Dossier d’œuvre architecture IA22003466 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique, Loudéac
  • enquête thématique régionale, Inventaire du patrimoine lié à l’histoire toilière de la Bretagne
Église paroissiale Saint-Just (Trévé)
Œuvre étudiée
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Loudéac - Loudéac
  • Commune Trévé
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Just
  • Parties constituantes non étudiées
    croix monumentale, fontaine de dévotion

L’église paroissiale Saint-Laurent, puis Saint-Just de Trévé fait l’objet tout au long du 18e siècle d’importants travaux d’agrandissement et d’embellissement, rendus possibles par la prospérité de l’activité toilière. Le 17e et le 18e siècle est une période d’enrichissement et de croissance démographique qui a favorisé la réalisation de chantiers portés par la paroisse, afin de répondre aux besoins de la population. Les travaux entrepris au début du 18e siècle s’accompagnent d’un renouvellement du mobilier liturgique. Durant la seconde moitié du siècle, les chantiers se succèdent à un rythme soutenu sur une période relativement courte, alors que le marché de Loudéac atteint son apogée. Le style de l'édifice par son architecture plutôt sobre s'inscrit dans la tendance observée dans la manufacture des « bretagnes », pensée pour mettre en valeur le mobilier liturgique, conçu dans l'esprit de la Réforme catholique. Les différents aménagements sont permis par les dons fait les paroissiens grâce à l’activité toilière. Par ailleurs, les chantiers de l’église mettent aussi en exergue le rôle prépondérant des marchands de toiles dans le choix des artistes et la conduite des chantiers.

(Enquête thématique, prospérité toilière et chantier paroissiaux, Paul-Alexis Borgo, 2025)

La paroisse est mentionnée dès le 12e siècle. L'église est reconstruite à partir de 1709 pour I. Le Lay recteur (inscription sur le choeur). Le clocher est construit en 1724 et reconstruit dans ses parties hautes en 1868 ; les fondations du clocher sont ensuite reprises en 1905 par Leho entrepreneur sur des plans de Morvan architecte. La nef et les pignons du transept sont construits en 1770 (date portée) par Jean Gausson sur des plans de Perroud ingénieur des Ponts et Chaussées. Agrandissement de la sacristie en 1776. Reprise et rehaussement des murs de l'église, choeur et transept, à la fin du 19e siècle. Sur le placitre, croix monumentale non signée attribuée à l'atelier Yves Hernot, sculpteur à Lannion. A 100 m côté nord, une fontaine de dévotion date du 17e siècle.

(Inventaire topographique, Jean-Pierre Ducouret, 2003)

Le premier chantier connu de la période de prospérité toilière est celui du chœur, construit en 1709, comme l’atteste la date gravée sur le pan sud du chevet accompagnée de la mention : « I:LELAYRECT 1709 ». Cette reconstruction du chœur pourrait s’inscrire dans une reconstruction globale de l’édifice au début du 18e siècle, cependant nous ne disposons d’aucun document pour affirmer cette hypothèse.

En 1724, l’église est dotée d’une tour de clocher surmontée d’une flèche en ardoises avec deux dômes à sa base (proche de ce que l’on retrouve aujourd’hui à Grace-Uzel). De cet ancien clocher, ne subsiste que la base qui a été enduit à la chaux, la flèche ayant été détruite en 1866 pour en construire une nouvelle, en calcaire de Richemont (Charente). Le 28 janvier 1748, les délibérants du général de la paroisse et plusieurs des plus notables personnes de la paroisse décident d’installer une horloge sur le clocher. Des réparations sont effectuées sur l’horloge en 1781, à la demande du recteur Louis Cherdel. Les trésoriers François Ody et Jean Baptiste Le Roux, marchands de toiles, sont chargés de convenir des conditions du marché avec l’horloger, sieur Thebeau.

En 1765, le général exprime la volonté de construire le collatéral sud de l’église et d’augmenter le nombre d’ouvertures. Les travaux aboutissent en 1770 comme en témoignent la date gravée au-dessus de la porte du collatéral et le témoin de banni (document publié pour faire appel à des artisans et leur proposer le marché). Un projet de réaménagement de la nef est mentionné dès 1767. Le général prend d'abord avis par un procès-verbal auprès de Monsieur Saint-Julien, « ingénieur du Roy à Pontivy », afin de prévoir la manière de conduire le chantier. Le marché est établi le 22 avril 1770 avec Jean Gausson, maitre maçon du village de Quidy à Saint-Caradec, sur les plans de Jean Perroud, ingénieur des ponts et chaussées à Saint-Brieuc. En 1776, le général exprime de nouveau la volonté d'agrandir le bâtiment afin de contenir la population qui a considérablement augmenté. L’église est devenue trop petite notamment lors des jours de fête. Il est décidé de réédifier une collatéral au nord de la nef. Le projet se double d’une dimension d’embellissement afin de permettre au collatéral et à la chapelle du Monstoir de recevoir des décorations. En effet, les délibérants jugent que ces deux espaces défigurent le corps de l’église, ils sont donc élargis parallèlement au côté sud. Ces aménagements élargissent le corps de l’église au nord, sur un terrain qui appartient au duc de Rohan, mais entraine aussi une modification de la chapelle du Montoir, appartenant à la famille De Cornulier. Les travaux nécessitent donc au préalable leurs accords et la nomination de deux commissaires (le sieur Duparc, sieur de la Noe et le sieur Moisan, marchands de toiles) afin d’assurer la bonne conduite du chantier.

En 1777, la sacristie est agrandie dans une proportion convenable au terrain pour assurer la commodité des prêtres, celle des délibérations du général et celle de la conservation des ornements de l’église. La sacristie est prolongée jusqu’au coin de la chapelle du Rosaire. Les sieurs Jean Baptiste Ollitrault et Jacques Sébastien Thomas (marchands de toiles) sont chargés d’assurer le déroulement du chantier. Pendant le chantier, les assemblées du général ont lieu dans la chapelle des fonts. En 1778, Jean Marigo est employé par la paroisse pour blanchir les planches destinées aux lambris et plancher de la sacristie.

(Enquête thématique, prospérité toilière et chantier paroissiaux, Paul-Alexis Borgo, 2025)

Eglise de plan en croix latine à trois vaisseaux couverts d'un lambris de couvrement ; chevet polygonal à croupes ; élévations latérales de la nef à travées ; le clocher est sommé d'une flèche en pierre ; sacristie en hors-oeuvre côté sud. Fontaine de dévotion au nord ; croix au sud. Le cimetière est transféré au sud du bourg.

(Inventaire topographique, Jean-Pierre Ducouret, 2003)

L’église est construite en moellons de schiste, à l’exception du collatéral sud de la nef en pierres de tailles de granite. Elle est couverte d’un toit en ardoises à longs pans, à croupe sur le chœur et des pignons découverts. Le plan en croix latine abrite une nef à quatre travées avec deux bas-côtés, traversée par un transept saillant et précédée d’un porche d’entrée. Le plan en croix latine et le chevet à cinq pans coupés se détache peu au sud, du fait de l’élargissement des collatéraux et de la construction de la sacristie à étage, en hors-œuvre, au sud du chœur. Le parti bas de la nef et des collatéraux contraste avec la hauteur de la tour-porche à l’ouest. Une opposition accentuée par sa mise en œuvre en pierre de taille de calcaire de la flèche, alors que les autres parties de l’église sont construite en moellons. Le clocher-porche enduit à la chaux présente un escalier en hors-œuvre et se distingue par son couronnement en dôme, ses baies cintrées à fronton et pilastres, ses lanternons placés aux quatre angles de la plate-forme. L’édifice est percé d’ouvertures en plein-cintre avec un encadrement en granite, à l’exception de celles de la sacristie avec un linteau segmentaire qui sont fermée par une grille en métal. La sacriste se distingue aussi par sa corniche avec des modillons et son angle à pan coupé.

(Enquête thématique, prospérité toilière et chantier paroissiaux, Paul-Alexis Borgo, 2025)

  • Murs
    • schiste moellon enduit partiel
    • granite pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    3 vaisseaux
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • flèche en maçonnerie toit à longs pans pignon découvert
  • Escaliers
    • escalier hors-oeuvre : escalier en équerre en maçonnerie
  • Typologies
    eglise de plan régulier de style des ingénieurs. Croix monumentale de type Hernot. Fontaine-mur
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Eglise de grandes dimensions, principalement construite au 18e siècle, époque de prospérité due à l'activité toilière.

Documents d'archives

  • Série G. Clergé séculier ; Sous-série 20 G Fonds des paroisses :

    - 20 G 665 : Délibérations (1740-1786), impositions, biens et revenus

    - 20 G 804 : Extraits des registres de délibérations de la paroisse (1767, 1768, 1769), comptes de l'église (1781-1784), chapelle du Rosaire (1782, 1785 et 1786), chapelle Saint-just (1780-1785) et chapelle Saint-Pierre (1782-1783), acte de fondation d'une école de la charité au bourg de Trévé et mémoire concernant cette fondation (1715), procédure (1767-1768), contrat des rentes dues à la fabrique (1719 et 1767), testament (1709), tableau des prêtres, recteurs et vicaires

    Archives départementales des Côtes-d'Armor : 20 G 665, 20 G 804
    20 G 665, 20 G 804

Bibliographie

  • LAGADEC Yann, Pouvoir et religion au village : la vie paroissiale à Loudéac, Trévé et Saint-Caradec au XVIIIe siècle, mémoire de maitrise d'Histoire, sous la direction d'Alain Croix, Université Rennes 2, 1991

    Bibliothèque universitaire. Université Rennes 2 : MH 1207/1 et 2

Périodiques

  • COUFFON, René. Répertoire des Eglises et Chapelles du Diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier. Mémoires de la société d'émulation des Côtes-du-Nord. 3e fascicule, 1941, Saint-Brieuc : Les Presses Bretonnes.

    p. 573, 574
Date(s) d'enquête : 2003; Date(s) de rédaction : 2004, 2025