Dossier d’œuvre architecture IA56132440 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale
Club Belambra "Les Portes de L'Océan" et résidence Sud-Océan Vacancéole, anciennement Village Vacances Familles (VVF) de Guidel et gîtes familiaux de Guidel.
Œuvre étudiée
Auteur
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Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne
  • Commune Guidel
  • Lieu-dit Guidel-Plages
  • Adresse Route Côtière
  • Dénominations
    village de vacances
  • Destinations
    centre de loisirs
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Première réalisation bretonne de l’association de tourisme social Village Vacances Familles (VVF), le village vacances de Guidel, inauguré en 1963, témoigne d’une recherche exemplaire d’intégration au site. Sa réception très positive et la forte demande des vacanciers pour les vacances de bord de mer conduisent en 1964 son architecte, André Gomis, à compléter le site par un second programme de gîtes familiaux. Par son succès, le village vacances contribue à l’émergence du futur site touristique de Guidel-Plage, dont la planification urbaine est mise à l’étude dès 1964. Conduite par la Société d’Aménagement Touristique du Morbihan (S.A.T.M.O.R.), cette opération prévoit l’aménagement d’une zone de 65 hectares consacrée aux loisirs et à l’hébergement touristique, s’étirant vers le sud depuis l’estuaire de la Laïta.

En 2007, VVF cède son village vacances de Guidel à Belambra Club.

VVF s’implante en Bretagne

Le 15 avril 1961, la mairie de Guidel accueille une importante réunion consacrée à l’avenir de la commune. Autour du maire, M. Le Montagner, se réunissent plusieurs représentants de l’administration et des acteurs locaux : M. Bot (Ponts et Chaussées), M. Ouvre (architecte), M. Le Gallo (Ministère de la Construction), M. Veaugois (géomètre), ainsi que les propriétaires cultivateurs Morin, Mentec, Bienvenu et Guyomarch. Ensemble, ils débattent de l’implantation à Guidel d’un village de vacances de 600 lits, porté par la Caisse des Dépôts et Consignations via sa Société Centrale Immobilière (S.C.I.C.). La gestion en est confiée à l’Association Village Vacances Familles (VVF), filiale de la Caisse des Dépôts créée en 1959.

Le projet s’inscrit dans un modèle national de villages de vacances régis par une typologie précise : un pavillon central abritant les services collectifs (cuisines, restauration, loisirs), autour duquel s’organisent les pavillons d’hébergement familiaux. Ces structures offrent de nombreux services mutualisés, notamment des garderies d’enfants destinées à soulager les mères de famille, et pratiquent la pension complète à des tarifs très accessibles.

Du mur de l’Atlantique aux vacances pour tous

Le dessin du village est confié à André Gomis (1926-1971), architecte dont les projets traduisent les préoccupations sociales de l’époque : aménagement du territoire, logement collectif et équipements de loisirs. Collaborateur régulier de la Caisse des Dépôts, il participe notamment au projet du grand ensemble de Bagneux (Hauts-de-Seine).

Pour le village de Guidel, la mairie met à la disposition de la S.C.I.C. et de son architecte un terrain de choix : situé entre l’estuaire de la Laïta, au nord, et l’étang du Petit-Loch, au sud. Établi sur un vaste cordon dunaire, à proximité immédiate de la mer, le site couvre environ 9 hectares et est desservi par la route départementale n°152, dite « côtière », premier grand ouvrage touristique inauguré en 1955.

Bien que principalement utilisé à des fins agricoles, le site n’est pas vierge de constructions : de nombreux bunkers, vestiges de l’Occupation allemande, parsèment la dune. Cet ensemble fortifié, identifié sous le nom de « Lo 22 » (Lorient), comprenait plusieurs ouvrages standardisés du Mur de l’Atlantique (voir l'Inventaire des héritages militaires en Bretagne) : un bunker-abri de type 621 pour dix soldats ; un bunker-casemate de type 625 destiné à un canon antichar de 7,5 cm (équipage de six soldats) ; un bunker-casemate de type 634 pour cloche blindée à six embrasures (équipage de neuf soldats) ; un bunker-casemate de type 644 pour cloche blindée à six embrasures ; un bunker-casemate de type 667 pour canon de 5 cm ; enfin, un bunker-observatoire équipé d’une petite cloche (équipage de six soldats).

Jugés trop complexes à déposer, ces ouvrages sont intégrés au projet architectural : Gomis tire parti des reliefs générés par les structures de béton pour en faire les lignes directrices de son plan. Ce rapport au site, fondé sur l’adaptation à une topographie héritée, est explicité par l’architecte lui-même :

« Un double souci a guidé l’étude et le choix du parti : - d’une part, le désir d’implanter les habitations de telle sorte que leurs habitants profitent de vues qu’offre le site, sur la Laïta et sur la mer ; - d’autre part, la nécessité impérative de conserver à proximité du rivage des zones plantées où l’on trouvera des équipements sportifs, jeux et promenades. Cette double nécessité conduit à construire sur les pentes et à planter dans les creux. »

La résultante de ces choix est une organisation spatiale directement issue de la topographie naturelle et artificielle : les volumes bâtis coiffent les masses de sable et de béton et s'orientent vers la mer et la Laïta.

Une réalisation exemplaire

Venant de la route, on accède d’abord au centre commun, qui regroupe le hall d’accueil, un bar, une salle à manger, les cuisines, plusieurs salles de loisirs et un pavillon pour enfants. Ces différents espaces s’articulent autour d’une vaste cour carrée, cœur de la vie collective du village. Depuis ce centre, une passerelle (aujourd'hui disparue) conduit directement à la plage, évitant ainsi la traversée de la circulation automobile en contrebas de la dune.

À l’est et au nord du centre, les logements familiaux - des appartements d’une, deux ou trois pièces - se répartissent en deux « quartiers » d’habitation. Chaque unité dispose de chambres, d’un cabinet de toilette équipé d’un WC, et, à l’étage, d’une loggia. Leur double orientation assure un ensoleillement optimal et offre, selon l’implantation, une vue sur la mer ou sur la dune. L’accès des véhicules se fait par une voie de crête menant au centre commun, tandis que les quartiers résidentiels sont exclusivement desservis par des cheminements piétons. Des parkings sont aménagés en face du hall d’entrée, complétant ainsi le système de voirie.

Les bâtiments présentent une grande diversité de formes géométriques, mais se trouvent unifiés par un motif commun : le toit pentu en ardoise descendant jusqu’au sol. Ce dispositif, à la fois structurel et plastique, exprime une volonté affirmée d’intégration au paysage. L’unique volume pyramidal, qui singularise le pavillon d’accueil (aujourd’hui transformé en bar), le distingue du reste des bâtiments collectifs et résidentiels. Cette attention portée au contexte breton, naturel comme bâti, se traduit par l’emploi de matériaux traditionnels (bois, ardoise) et par le choix de volumes simples et épurés. Dans la cour et les bâtiments collectif, les dalles d'ardoise qui pavent le sol prolongent visuellement et atténuent la frontière entre intérieurs et extérieurs. Gomis conjugue ainsi inspiration vernaculaire et modernité, produisant une architecture calme, mesurée et d’une grande sobriété..

En 1963, le village comprend : un pavillon central abritant l’ensemble des services collectifs, ainsi que 22 pavillons d’habitation indépendants totalisant 564 lits pour les familles et 40 lits pour le personnel. La réception critique de l’ensemble est particulièrement favorable : dans son essai Nouvelle Architecture française (1967), l’historien de l’art Maurice Besset (1921-2008) érige le village de Guidel en réalisation exemplaire d'une démarche d'intégration au site.

Un village de vacances et des gîtes familiaux

Dès son inauguration, le jeune village de vacances connaît un succès immédiat. Face à la demande croissante, une extension est réalisée en 1964 avec la construction d’un dernier pavillon d’habitation, situé au sud-est du site, portant à vingt-trois le nombre total de pavillons. Mais cette adjonction ne suffit pas à répondre à l’afflux de vacanciers.

Dans le même temps, VVF projette d’y adjoindre un ensemble de gîtes familiaux. Développée en parallèle du modèle des villages de vacances, cette formule s’adresse à des familles dont les moyens ne permettent pas la pension complète. Les gîtes VVF proposent des logements meublés, loués à la semaine, où les services hôteliers sont réduits : les vacanciers assurent eux-mêmes leurs repas et l’organisation de leur séjour. Ce mode d’hébergement répond à une demande nouvelle, celle de familles souhaitant davantage d’autonomie tout en bénéficiant de certains services collectifs (garderie d’enfants, dépôt d’alimentation, salle de repassage, salle de réunion, bibliothèque, etc.).

Les gîtes familiaux de Guidel offrent une capacité d’accueil de 850 personnes. L’ensemble comprend un bâtiment central (également pyramidal) et quinze pavillons d’habitation, répartis en 18 studios, 110 deux-pièces et 24 trois-pièces. Ici encore, la toiture "toute hauteur" en ardoise guide le projet constructif.

A son apogée, le complexe VVF accueille près de 1 700 personnes, vacanciers et membres de l’équipe confondus.

Vers la création d’une zone touristique littorale

Le succès du village VVF a joué un rôle déterminant dans l’affirmation de la vocation balnéaire de Guidel. En révélant le potentiel d’attractivité de son littoral et la pertinence d’un modèle de villégiature familiale intégré à son environnement naturel, il a conforté la commune dans son ambition de structurer un véritable espace de loisirs en bord de mer. Cette dynamique marque le point de départ des réflexions qui conduiront, quelques années plus tard, à la création de la zone touristique de Guidel-Plage.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une société privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier
  • Sites de protection
    loi littoral

Documents d'archives

  • Guidel, Centre de vacances par la Caisse des dépôts et consignations, plans papier

    Archives départementales du Morbihan : 888 W 51

Bibliographie

Date(s) d'enquête : 2024; Date(s) de rédaction : 2024
Articulation des dossiers