Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne - Saint-Pol-de-Léon
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Commune
Tréflez
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Lieu-dit
Rumiadiou,
La Gare
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Cadastre
OB
269-270
;
OB
272
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Dénominationsbatterie, blockhaus, casemate, abri, magasin de munitions
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Destinationsremise agricole
La batterie d’artillerie de Rumadiou à Tréflez a été construite par l’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. Sur le site sont conservés deux bunkers-casemates frontales de type 669 pour canon de campagne de 7,62 cm de calibre de fabrication soviétique. L’intérêt de ces bunkers est également de conserver des marquages et des instructions de tir en bon état.
Créé en 2002, ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été mis à jour en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires porté par la Région Bretagne.
Aménagée par l’Allemagne nazie entre 1943 et 1944, cette batterie d’artillerie de côte (Heerküstenbatterie) constitue l’un des maillons du Mur de l’Atlantique (Atlantikwall) en Bretagne. Un groupe de trois batteries d’artillerie de côte divisionnaires (Divisionsbatteries) protège la baie de Goulven et ses approches maritimes, la plage de Keremma et la grève de Goulven d'un débarquement anglo-saxon.
Cette batterie est armée par quatre canons de campagne de 7,62 cm de fabrication soviétique d’une portée maximale de 13 km avec une cadence de tir maximale de 12 coups/min. La dénomination "FK 39" est l’abréviation de Feldkanone, canon de campagne, modèle 1939, car ils ont été modifiés avec l’ajout d’un frein de bouche pour diminuer les effets du recul.
L’axe de tir des deux canons de 7,62 cm sous casemate est le nord-ouest (axe principal à 330 degrés), c’est-à-dire avec un objectif marin dans la baie de Goulven à plus de 5 km de distance pour détruire les navires transportant des troupes, des chars et des armes lourdes. Disposés à ciel ouvert, deux autres canons de 7,62 cm peuvent tirer à 360°. La batterie n'est pas visible de la mer ce qui permet de surprendre "l'ennemi" sur des positions préalablement enregistrées et d'éviter les tirs de contre-batterie. Elle est vraisemblablement servie par le régiment d’artillerie (Artillerie-Regiment abrégée en AR) 9/343.
Le tir des canons de la batterie, commandés par un officier, secondé par des observateurs et des calculateurs, était dirigé via des liaisons téléphoniques câblées et radios depuis des observatoires d’artillerie. Les liaisons sont assurées par la section des transmissions de la batterie. Un bunker-poste d’observation d’artillerie est implanté sur une hauteur près des lieux-dits Kerilien - Kermabon à Plouider. Un second bunker-poste d’observation d’artillerie est signalé près du lieu-dit le Menhir à Plounéour-Trez (à 275 m en arrière du trait de côte).
Cette batterie d'artillerie est dite hippomobile car les canons et le matériel nécessaire - dont les projectiles (obus et gargousses) - sont tractés par des chevaux. Pour le fonctionnement d’une seule batterie d’artillerie de quatre pièces, il faut compter 3 officiers, 24 sous-officiers et 86 hommes de troupe ainsi que 20 chevaux de monte et 75 chevaux de trait. La ferme nommée Rumiadou (et sans doute d’autres fermes alentours) est réquisitionnée pour accueillir les soldats et subvenir aux besoins des chevaux nécessaires au fonctionnement de la batterie hippomobile.
Selon les archives allemandes, cet ensemble fortifié est tantôt numéroté "Av 46" ou "A 46" (carte allemande d’état-major). Le préfixe fait référence au groupe défensif côtier Aber Wrac'h - Lesneven qui s’étend de Plouescat à l’est à Landéda à l’ouest et qui comptait 1 135 constructions permanentes ou de campagne en juillet 1943.
Le plan-type ou construction standard (Regelbau) 669 est mis en service le 18 avril 1943. Dans l’attente de la construction des bunkers-casemates, les pièces d’artillerie étaient installées dans des emplacements de campagne.
Au 1er juillet 1943, c’est la 343e division d’infanterie allemande - dont le poste de commandement est implanté à Landerneau - qui est en charge de ce secteur.
Le rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949) donne un plan schématique de la batterie d’artillerie attestant également de la présence - en sus des quatre canons de 7,62 cm - de deux canons antiaériens de 2 cm et deux bunkers-postes d’observations et de tir dit Tobruk.
Cette batterie d’artillerie est vraisemblablement évacuée le 7 août 1944.
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Période(s)
- Principale : 2e quart 20e siècle
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Dates
- 1943, daté par travaux historiques
- 1944, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
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Auteur :
Organisation Todtingénieur militaire attribution par travaux historiquesOrganisation TodtCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
Implantation de la batterie d’artillerie
Cette batterie d’artillerie est située dans l’intérieur des terres à 3,5 km de la mer, à l’est du bourg de Tréflez et à environ 55 m au-dessus de la mer. Elle est implantée sur les terres de la ferme nommée Rumiadiou. A proximité passait la voie ferrée qui desservait Plouider, Tréflez, Plouescat, Goulven, Plounéour-Trez et Brignogan (cette voie ferrée a sans doute servi à approvisionner le chantier de construction).
Au moins quinze constructions composent à l’origine cette batterie d'artillerie de côte.
Deux bunkers-casemates de type 669 en élévation
La batterie se compose notamment de deux bunkers-casemates de type 669 (Schartenstand für Feldgeschütze 60° ohne Nebenräume que l’on peut traduire par casemate pour canon de campagne sur affût pivotant sans locaux annexes [ouverture de tir à 60°]) en élévation. Ils abritaient chacun à l’origine une pièce d’artillerie. Ils sont espacés de 45 m.
Construits en béton armé, ces bunkers conçus pour abriter un canon de campagne de 7,5 à 15,5 cm de calibre regroupent une chambre de combat (Kampfraum) et deux niches à munition (Nischen für Munition) de part et d’autre de leur couloir d’accès. Chaque casemate dispose d'environ 350 coups de réserve pour des canons de 7,62 cm de calibre. L’une des deux niches abrite en sus le ventilateur d’extraction des fumées de tir.
Dalle de couverture et murs périphériques mesurent 2 m d’épaisseur (dalle de fondation de 0,8 m d’épaisseur), ce qui place ce type de bunker dans les "constructions permanentes" (Ständig Ausbau), c’est-à-dire à l’épreuve des bombes aériennes. Les angles extérieurs des bunkers sont arrondis éviter les éclats de béton en cas de bombardement.
La construction d'un seul bunker de ce type nécessite un terrassement de 150 m3, 495 m3 de béton, 22 t de fer rond en ferraillage et 8,3 t de fer profilé pour le plafond. Il s’agit d’un type de bunker très répandu sur le Mur de l’Atlantique (600 exemplaires selon Rudi Rolf). Pour les deux bunkers-casemates, cela représente un volume de 990 m3 de béton armé.
Sont conservés à l’intérieur des deux casemates des marquages et inscriptions liés à la conduite de tir. Ces bunkers ont également pour particularité le traitement texturé du béton extérieur à des fins de camouflage.
D’autres bunkers en élévation ou enterrés
Outre les deux bunkers-casemate de type 669, le rapport Pinczon du Sel figure deux cuves pour canon antiaérien, deux bunkers-postes d’observations et de tir dit Tobruk, six bunkers-abris ou magasins à munitions non enterrés et trois bunker-abri légers avec plafond en tôle ondulée cintrée appelée "tôle métro".
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Murs
- béton béton armé
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Toitsbéton en couverture
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Étagesrez-de-chaussée, sous-sol
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Couvertures
- terrasse
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Énergies
- énergie électrique produite à distance
- énergie électrique produite sur place
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État de conservationétat moyen
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Techniques
- peinture
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Précision représentations
Marquages et inscriptions liés à la conduite de tir.
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Statut de la propriétépropriété privée
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Éléments remarquablesblockhaus, casemate
- (c) Région Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
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- (c) Région Bretagne
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- (c) Région Bretagne
- (c) Région Bretagne
Documents d'archives
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Schartenstand für Feldgeschütze (60°) ohne Nebenräume (Regelbau 669).
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l´Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense du Château de Vincennes). Texte en liasse ; plans et photographies.
https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/article.php?larub=467&titre=rapport-pinczon-du-sel-sur-les-installations-du-mur-de-l-atlantique
Bibliographie
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ROLF, Rudi. Atlantikwall-Typenheft. Atlantic Wall typology. Typologie du Mur de l'Atlantique. Middelburg, PRAK publishing, 2008, 432 p.
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FLEURIDAS, Patrick. HERBOTS, Karel. PEETERS, Dirk. Constructions normalisées. 600-699. 700-704. Regelbauten. S. l., 2008, 183 p., 2-914827-27-X.
Documents multimédia
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Regelbau 669 Schartenstand für Feldgeschütze (60°) ohne Nebenräume
https://www.lexikon-der-wehrmacht.de/Regelbauten/Atlantikwall/RB669.htm
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Fait partie de
Batterie d'artillerie de côte (A 55), La Métairie - Ar Veuleury (Plouider)
Lieu-dit : La Métairie, Ar Veuleury
Ensemble fortifié : bunker-poste d'observation d'artillerie et batterie d'artillerie antiaérienne (A 211), Kerilien - Kermabon (Plouider)
Lieu-dit : Kerilien, Kermabon
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.