Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Lesneven
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Commune
Plouider
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Lieu-dit
La Métairie,
Ar Veuleury
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Cadastre
AD
114
;
AD
71-72
;
AD
92
;
AD
96
-
Dénominationsbatterie, blockhaus, casemate, abri, magasin de munitions
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Destinationsremise agricole
La batterie d’artillerie de La Métairie - Ar Veuleury à Plouider a été construite par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Sur le site sont conservés trois bunkers-casemates frontales de type 671 pour canon de 105 mm long modèle 1913 Schneider d’origine française). L’intérêt de ces bunkers est également de conserver des marquages et des instructions de tir en bon état.
En raison de son intérêt patrimonial, l’Union nationale des combattants (UNC) souhaiterait conserver et valoriser cette batterie d’artillerie.
Créé en 2002, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne.
Aménagée par l’Allemagne nazie entre 1943 et 1944, cette batterie d’artillerie de côte (Heerküstenbatterie) constitue l’un des maillons du Mur de l’Atlantique (Atlantikwall) en Bretagne. Un groupe de trois batteries d’artillerie de côte divisionnaires (Divisionsbatteries) protège la baie de Goulven et ses approches maritimes, la plage de Keremma et la grève de Goulven d'un débarquement anglo-saxon.
Cette batterie est armée par quatre canons de campagne de 10,5 cm d'origine française d’une portée maximale de 12 km, mais avec une cadence de tir relativement faible. La dénomination "K 331" correspond à un canon de 105 mm long modèle 1913 Schneider. L’axe de tir est le nord-nord-ouest (axe principal à 350 degrés), c’est-à-dire avec un objectif marin devant Brignogan à plus de 8 km de distance pour détruire les navires transportant des troupes, des chars et des armes lourdes. La batterie n'est pas visible de la mer ce qui permet de surprendre "l'ennemi" sur des positions préalablement enregistrées et d'éviter les tirs de contre-batterie. Elle est servie par la Division d'artillerie de l'armée (Heeres-Artillerie-Abteilung - abrégée en HAA) 1/1161.
Le tir des canons de la batterie, commandés par un officier, secondé par des observateurs et des calculateurs, était dirigé via des liaisons téléphoniques câblées et radios depuis des observatoires d’artillerie. Les liaisons sont assurées par la section des transmissions de la batterie.
Cette batterie d'artillerie est dite hippomobile car les canons et le matériel nécessaire - dont les projectiles (obus et gargousses) - sont tractés par des chevaux. Pour le fonctionnement d’une seule batterie d’artillerie de quatre pièces, il faut compter 3 officiers, 24 sous-officiers et 86 hommes de troupe ainsi que 20 chevaux de monte et 75 chevaux de trait. La ferme nommée La Métairie (et sans doute d’autres fermes alentours) est réquisitionnée pour accueillir les soldats et subvenir aux besoins des chevaux nécessaires au fonctionnement de la batterie hippomobile.
Selon les archives allemandes, cet ensemble fortifié est tantôt numéroté "Av 55" ou "A 55". Le préfixe fait référence au groupe défensif côtier Aber Wrac'h - Lesneven qui s’étend de Plouescat à l’est à Landéda à l’ouest et qui comptait 1 135 constructions permanentes ou de campagne en juillet 1943.
Le plan-type ou construction standard (Regelbau) 671 est mis en service le 18 avril 1943. Dans l’attente de la construction des quatre bunkers- casemates, les pièces d’artillerie étaient installées dans des emplacements de campagne.
Au 1er juillet 1943, c’est la 343e division d’infanterie allemande - dont le poste de commandement est implanté à Landerneau - qui est en charge de ce secteur.
Le 7 août 1944, les canons de la batterie d’artillerie de La Métairie - sortis de leurs casemates - sont utilisés pour bombarder les troupes américaines arrivées la veille à Lesneven. Leurs tirs entraînent la mort de plusieurs personnes et provoquent d’importants dégâts dans le centre-ville. Dans la nuit du 7 au 8 août 1944, la batterie est évacuée sans combat. En fuyant, les soldats font exploser leur stock de munitions : l’incendie déclenché par l’explosion se propage à la maison voisine.
Dans le rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949), la batterie d’artillerie est associée à tort au toponyme Le Grand Kerveleugan orthographié Kervelingan. Le rapport comprend une description, un plan schématique et la photographie de l’un des quatre bunkers-casemate dont le canon apparaît sabordé.
Les vestiges du bunker-casemate ouest ont été concassés et enlevés dans les années 2010.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
- Secondaire : 1er quart 21e siècle
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Dates
- 1943, daté par travaux historiques
- 1944, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Organisation Todtingénieur militaire attribution par travaux historiquesOrganisation TodtCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Implantation de la batterie d’artillerie
Cette batterie d’artillerie est située dans l’intérieur des terres à 3,5 km de la mer, au sud du bourg de Plouider et à environ 50 m au-dessus de la mer. Elle est implantée sur les terres de la ferme nommée La Métairie (Ar Veulery en breton). A proximité passait la voie ferrée qui desservait Plouider, Tréflez, Plouescat, Goulven, Plounéour-Trez et Brignogan (cette voie ferrée a sans doute servi à approvisionner le chantier de construction).
Au moins neuf constructions composent à l’origine cette batterie d'artillerie de côte.
Le bunker-casemate ouest a été détruit ; ses vestiges ont été enlevés.
Quatre bunkers-casemates de type 671 en élévation
La batterie se compose notamment de quatre bunkers-casemates de type 671 (Schartenstands für Geschütze auf mittlerer Sockellafette 120° ohne Nebenräume que l’on peut traduire par casemate pour canon moyen sur affût pivotant sans locaux annexes [ouverture de tir à 120°]) en élévation. Ils abritaient chacun à l’origine une pièce d’artillerie. D’est en ouest, ils sont respectivement espacés de 40 m, 25 m et 40 m.
Construits en béton armé, ces bunkers conçus pour abriter un canon de calibre moyen regroupent une chambre de combat (Kampfraum) et deux niches à munition (Nischen für Munition) de part et d’autre de leur couloir d’accès. Chaque casemate dispose de 150 coups de réserve pour des canons de 10,5 cm de calibre. L’une des deux niches abrite en sus le ventilateur d’extraction des fumées de tir.
Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur (dalle de fondation de 0,8 m d’épaisseur), ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes" (Ständig Ausbau), c’est-à-dire à l’épreuve des bombes aériennes. Les angles extérieurs des bunkers sont arrondis éviter les éclats de béton en cas de bombardement.
La construction d'un seul bunker de ce type nécessite un terrassement de 330 m3, 300 ou 320 m3 de béton, 13 t de fer rond en ferraillage et 4,7 t de fer profilé pour le plafond. Il s’agit d’un type de bunker très répandu sur le Mur de l’Atlantique (508 exemplaires selon Rudi Rolf). Au total pour les quatre bunkers-casemates, cela représente un volume de 1 320 m3 de béton armé.
Sont conservés à l’intérieur des trois casemates des marquages et inscriptions liés à la conduite de tir (nom du tir de barrage et cadences de tir). Ces bunkers ont également pour particularité le traitement texturé du béton extérieur à des fins de camouflage.
Des bunkers-abris semi-enterrés dans le sol
D’après le plan issu du rapport Pinczon du Sel, la batterie comprend également cinq bunkers enterrés dont deux « bouchés ». Quatre servaient sans doute de magasin à munitions.
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Murs
- béton béton armé
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Toitsbéton en couverture
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Étagesrez-de-chaussée, sous-sol
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Couvertures
- terrasse
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Énergies
- énergie électrique produite à distance
- énergie électrique produite sur place
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État de conservationétat moyen, envahi par la végétation
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Techniques
- peinture
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Précision représentations
Marquages et inscriptions liés à la conduite de tir.
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Éléments remarquablesbatterie, blockhaus, casemate
- (c) Région Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
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- (c) Région Bretagne
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Documents d'archives
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Schartenstands für Geschütze auf mittlerer Sockellafette (120°) ohne Nebenräume (Regelbau 671).
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l´Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense du Château de Vincennes). Texte en liasse ; plans et photographies.
https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=467&titre=rapport-pinczon-du-sel-sur-les-installations-du-mur-de-l-atlantique
Bibliographie
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CHAZETTE, Alain, DESTOUCHES, Alain, TOMINE, Jacques, PAICH, Bernard, LAURENT, Jacky. Atlantikwall. Mythe ou réalité. Bonchamp-lès-Laval : éditions Histoire et fortifications, 2008, 480 p.
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ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.
-
FLEURIDAS, Patrick. HERBOTS, Karel. PEETERS, Dirk. Constructions normalisées. 600-699. 700-704. Regelbauten. S. l., 2008, 183 p., 2-914827-27-X.
Périodiques
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BOHEE, Alain. "Une ferme du Trégor dans le mur de l'Atlantique". Bulletin de l'Association pour la Recherche et la Sauvegarde des Sites Archéologiques du Trégor, 2014, p. 290-295.
Documents multimédia
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RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945. Atlantikwall (cartographie).
https://www.relikte.info/atlantikwall.html
Lien web
- Patrimoine de Plouider : les blockhaus du Veuleury
- "Libération de la ville [Lesneven]. Un vestige remis au musée", article du journal Le Télégramme, 30 août 2014
- "Visite d'un blockhaus pour les écoliers de Plouider", Tébéo, 1er mai 2012
- "Plouider. L’UNC veut faire de Veuleury un site mémoriel", article du journal Ouest France, 10 septembre 2021
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Fait partie de
Batterie d'artillerie de côte (A 46), Rumiadiou - La Gare (Tréflez)
Lieu-dit : Rumiadiou, La Gare
Ensemble fortifié : bunker-poste d'observation d'artillerie et batterie d'artillerie antiaérienne (A 211), Kerilien - Kermabon (Plouider)
Lieu-dit : Kerilien, Kermabon
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.