes les façons, je n´y trouve que des difficultés presque insurmontables et beaucoup d´incertitudes. Je ne tiens pas qu´il fut raisonnable de le proposer, attendu le peu de temps qu´on y peut travailler dans les commencements, la difficulté d´y pouvoir mener des matériaux et le temps qu´on est quelquefois sans y pouvoir aborder. Mais comme on ne peut raisonnablement dispenser de faire les grandes batteries proposées de sa droite [au nord : côte de Léon] et de sa gauche [au sud : côte de Cornouaille], il ne sera pas difficile d´en aire un essai, quand on y travaillera par le moyen des chalands du port et de deux ou trois grandes chaloupes, au moyen de quoi et des engins qu´on y appliquera, on pourra faire l´essai de sa fondation et peut-être l´élever jusqu´à un pied près de la superficie [du niveau] de la basse mer pour moins de 1000 écus ; après quoi, laissant passer l´hiver dessus, si la mer ne dérange rien, ce sera un signe de sûreté pour ce qu´on y fera de plus, auquel cas, il ne sera peut-être pas impossible, avec beaucoup d´application et d´industrie, d´y bâtir une espèce de château comme le marque au plan, profils et élévations proposés pour cet effet ; moyennant quoi, on pourra loger dans deux étages jusqu´à 18 pièces de canon dont 10 pourront battre les navires d´écharpe de l´étrave à l´étambot, en entrant dans la passe, 8 de l´étambot à l´étrave en sortant de la dite passe, pendant que les grandes batteries de la côte les abîmeront de coup de part et d´autre dans le travers. Il est à remarquer premièrement que le château présentant les côtés larges à l´entrée du goulet pourrait battre les vaisseaux de fort loin, et toujours de l´avant à l´arrière et de l´arrière à l´avant, mais non de travers, parce qu´il n´en présentera à la côte que les côtés les plus étroits sur lesquels on ne pourra rien mettre ; deuxièmement que cette situation qui est la seule qu´on puisse lui donner, est incomparablement meilleure qu´aucune autre, d´autant qu´elle est fort propre à démonter les batteries, couper les manoeuvres, et à rompre les gros membres des vaisseaux. Enfin, selon les sentiments des officiers de marine les plus expérimentés, 10 canons situés de cette manière sont plus à craindre que 40 qui ne verraient que par le travers, par la raison que les coups de côté ne sont pas si dangereux que ceux qui viennent de l´avant à l´arrière. Outre que le vaisseau, qui a vent et marées favorables, passe si vite, que les batteries de travers n´auraient pas le loisir de recharger. Au lieu que celles qui les voient par l´aller et venir, peuvent faire plusieurs décharges et les canonner pour ainsi dire, une grande lieue durant, avec péril extrême d´être démâté ou d´avoir quelqu´un des principaux membres rompus ou même d´être coulé à fond. Il ne faut pas douter que si le Mengant peut être bâti suivant ce dessein, qu´il ne fut très bon, très beau à voir et d´une réputation qui attirera le respect et l´admiration, non seulement des étrangers, mais de ceux même qui le verront tous les jours. Supposant donc que le Roi prit à coeur de faire tenter ce rare et merveilleux ouvrage, à [en] même temps que les batteries de la côte, et l´un et l´autre fussent achevés et garnis de leurs canons et de tous les gens qui seront nécessaires pour les exploiter ; aucun vaisseau ennemi ne pourra entrer dans le goulet sans passer sous la croisée du Mengant et de toutes les batteries de la dite côte à juste portée de la plus grande partie et à la volée des autres, auquel cas il est impossible que quelque fortuné [chanceux] que puisse être un vaisseau, il n´en soit très maltraité et peu en état après d´entreprendre, ce qui, joint à l´abandon de tous secours et à la nécessité de repasser par le même feu, achèverait de le désemparer et peut-être de le réduire au point d´aller échouer à la côte ; d´où on peut inférer que ces batteries et le Mingant nous garderont la mer ouverte pour entrer et sortir quand nous voudrons, et la fermeront aux ennemis qui, de cette façon, ne pourront pas venir brûler nos vaisseaux en rade, ni les braver dans le port en le tenant bouché avec une escadre qui pourrait demeurer deux ou trois mois devant et empêcher les nôtres de sortir pendant qu´au dehors ils auraient la mer libre pour mettre les ordres à leurs affaires que bon leur semblerait. Enfin, ces mêmes batteries, et le Mingant joints à la précaution ci-devant de la rivière de Landerneau donneront le moyen d´assurer la retraite d´une armée battue et d´en pouvoir retirer les débris en lieu d´assurance. Et, pour conclusion, la rade serait aussi sûre que le port même, ce qui joint à la clôture de Brest, à la faculté qu´on a d´en sortir les vaisseaux le boutefeu à la main et de pouvoir ensuite sortir en bataille hors du goulet, prendre la pleine mer, rentrer et sortir toutes et quantes fois qu´on voudra, sont à mon avis les qualités qui n´appartiennent qu´à un port royal pourvu de tous les avantages qu´on saurait désirer et d´une manière aussi complète et aussi avantageuse que si Dieu avait pris plaisir à le faire exprès. Nota. Premièrement : que comme on est ici fort éloigné des surprises, et de tous sujets de craintes, deux ou trois gardiens dans le Mingant suffiront pour sa garnison ordinaire. Car, de la façon dont il sera situé, un plus grand nombre sans nécessité urgente y pâtirait beaucoup. Autant dans chacune des batteries de la côte. Quand il y aura escadre ou armée ennemie, on pourra y envoyer des canonniers de Brest et y affecter à la garde des milices de quatre ou cinq paroisses les plus prochaines. Les matelots desquelles on pourrait instruire au service des canons dans cette vue et dans celle de pouvoir s´en pouvoir servir dans les vaisseaux. Deuxièmement, que quand par quelque surprise ou autrement (ce qui est presque impossible), l´ennemi se soit rendu maître de l´une de ces batteries, il ne la pourrait pas garder attendu que leur faiblesse du côté de la terre, et l´éloignement de tout soutien d´ailleurs, non plus que le Mingant, où, il serait aisé de faire mourir les gens de faim. Au reste, si sa Majesté agrée de faire la construction de cette pièce, on en fera un devis bien particularisé et tel que le requiert un ouvrage de cette importance ; mais nous avertissons par avance que pour porte cochère il n´y aura qu´une embrasure, pour escalier une échelle de corde, pour basse-cour la mer et ses courants qui n´en permettent que bien rarement l´abord (encore ne serait-ce qu´à des gens fort pacifiques) et pour toute autre commodité une citerne de 9 à 10 pieds avec des petites grues pour servir à monter les besoins de ceux qui seront à les garder, de sorte que cette pièce pourra passer avec raison pour une pièce enchantée qui sera très belle à voir mais horrible à habiter. Au surplus, à considérer Brest par sa situation, on le trouvera placé sur la partie de Bretagne qui avance le plus dans la mer, également bien situé pour être à portée de l´Espagne, de l´Angleterre, de la Hollande, des Pays-Bas et du Nord, même de l´Afrique et de l´Amérique, à l´embouchure de la Manche, et très bien paré pour tous les lieux du monde ; reculé d´ailleurs dans un coin de terre où il ne peut être utile au commerce auquel il n´est pas propre à cause de la difficulté des voitures de terre et l´éloignement de tous les lieux qui pourraient y convenir. Enfin, plus on examine cette situation et plus on trouvera que le dessin de la nature a été d´en faire un port militaire, mais des plus excellents, et pour conclusion : c´est le seul naturel que le Roi ait dans la mer Océanique, si avantageusement disposé de toutes les façons, que s´il avait été au choix de sa Majesté d´en régler la situation et la forme, je suis persuadé qu´elle ne l´aurait choisi ailleurs, ni voulut faire autrement [...]".

  • Collection Nivart. MS144_229. Projet de fort. Rocher du Mingant. Plans et coupe. 3 p. "D´après Clément". 1683.Plan, support papier, 0,356 x 0,227 mètre, 4e quart 17e siècle, 1683.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SHDMD07001893_P
  • Collection Nivart. MS144_229. Projet de fort. Rocher du Mingant. Plans et coupe. 3 p. "D´après Clément". 1683.Plan, support papier, 0,356 x 0,227 mètre, 4e quart 17e siècle, 1683.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SHDMD07001894_P
  • Fonds de la Marine. Collection Nivart. MS144_229. Projet de fort. Rocher du Mingant. Plans et coupe. 3 p. "D´après Clément". 1683. Plan, support papier, 0,367 x 0,235 mètre, 4e quart 17e siècle, 1683.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SHDMD07001895_P
  • Collection Nivart. MS144_232. Plan d´un fort flottant. Sign. F. Martin. 1695. Plan, support papier, 0,400 x 0,425 mètre, 4e quart 17e siècle, 1695.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : SHDMD07001898_P

Bibliographie

  • COCHOIS, Jean-Baptiste. "Des batteries du goulet de Brest : la batterie de Léon ou du Mengant, la Roche Mengant, la batterie de Cornouaille", non édité, 1996, 60-30-24 p.

    Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : VI-LG12. Ancienne cote : VI-4 3348.
  • PETER, Jean (préface de Jean Meyer). Vauban et Brest. Dossier. Une stratégie modèle de défense portuaire, 1683-1704. Paris, Economica et Institut de Stratégie Comparée, 1998, 320 p.

Périodiques

  • BESSELIÈVRE, Jean-Yves. "Des forts dans la rade". Les Cahiers de l'Iroise, n° 193, mai 2002.

  • KERDREUX, Jean-Jacques. "L'aménagement du Mengant". Avel Gornog, Crozon, 2005, n° 13.

    p. 56-63
  • CHAURIS, Louis. "Le récif de Mengam dans son cadre géologique et géomorphologique". Crozon : Avel Gornog, 2005, n° 13.

    p. 63
  • KERDREUX, Jean-Jacques. "Construire sur le Mengant. Les problèmes techniques". Crozon : Avel Gornog, Crozon, 2005, n° 13.

    p. 64

Annexes

  • Extrait de Vauban et Brest. Dossier. Une stratégie modèle de défense portuaire, 1683-1704 par Jean Peter, 1998
  • Extraits de "L'aménagement du Mengant" par Jean-Jacques Kerdreux, 2005
Date(s) d'enquête : 2004; Date(s) de rédaction : 2004, 2024
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

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