Stagiaire en Géographie, Nantes Université
- enquête thématique régionale
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Douarnenez
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Commune
Douarnenez
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Lieu-dit
port Rhu,
plage du Ris,
Ploaré,
port Rosmeur,
ria Pouldavid,
Tréboul
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Dénominationssite archéologique, établissement portuaire
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Précision dénominationsupposé
L’important développement portuaire le long de l’embouchure de l’ancienne rivière Pouldavid à l’époque médiévale et la forte concentration de vestiges à la période romaine, incitent à localiser un port antique en fond de ria, mais également à l’est de la ville actuelle de Douarnenez, en retrait de la plage du Ry.
À Douarnenez, la localisation d’un port antique reste sujet à débat. Certains chercheurs le place à la plage du Ry tandis que d’autres le situe le long des quais actuels de Port Rhu, sur l’ancienne ria de Pouldavid. Ces deux localisations offrent des sites d’échouage bien abrités des vents et des courants violents, ainsi qu’un accès facile (Langouët 2002 : 90). Ces hypothèses de localisation s’appuient également sur la présence d’une dense occupation da la frange littorale à l’époque romaine. À commencer par la mise au jour en 1948 d’une inscription faisant mention « d’une assemblée de citoyens probablement liée à cette industrie du garum et des salaisons » (Langouët 2002 : 90). De plus, deux voies antiques qui desservent bien la ville ainsi que la plage du Ry. Il faut préciser que ces axes restitués grâce à un travail cartographique, ne sont pas attestés par l’archéologie (Monteil 2012 : 146). Il s’agit d’abord de l’axe reliant Carhaix à Douarnenez selon une orientation ouest/ est, et qui passe à proximité de la plage du Ry. En fond de baie, la voie traverse le ruisseau de Névet au moyen d’un passage à gué. Autour de ce dernier se sont probablement installées une à plusieurs usines de salaisons, associées à une villa (Galliou 2010 : 194). Un peu plus à l’ouest, dans le village de Plomarc’h, un ensemble de plusieurs bâtiments a été mis au jour lors de fouilles dans les années 2000. Ce site antique a livré plusieurs cuves de salaisons, 28 au total, installées au IIe siècle après J.-C. Elles fonctionnent jusqu’à la fin du IIIe siècle après J.-C. puis sont abandonnées. Ce site est ensuite réoccupé par un habitat un siècle plus tard (Galliou 2020 : 192-193).
La voie antique Quimper-Douarnenez (nord-ouest/ sud-est) dessert le site de Port Rhu, seconde hypothèse d’implantation d’un port antique. Une multitude de vestiges archéologiques est reconnue à proximité, notamment des structures maçonnées et des productions salicoles. L’une d’entre elles, mises au jour en 1889, a livré « deux séries d’au moins 5 cuves », ainsi qu’une statue d’Hercule en calcaire (Galliou 2010 : 189). Deux villae ont également été identifiées à l’embouchure de la ria et plus au sud sur le plateau qui domine Port Rhu.
Cette forte densité d’établissements de production de sauces et de salaisons de poissons bien desservit par un carrefour routier au sud de Plomarc’h et associée à de nombreux autres points de découvertes de part et d’autre de l’ancienne ria Pouldavid (éléments d’architecture, céramiques, restes de constructions), suggèrent qu’une agglomération romaine ait pu s’établir le long du littoral ou plus en retrait en fond de ria, vers le temple romain de Trogouzel. Des nécropoles sont également avérées à Douarnenez, entre la ria et le site du Ry.
Sur la commune, quelques indices suggèrent une occupation de Douarnenez dès l’âge du Fer (des antécédents mal caractérisés sous le temple de Trogouzel, des stèles et une exploitation agricole à hauteur de l’actuel port de plaisance), mais qui semble moins étendue et moins dense. Actuellement, ces vestiges peuvent difficilement être mis en relation avec une activité portuaire antérieure à l'époque romaine.
Pour le Moyen Âge, cinq ports sont mentionnés par M. Tranchant : Tréboul, Port Rhu, Pouldavid, port Commoneue et Ploaré (Tranchant 2017 : 99). Le premier, Port Rhu, est situé près de l’actuel port-musée de Douarnenez. Le deuxième, Pouldavid, localisé au fond de la ria du même nom, a appartenu aux seigneurs de Nevet, tout comme le Port Rhu et celui de Tréboul. Sa localisation exacte n’est pas connue par manque d’indices archéologiques ou de sources écrites. Cependant, M. Tranchant signale qu’il a été aménagé à l’entrée de la ria, tout comme le Port Rhu (Tranchant 2017 : 99). Le port Commoneue apparaît dans les textes à partir de 1306 sous ce nom. Il appartient alors aux moines de Marmourtier, établis sur l’île Tristan depuis la fondation de leur prieuré. Le port est actif jusque dans les années 1520-1540, moment où il est à nouveau signalé dans les textes. Il semble qu’il soit aujourd’hui sous l’actuel port Rosmeur. Le dernier port, celui de Ploaré n’est mentionné que très rarement. Peu d’informations à son sujet permettent de le localiser précisément.
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Période(s)
- Principale : Antiquité
- Secondaire : Moyen Age
- Secondaire : Temps modernes
Douarnenez est une ville bretonne qui présente une façade littorale composée d’une côte rocheuse de type métamorphique et plutonique. Le plateau de la ville culmine à une hauteur de 75 m NGF au maximum. En contrebas, la plage du Ry se compose de sable dunaire ainsi que de dépôts de versants et de pentes. Elle est au débouché d'un très ancien marais/estuaire situé derrière cette plage et détecté par la forme du relief et la présence d'alluvions et de colluvions datant de la période post-glaciaire. En effet, l’altitude de la plage du Ry ne dépasse pas les 5 m NGF. Sa configuration forme une embouchure, en l’occurrence celle de l’ancien marais.
La modélisation des conditions favorables à l’implantation portuaire, d’après une série de critères naturels (géographiques, topographiques et météorologiques), permet de reconnaître deux secteurs particulièrement propices à l’implantation portuaire : l’embouchure de la rivière de Port Rhu (aussi appelée rivière de Pouldavid), et le secteur en arrière de la plage du Ry, identifié comme un ancien estuaire ou marais maritime. Ce dernier lieu est particulièrement propice à l’implantation portuaire, car il est bien abrité et son accès est facilement praticable. Cette hypothèse est renforcée par le fait qu’une hauteur d’eau importante pénètre la terre lors des marées extrêmes. À noter que cette hypothèse est à mettre en corrélation avec le passage supposé d’une voie terrestre antique.
C’est au niveau de la plage même du Ry que le potentiel portuaire reste le moins important car le niveau d’exposition est trop important.
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État de conservationvestiges
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Sites de protectionabords d'un monument historique, loi littoral, zone de protection
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Précisions sur la protection
Zone de présomption de prescription archéologique
Bibliographie
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Langouët L., 2002, « Principaux sites portuaires de l’Armorique gallo-romaine », Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 30, p. 87-112.
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Tranchant M., 2017, Les ports maritimes de la France atlantique. Volume I : tableau géohistorique, Presses Universitaires de Rennes, p. 73-110.
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Jarnoux P., Pourchasse P., Aubert G., 2016, La Bretagne de Louis XIV. Mémoires de Colbert de Croissy (1665) et de Béchameil de Nointel (1698), Presses Universitaires de Rennes, p. 76-310.
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Monteil M., 2012, Contribution à l’étude des agglomérations secondaires des Gaules romaines. Les cités de l’ouest de la province de Lyonnaise (Bretagne et Pays de la Loire), Habilitation à diriger des recherches, volume II, mémoire inédit, Université François-Rabelais de Tours, p. 149.
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Galliou P., 2010, Le Finistère, Carte archéologique de la Gaule, Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres, 29, p. 176-419.
Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566
Stagiaire en Géographie, Nantes Université
Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566