Photographe à l'Inventaire
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Guipavas
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Hydrographies
L'Elorn
Anse de Kerhuon
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Commune
Guipavas
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Lieu-dit
Kerhuon,
Saint-Nicolas
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Cadastre
OD
438
;
OD
1175
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Dénominationschâteau, dépendance, parc
Le château de Kerhuon n’est pas accessible car il se situe dans l'emprise militaire protégée de la pyrotechnie de Saint-Nicolas à Guipavas.
La pyrotechnie de Saint-Nicolas, les poudrières et magasins souterrains de la vallée de Kerhuon disposent d’un "polygone d’isolement" depuis 1954, et d’un plan de prévention des risques technologiques (PPRT) approuvé par arrêté préfectoral en date du 6 juin 2025 (Arrêté d'approbation n°29-2025-06-06-00 et sa note d’accompagnement).
Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été créé en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne. Il a bénéficié des apports historiques de Thierry Roudaut. Certains bâtiments ou éléments à caractère patrimonial de la pyrotechnie de Saint-Nicolas comme le château de Kerhuon et ses dépendances ont fait l’objet d'une couverture photographique officielle sous le contrôle du Ministère des Armées.
La dévolution successorale du domaine de Kerhuon
La seigneurie de Kerhuon dans la paroisse de Guipavas a successivement appartenu aux familles de Coëtivy, de Kerléan, de Touronce, Le Mercier et Fontaine de Mervé.
En 1674, le manoir de Kerhuon (comprenant : "chambres basses et hautes, salle, cuisine, chapelle, jardins, rabines, terres, métairie, etc.") est mentionné comme appartenant au seigneur de Kerléan qui y demeure (Cf. Louis Le Guennec, "Les maisons nobles de Guipavas en 1674", extrait de la Dépêche de Brest et de l’Ouest, datée du 20-22 février 1934).
A la Révolution, la seigneurie appartient à Charles Marie Fontaine de Mervé, lieutenant des vaisseaux du roi (né en 1742), seigneur de Beaurepos et de Coatmanac'h, marié depuis 1781 à Marie Marguerite Olive Mazurié (1753-1820). Ce dernier émigre et participe à la bataille de Quiberon où il meurt le 21 juillet 1795.
Confisqué par l'État puis mis en vente, le domaine de Kerhuon (son manoir, ses deux moulins à eau et ses terres) est acquis en 1795 comme bien national par Romain Malassis (1737-1813), imprimeur brestois, ancien maire de la ville et député du Finistère à l'Assemblée nationale législative. En 1800, Romain Malassis, âgé de 63 ans, se retire au domaine de Kerhuon en confiant la direction de l'imprimerie à son fils Romain-Guy-Marie Malassis (1774-1812) marié avec (Jeanne ?) Anne Catherine Scherer (1786-1829).
Figurés sur le cadastre parcellaire de 1828, le château de Kerhuon et ses dépendances appartiennent à la "Veuve Malassis à Brest" [c’est vraisemblablement (Jeanne ?) Anne Catherine Scherer].
Sa fille cadette, Léontine Charlotte Malassis (1812-1831), épouse en 1829 Alfred Joseph Marie Bonamy (1799-1887), de treize ans son aîné (substitut du procureur à Loudéac et Brest, juge à Vannes, procureur à Lannion puis à Brest, conseiller général du Finistère dans le canton de Landerneau de 1856 à 1871 ; président du bureau d’assistance judicaire de Brest et du conseil d’administration de la Caisse d'Épargne). En secondes noces, Alfred Joseph Marie Bonamy épouse en 1845 Virginie Magouët de la Magouerie avec qui il a un second fils, Charles Alfred Bonamy (né en 1855). Son fils aîné, Alfred Léon Romain Bonamy (1831-1909) épouse Marie-Félicité Besnard de Kerdreux (1844-1899) [En 1888, le couple demeure à Brest, Cité d’Antin, n° 4]. Le couple donne naissance en 1864 à Marie Aliette Léonie Bonamy (1864-1938).
Marie Bonamy a épousé à Brest le 10 septembre 1884 Roger Paulze d’Ivoy de la Poype (1854-1922), commissaire de la Marine. Leurs trois enfants sont nés à Brest de 1887 à 1893. Depuis la mort en 1909 d’Alfred Léon Romain Bonamy, le comte et la comtesse de La Poype ne font plus que de brefs séjours dans leur château de Kerhuon pour leurs affaires. Ils résident en Anjou où leur fille aînée a épousé un propriétaire terrien : "Notre choix est fait pour l’Anjou où nous trouverons plus d’agréments et où nous sommes mieux et plus grandement installés..." (le comte à son notaire de Guipavas, 1910).
Le domaine de Kerhuon en 1828
Le domaine comprend notamment une allée (ar valy, parcelle n° 981, filant vers le nord-nord-est avec point d’eau), un colombier (parcelle n° 965), un "jardin" et un "parterre" du côté de l’anse de Kerhuon (parcelles n° 967 et 968), une maison [c’est le château] avec "four, cour, écurie et crèche" (parcelle n° 971) encadré de deux maisons [plutôt deux pavillons ?] (parcelles n° 969 et 970).
Immédiatement à l’est se trouvent "maison, aire et bâtiments ruraux" (parcelle n° 972) correspondant à la métairie, un bâtiment rural (parcelle n° 973), un courtil (parcelle n° 974) et une "ruine" [c’est l’ancienne grange qui a donné son nom au champ] (parcelle n° 979). Bois de haute futaie, prés [pour les chevaux], taillis et terres labourables constituent le domaine proche.
Le château actuel de style éclectique
Selon Thierry Roudaut (d’après les actes notariés de la famille Malassis), c’est Alfred Joseph Marie Bonamy qui fait raser l’ancien manoir : seule la cave est conservée ; les pierres qui servent à construire le moulin.
Dans son état actuel de style éclectique, le château paraît avoir été "mis au goût du jour" dans la seconde moitié du 19e siècle (hypothèse : 4e quart 19e siècle ?).
Le château et son domaine intégrés à la pyrotechnie de Saint-Nicolas
Dans le contexte de l’extension de la pyrotechnie de Saint-Nicolas durant la Première Guerre mondiale, le château de Kerhuon est acquis par l’État par décret d'expropriation du 24 novembre 1917. C’est Marie Bonamy, l’épouse de Roger Paulze d’Ivoy de la Poype, qui signe l’acte de vente le 22 décembre 1917.
Occupé durant la Seconde Guerre mondiale, le château est incendié en 1944 par les troupes d'occupation. Il est restauré après-guerre et utilisé pour les besoins du ministère de la Défense :
- 1980 : réparations et mise hors d’eau du château dans l’attente d’une autre affectation ;
- 2007 : reprise de la charpente, de la volige et de la couverture (et partiellement celle de l’Orangerie).
En 2025, toujours situé dans une emprise militaire qui ne permet pas de projet de réhabilitation pour des raisons de sécurité, le château de Kerhuon est désaffecté, mais entretenu a minima.
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Période(s)
- Principale : 2e moitié 19e siècle, 1er quart 20e siècle
- Secondaire : 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
Situés dans l’emprise militaire de la pyrotechnie de Saint-Nicolas à Guipavas, le château, ses dépendances et son parc sont implantés sur la rive orientale de l’anse de Kerhuon.
La cour du château est fermée par un mur de clôture : son accès se fait depuis le nord-est par un portail monumental doté d’une porte charretière encadrée de deux portes piétonnes avec grilles.
Des dépendances - composées de deux bâtiments en équerre : grange/remise et écurie - sont implantées au nord. Leur construction semble homogène : portes en arc plein cintre en pierre de taille orangé (microgranodiorite dite pierre du Roz ou de Logonna) avec linteau droit en granite gris ; chaînes d’angle ; bandeau ; fronton triangulaire percé d’une lucarne passante en arc plein cintre ; oculus et corniches moulurées en pierre de taille orangé, mais les fenêtres du rez-de-chaussée ont été élargies rompant l’équilibre général des bâtiments. Les deux bâtiments sont couverts en ardoise.
Orienté est-nord-est / sud-sud-ouest (côté anse de Kerhuon), le château affecte un plan rectangulaire. Il se distingue par son style éclectique, résultat du mélange de plusieurs influences : néo-classique (recherche de symétrie ; vers l’est-nord-est : avant-corps polygonal et pavillons latéraux ; vers le sud-sud-ouest, avant-corps polygonaux latéraux en pierre de taille de granite gris ; toit à longs pans brisés ; perrons ; mélange d’ouvertures à linteau droit ou en arc surbaissé ; chaînes d’angle et corniche à console…), style néo-médiéval ou néo-gothique (fenêtres en arc brisé ; fenêtres à croisée ; appuis de fenêtre saillants ; linteaux sur coussinet ; voussures et colonnettes, grilles et garde-corps), style Renaissance (lucarnes, en remploi ?)...
Le tympan de la porte de l’élévation nord-ouest est orné d'un haut-relief en terre cuite vernissée polychrome figurant, dans un médaillon circulaire entouré d’ornements végétaux dorés, un ange au visage féminin doux et idéalisé, aux ailes déployées, tenant dans ses mains un bouquet de fleurs. En arrière-plan, le mur est couvert de carreaux décoratifs ornés de motifs végétaux stylisés rappelant l’Art nouveau (vers 1890–1905).
Une petite extension de plan rectangulaire se distingue au nord par sa mise en œuvre différente du reste du logis et sa balustrade en arc brisé.
Des lucarnes ont été ajoutées dans la partie supérieure de la toiture du château.
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Murs
- granite pierre de taille
- moellon
- maçonnerie
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Toitsardoise
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Étagesrez-de-chaussée, 1 étage carré
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Élévations extérieuresélévation ordonnancée
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Couvertures
- toit à longs pans brisés
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Escaliers
- escalier dans-oeuvre
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État de conservationétat moyen, inégal suivant les parties
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Techniques
- céramique
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Représentations
- ange
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Statut de la propriétépropriété de l'Etat, parcelles appartenant au ministère des Armées.
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Intérêt de l'œuvreà signaler
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Éléments remarquableschâteau, dépendance
- (c) Conseil départemental du Finistère
- (c) Conseil départemental du Finistère
- (c) Ville de Brest et Brest Métropole Océane
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Documents d'archives
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Archives départementales du Finistère : 3P 78/1
Cadastre parcellaire de la commune de Guipavas : tableau d'assemblage et feuilles de section, 1828.
https://recherche.archives.finistere.fr/document/FRAD029_00000003P#tt2-90
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Archives départementales du Finistère : 99 J 26-27 ; 28
Fonds de l'étude Mocaër, notaire à Guipavas : archives des familles Bonamy - Paulze d'Ivoy, comte de La Poype - gestion de biens (19e-20e siècles).
https://recherche.archives.finistere.fr/archives/search/default/Paulze%20d%27Ivoy?view=list
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Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : AA1 467
Acquisition de parcelles et parties de parcelles sur la commune de Guipavas pour l’établissement de Pyrotechnie de Saint-Nicolas. 1917.
https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/notices_files/SHDMV_REP_AA-1AA.pdf
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Service Historique de la Défense du Château de Vincennes : AA1 470
Acquisition de terrains situés dans la commune de Guipavas pour l’établissement de Pyrotechnie de Saint-Nicolas. 1917.
https://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/notices_files/SHDMV_REP_AA-1AA.pdf
Bibliographie
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POTIER DE COURCY, Pol. Nobiliaire et armorial de Bretagne. Nantes, 2ème édition, tome 1, 1862, 471 p.
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POTIER DE COURCY, Pol. Nobiliaire et armorial de Bretagne. Nantes, 2ème édition, tome 2, 1862, 495 p.
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"Décret portant expropriation pour cause d’utilité publique des terrains nécessaires pour l’agrandissement de la pyrotechnie de Saint-Nicolas" (décret du 24 novembre 1917). Journal officiel de la République française. Lois et décrets, 29 novembre 1917.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6355768v/f15.item.r=guipavas.zoom
p. 9619-9620
Documents multimédia
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"L’Anse de Kerhuon" sur le site internet de la commune du Relecq-Kerhuon.
https://www.lerelecqkerhuon.bzh/environnement-et-cadre-de-vie/histoire-et-patrimoine/lanse-de-kerhuon
Lien web
- Plan de l'anse de Kerhuon par François Vidal d'Audrifet, 1775 (collection de la Bibliothèque nationale de France). Il localise la fosse aux mâts (A) et bateau plat faisant magasin aux ustenciles
- "L’Anse de Kerhuon" sur le site internet de la commune du Relecq-Kerhuon
- POUR SERVIR A L'HISTOIRE DU RELECQ-KERHUON ET DES KERHORRES
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.