Dossier d’œuvre architecture IA35132813 | Réalisé par ;
Toublanc Léonie (Rédacteur)
Toublanc Léonie

Ingénieur en archéologie au LARA, CReAAH, UMR 6566

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Dorigné Fiona (Rédacteur)
Dorigné Fiona

Stagiaire en Géographie, Nantes Université

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  • enquête thématique régionale
Site archéologique de Saint-Malo
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Université de Nantes
  • (c) CREAAH UMR 6566 - CNRS

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Saint-Malo Nord
  • Commune Saint-Malo
  • Lieu-dit Anse Solidor, Anse Saint-Père, Anse de Mer-Bonne
  • Précisions
  • Dénominations
    site archéologique, établissement portuaire
  • Précision dénomination
    avéré

En confrontant les données archéologiques aux critères environnementaux utilisés lors de la modélisation, les secteurs définis comme propices à l’implantation portuaires ont en grande partie livré des vestiges archéologiques liés au développement d’un port à l’époque romaine voire avant.

Le promontoire rocheux d’Alet a livré depuis la seconde moitié du XXe siècle de nombreux témoins d’une occupation gauloise. Ce sont principalement Les fouilles programmées, menées par L. Langouët entre 1972 et 1978 sur le site de l’ancienne cathédrale du Xe siècle à Alet, qui ont permis d’alimenter les connaissances de cette agglomération gauloise. Les vestiges mis en évidence sur différents secteurs se développent sur une surface d’au moins 4 ha, témoignant d’activités domestiques et artisanales (Langouët 1996 : 31). Cependant, on peut envisager que l’ensemble du promontoire ait été occupé durant le Ier siècle av. J.-C., puisqu’il présente un aspect naturellement défensif. En effet, cette langue de terre, qui s’avance dans l’estuaire de la Rance, est seulement rattachée au continent par un isthme, qui était à l’origine plus étroit. L’agglomération est détruite vers 20-25 ap. J.-C., toutefois plusieurs indices semblent indiquer que l’agglomération est encore active durant le Haut-Empire, même si les vestiges ne permettent pas d’en restituer l’organisation (Langouët 1996). La mise en place d’une trame urbaine dans la seconde moitié du IIIe siècle témoigne avec certitude de la présence d'une agglomération au Bas Empire. Cette dernière est alors protégée par des remparts et un castellum s’y installe juste en contrebas (Langouët 2002 : 99). Les nombreuses fouilles pratiquées dans les années 1980 et 1990 ont permis de dresser une partie du plan de la ville antique (Langouët 1987 : 97-101). Certains chercheurs proposent de situer la Reginca de la Table de Peutinger à Alet (Langouët 1980). Toutefois, il convient de rester prudent car d’autres localités sur la côte pourraient également correspondre à cette station antique, comme Erquy qui a souvent été assimilé à Reginca (Monteil 2012 : 109-110).

Au débouché de la Rance, dans l’anse Solidor, un premier port d’échouage est probablement installé, au début de l’Antiquité, le long d’un cordon alluvionnaire qui l’isole de la Rance et au sud du promontoire qui a vu se développer ces contextes urbains gaulois et romains. Des fouilles terrestres et sous-marines y ont été réalisées à partir de 1973 par une équipe d’archéologues et de plongeurs (Langouët, 1996 : 4). D’après L. Langouët, l’anse « était desservie par une voie, taillée dans les rochers » (Langouët, 2002 : 97). Au milieu du IVe siècle après J.-C., le cordon se rompt et la lagune localisée à l’arrière devient un plan d’eau. Le port est alors déplacé au plus près du rocher, au niveau de l'anse Saint-Père.

Lors de fouilles programmées menées, entre 1971 et 1972, dans l’anse Solidor, deux bassins creusés dans le substrat rocheux ont été mis au jour (Langouët et Meury, 1973 : 167). De forme quadrangulaire, les bassins communiquent par un tunnel, l'écoulement allant du plus petit (alimenté par une source d'eau) vers le plus grand (Langouët et Meury, 1973 : 167). Ce dernier (12 m par 8,60 m) est accessible par un escalier creusé dans le rocher (encore visible aujourd'hui à marée basse). La présence de cette source d’eau a justifié la mise en place d’une machinerie romaine (en l’occurrence une pompe à pistons), destinée à alimenter en eau douce notamment les marins et les bateaux. Le petit bassin a conservé, de manière exceptionnelle, tous les éléments en bois de cette pompe romaine, ainsi que des canalisations (Langouët et Meury, 1973 : 171). Tous ces éléments, abandonnés de manière désordonnée au fond du petit bassin, et sous des gravats, laissent supposer le démontage de la structure et une réutilisation ultérieure.

Finalement pour l’époque antique, près des anses Solidor et Saint-Père, l’atout majeur est la voie qui dessert la ville. Idéal pour commercer avec l’arrière-pays, la présence de deux ports successifs ici n’est pas étonnante. Orientée nord-ouest/ sud-est en direction de Rennes, elle a été reconnue sur 150 m de long à l’occasion d’une opération archéologique (Leroux G., Provost A. 1990 : 233). Les anses Solidor et Saint-Père sont ainsi connectées à l’arrière-pays et bien inscrites dans un réseau urbain. Une nécropole est avérée du Ier siècle jusqu’au milieu du IVe après J.-C., à l’extérieur de la ville, à l’anse Saint-Père (Langouët 1987 : 97-101).

À partir du XIe siècle, l’anse devient trop petite pour les besoins du trafic maritime qui s’accroissent. C’est alors que le port est à nouveau déplacé dans une anse plus au nord mais toujours près du rocher où se situe la ville d’Alet. Cette anse est dénommée « anse de Mer-Bonne », nom qui n’existe plus, mais qui semble être localisée près des plages de l’Éventail et du Sillon, en bas du château. À cette époque, le port se limite à une zone d’échouage et à l’aménagement d’une cale (Tranchant 2017 : 110). Ce n’est que quelques siècles plus tard que le port de Saint-Malo se dote d’aménagements plus imposants, dont un premier quai en pierres à partir du XVe siècle dans l’anse de Mer-Bonne. À proximité de ce port existe celui de Saint-Servan qui correspond aujourd’hui à un quartier de la ville de Saint-Malo. Son emplacement exact n’est pas connu mais il apparaît comme ayant fonctionné durant le XIVe siècle (Tranchant 2017 : 110). Les anses de Solidor et Saint-Père restent fréquentées comme de simples zones de mouillage durant les XVIIe et XVIIIe siècles (Langouët 1978 : 29). À l’ouest, deux pêcheries sont attestées mais non datées. Peu d’éléments archéologiques datés du Moyen Âge sont recensés, sans doute à cause d’une forte urbanisation de la ville.

  • Période(s)
    • Principale : Age du fer
    • Principale : Gallo-romain
    • Secondaire : Moyen Age
    • Principale : Temps modernes
    • Secondaire

Saint-Malo est une ville bretonne située à l'embouchure de l'estuaire de La Rance. Les analyses géologiques sur le territoire montrent que la côte est majoritairement sédimentaire avec une nature de côte directement liée à une géomorphologie littorale (dunes, cordons de galets, cordon sableux...). Il est difficile de se fier à la topographie du milieu en raison de l'artificialisation mais l'ensemble montre majoritairement une côte carrossable à praticable avec des longueurs de pentes très importantes à certains endroits. L'altitude de la ville, et plus précisément des secteurs de l'anse Solidor, de l'anse Saint-Père et de la plage de l'éventail, n'excède pas les 10 m NGF. Les deux premiers secteurs sont entourés par deux plateaux culminant à environ 35 m NGF et constitués de roches métamorphiques (diatexites et anatexites). La zone très artificielle près de la plage de l'Éventail a été édifiée sur des dépôts récents, permettant d'urbaniser la ville et de gagner du terrain sur la mer. Compte-tenu de cette artificialisation (liée au tourisme et à l'industrie), la ville de Saint-Malo a évidemment subi beaucoup de changements d’ordre géomorphologique. La côte apparaît aujourd'hui très exposée aux aléas naturels, ce qui est à nuancer au vu de l'artificialisation. Il est donc difficile de se fier à la topographie du milieu actuel malgré une côte carrossable dans le cadre d’une réflexion sur l’environnement ancien de Saint-Malo. Tout en tenant compte de ces évolutions récentes, la modélisation des conditions favorables à l’implantation portuaire, d’après une série de critères naturels (géographiques, topographiques et météorologiques), permet de reconnaître trois secteurs particulièrement propices à Saint-Malo : le premier étant localisé à hauteur des anses de Solidor et de Saint-Père, le deuxième correspondant à la plage des Bas-Sablons au nord du promontoire d’Alet et le troisième regroupant comprenant la grande plage du Sillon et la plage de Rochebonne.

  • Typologies
  • État de conservation
    vestiges
  • Sites de protection
    loi littoral, abords d'un monument historique, zone de protection
  • Précisions sur la protection

    Zone de présomption de prescription archéologique

Bibliographie

  • Langouët L., 2002, « Principaux sites portuaires de l’Armorique gallo-romaine », Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 30, p. 87-112.

    Centre Régional d'Archéologie d'Alet
  • Leguay J.-P., 2006, « Un aspect de l’histoire et de l’économie urbaines bretonnes : les petits ports des abers et rias au XVe siècle », Mondes marins du Moyen Âge, p. 297-315. [https://books.openedition.org/pup/3850]

  • Tranchant M., 2017, Les ports maritimes de la France atlantique. Volume I : tableau géohistorique, Presses Universitaires de Rennes, p. 73-110.

  • Jarnoux P., Pourchasse P., Aubert G., 2016, La Bretagne de Louis XIV. Mémoires de Colbert de Croissy (1665) et de Béchameil de Nointel (1698), Presses Universitaires de Rennes, p. 76-310.

  • Fichou J.-C., Levasseur O., 2018 « Ici et pas ailleurs, les aménagements portuaires de la côte septentrionale du Finistère de l’Aber-Ildut à Morlaix (XVIIe-XXe siècle) », dans Linares S., Égasse B., Dana K., De l’estran à la digue. Histoire des aménagements portuaires et littoraux, XVIe-XXe siècle, PUR, p. 263-272.

  • Langouët L., 1996, La Cité d’Alet. De l’agglomération gauloise à l’île de Saint-Malo, Saint-Malo : Centre Régional d’Archéologie d’Alet, 128 p. (Les Dossiers du C.e.R.A.A. ; supplément S).

  • Langouët L., 1980, Fouille 1980 du bastion de Solidor (Cité d’Alet – Saint-Malo), Rapport de fouille programmée, 80 p.

  • Langouët L., 1987 – Les fouilles archéologiques de la zone des cathédrales d’Alet, Les Dossiers du Centre Régional d’Archéologie d’Alet, J, p. 97-101.

  • Monteil M., 2012, Contribution à l’étude des agglomérations secondaires des Gaules romaines. Les cités de l’ouest de la province de Lyonnaise (Bretagne et Pays de la Loire), Habilitation à diriger des recherches, volume II, mémoire inédit, Université François-Rabelais de Tours, p. 149.

  • Langouët L., Meury J.-L., 1973, « La machinerie en bois du Haut Empire retrouvée à Alet », Annales de Bretagne, 80, numéro 1, p. 163-184.

  • Leroux G., Provost A., 1990, L’Ille-et-Vilaine, Carte archéologique de la Gaule, Paris : Académie des inscriptions et belles-lettres, 35, p. 233.

Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023
(c) Université de Nantes
(c) Région Bretagne
Toublanc Léonie
Toublanc Léonie

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