Cette verrière est commandée à l'initiative de l'abbé Floch, recteur de la paroisse de Kerfeunteun en 1920, en souvenir des soldats de la paroisse morts durant la guerre de 1914-1918. La chapelle étant classée Monument historique depuis 1903, le projet est établi en lien avec l'Architecte en Chef des Monuments historiques Bernard Haubold. Le dessin est dû à Henri Marcel Magne (1877-1944) et la verrière est réalisée dans l'atelier parisien Charles Champigneulle, installé en 1851 rue Notre-Dame-des-Champs, héritier d'une dynastie de verriers lorrains.
Un intéressant document, conservé à la Médiathèque du Patrimoine et de la Photographie, nous apprend l'architecte de l'Inspection générale des Monuments historiques, chargé de rendre un avis sur le projet de verrière soumis par l'Architecte en Chef Haubold conseillait la suppression de la scène de procession du pardon, proposée en partie inférieure de la verrière, jugée "secondaire" par rapport à la scène de guerre. Il ajoutait que si "toutefois les intéressés insistaient particulièrement pour que ce motif fût maintenu, il y aurait avantage à le séparer du motif supérieur par un bande décorative, qui plus large que celle actuellement prévue, atténuerait le caractère un peu mouvementé de la composition". (MPP, 0081-029-0050)
En dépit de cette double critique, la réalisation de la verrière montre la conservation du parti initial, superposant une scène de guerre effectivement agitée - l'assaut des soldats - et une scène de paix - la procession du pardon dans le calme retrouvé.
Le peintre cartonnier Henri Marcel Magne dessine cette dernière scène d'après un cliché sur lequel pose un groupe de personnes qui mettent en scène la procession du pardon. Parmi ces modèles, quatre mariées de l'années 1920 portent la statue de la Vierge sur un brancard. On mesure l'attachement à cette pratique des habitants de la paroisse qui se mobilisent pour ce projet de verrière et laissent leur image sur cette partie de la verrière, qui a une visée tout aussi mémoriel que la scène de guerre.
Le projet est validé en janvier 1921.
Chargée d'études à l'Inventaire