Photographe à l'Inventaire
- enquête thématique régionale, Inventaire des lieux et objets de pardon et de pèlerinage en Bretagne
Dossier non géolocalisé
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Précisions
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Aires d'étudesBretagne
Les débuts du pèlerinage
Selon l’abbé Edouard Renault, auteur d'une histoire de Notre-Dame de la Peinière (1907), le sanctuaire fait l'objet d'un pèlerinage depuis le 17e siècle. Plusieurs récits populaires retracent la découverte de la statue miraculeuse de la Vierge de la Peinière. Qu'elle soit trouvée par un fermier dans un champ, ou dans les débris de la maison de son sculpteur, elle revient toujours sur les lieux de sa découverte - au lieu-dit la Peinière-, affichant ainsi, d'après la tradition, sa volonté d'être vénérée à cet endroit et légitimant la construction d'un oratoire, puis d'une chapelle (1840) sur cet emplacement précis. Encore selon l'abbé Renault, un oratoire abrite la statue au 17e siècle. Recteur de Saint-Didier de 1811 à 1858, l'abbé Travers rapporte que, dès son arrivée en 1805, la taille de l'oratoire ne permettait pas d'y lire la messe. Il était constitué d'un autel sur lequel reposait la statue, et d'un ensemble d'ex-voto composés d'objets en or et en argent, mais aussi de bâtons de pèlerins et de béquilles.
Le développement du pèlerinage et la construction des chapelles
L'abbé Travers relève le nombre croissant de visiteurs et de pèlerins. Il essaie alors de développer davantage encore le pèlerinage. Il obtient en 1819, de René Breteau de la Guéretterie, vicaire général et curé de Saint-Martin de Vitré, l’autorisation d'organiser chaque année une procession le jour de la Nativité de la Vierge (le 8 septembre). Cette autorisation est prolongée de manière perpétuelle par l'évêque de Rennes Mgr Louis de Lesquen (1770-1855) en 1831, en même temps qu'est attribuée une indulgence[i] de quarante jours. L'oratoire, trop petit pour un tel développement, est remplacé par une première chapelle en 1840 à l'initiative de l'abbé Travers et grâce aux dons des pèlerins et des paroissiens.
L'abbé Hucher commande une seconde statue de Notre-Dame de la Peinière en 1877, afin de remplacer la statue historique, devenue trop abîmée. De 1895 à 1900, la chapelle est reconstruite à son initiative. Il souhaite l’agrandir pour l’adapter au développement du pèlerinage de plus en plus fréquenté. C'est la chapelle de Notre-Dame de la Peinière qui nous est parvenue aujourd'hui.
La reconnaissance officielle du pèlerinage diocésain
Ces efforts de développement du pèlerinage avec la reconstruction des chapelles permettent une reconnaissance progressive des dignitaires ecclésiastiques au 19e siècle et au début du 20e siècle.
Le 2 août 1864, un bref du Pape Pie IX accorde une indulgence plénière à tous ceux qui feront le pèlerinage de Notre-Dame de la Peinière aux principales fêtes de la Vierge. Le 21 mai 1874, un second bref de Pie IX étend l'indulgence à tous les jours de l'année.
C'est en 1908, avec Mgr Dubourg, archevêque de Rennes de 1906 à 1921, que le pèlerinage de la Peinière devient un pèlerinage diocésain. Il a lieu chaque année, à la date du 8 septembre, pour la fête de la Nativité de la Vierge.
Le pèlerinage prend encore de l'ampleur avec le couronnement solennel[ii], le 8 septembre 1926, de la statue de Notre-Dame de la Peinière considérée comme historique. À cette occasion, une statue intégrant sans doute les restes de la statue ancienne est reconstituée par le sculpteur parisien Camille Debert. Pour la parure, deux couronnes sont commandées ainsi qu'un manteau.
L'aménagement d'un sanctuaire de plein air
L'essor du pèlerinage dans la première moitié du 20e siècle rend nécessaire la construction d'un sanctuaire de plein air. Le livre de paroisse de Saint-Didier rapporte la venue de 10 000 à 12 000 pèlerins lors de certains pèlerinages diocésains. En 1956, un podium est alors construit, pouvant accueillir 10 000 personnes, et une esplanade est aménagée devant la chapelle. La construction d'un abri du pèlerin et d'une salle de réunion est également envisagée, mais reste au stade de projet. Le podium est béni à l'occasion du pèlerinage diocésain un an plus tard, le 4 septembre 1957, devant un nombre de pèlerins estimé à 15 000 d’après le livre de paroisse.
Dans les années 1980, des jeux scéniques et des brocantes voient le jour. En 1989, l'association des Amis de Notre-Dame de la Peinière est fondée pour aider au financement et à l'animation du Centre Diocésain de Pèlerinages de la Peinière.
C'est en 1989-1990 que l'Abri du Pèlerin est construit par les architectes rennais Jean Coirre et Henri Glorot. Cet abri sert à la célébration des messes lorsque la chapelle est trop étroite et peut accueillir 1000 personnes. À la date de l'étude (2024), Il abrite la seconde statue de Notre-Dame de la Peinière (1877), la croix de procession ainsi que la bannière de Notre-Dame de la Peinière (1905). C'est un lieu de rassemblement et d'accueil des groupes.
Le pèlerinage au 21e siècle
Le sanctuaire de la Peinière accueille des pèlerins durant toute l'année : 50 000 à 60 000 visiteurs par an selon le témoignage des gestionnaires du lieu, missionnés par l'évêque pour s'occuper du sanctuaire. Le site regroupe désormais un hôtel-restaurant, différents espaces d'accueil de groupes, une librairie et un oratoire. Des pots de l'amitié sont organisés régulièrement. Différents pèlerinages ont lieu à l'occasion de fêtes mariales comme l'Assomption, la Nativité de la Vierge ou la fête de Notre-Dame de Fatima. Après la période Covid, la fréquentation de ces pèlerinages et de ces fêtes a baissé. 800 pèlerins se déplacent pour le 15 août et environ 1500 à 2000 personnes lors du pèlerinage diocésain le 8 septembre, tandis qu'ils étaient 5000 en 2006. Les messes et célébrations qui se déroulaient autrefois sur l'esplanade au pied la chapelle de la Peinière se passent désormais au podium dont la capacité d'accueil permet de répondre plus efficacement aux besoins des différentes célébrations tout au long de l'année. Pour chaque procession, les participants démarrent devant l'Abri du Pèlerin, se rendent devant le Podium pour y suivre la messe, puis retournent à la chapelle de Notre-Dame de la Peinière. La date du 8 septembre est le jour de la fête patronale de Notre-Dame de la Peinière. C'est le pèlerinage le plus important de l'année et c'est également à cette date que se déroule la rentrée diocésaine. Pour cette occasion, l'évêque se rend systématiquement au sanctuaire de la Peinière pour y présider la cérémonie. Les deux statues de Notre-Dame de la Peinière sont encore portées en procession pour les fêtes mariales, de même que la croix et la bannière de procession de 1905. En revanche, une autre bannière dédiée à Notre-Dame de la Peinière et entreprosée dans la sacristie de la chapelle, ne l'est plus en raison de son poids trop important.
[i] Une indulgence est une remise de peine de purgatoire encourue pour les péchés commis. Cette indulgence peut s’obtenir par différentes actions (pèlerinages, visites de reliques, prières spéciales etc.)
[ii] Un couronnement solennel ou canonique est un acte religieux institutionnel du pape consistant à remettre une couronne à une image (statue, peinture, etc.) du Christ ou de la Vierge Marie (plus rarement de sainte Anne ou exceptionnellement de saint Joseph) ayant une dévotion et une vénération spécifique dans un diocèse, une localité ou un édifice religieux donnés.
- (c) Archives départementales d'Ille-et-Vilaine
- (c) Région Bretagne
Documents d'archives
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ADIV 5V 271 1 : registre des délibérations du conseil de fabrique (1804 - 1858)
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Livre de paroisse de Saint-Didier
Bibliographie
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RENAULT, Edouard, Histoire du pèlerinage de Notre-Dame de La Peinière, paroisse de Saint-Didier, Diocèse de Rennes, Rennes, H. Vatar, 1907, 224p.
Périodiques
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FERRIEU, Xavier, « Notre-Dame de la Peinière », Bulletin & Mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, t. CX, 2006, p. 45-122.
Dans le cadre d'un stage de fin d'études de Master en Gestion et Mise en valeurs des œuvres d'arts
Dans le cadre d'un stage de fin d'études de Master en Gestion et Mise en valeurs des œuvres d'arts