Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
- enquête thématique régionale, fortifications littorales / the Atlantic Wall Linear Museum
- enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
- (c) Inventaire général, ADAGP
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Bretagne Nord
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Commune
Plougonvelin
-
Lieu-dit
Les Rospects,
Prédic
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Cadastre
ZN
0185
;
ZN
0190
;
ZN
0096
;
ZN
0236
;
ZN
0189
;
ZN
0188
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ZN
0187
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Dénominationsensemble fortifié, batterie, blockhaus, édifice logistique
La batterie fixe de canon de 164 mm (4 x 164 mm)
Selon le programme général de défense des côtes du 1er août 1922, une batterie d'une portée de 18 km (4 canons de 16 cm modèle 1893-1896) est projetée sur le plateau à une trentaine de mètres au-dessus du niveau de la mer, face aux rochers des Rospects pour remplacer la batterie de de la Pointe Saint-Mathieu. Dans le programme de 1926, une nouvelle batterie composée de 4 canons de 34 cm est également envisagée, "en bordure de la route de Lannou à Saint-Jean, à 1 000 mètres environ au 345 du clocher de Plougonvelin". Non loin de là, sera implantée en juillet 1940 la batterie allemande baptisée Graf Spee.
La batterie des Rospects à Plougonvelin est en service en 1929. Il s’agit d’une batterie semi-fixe, c'est à dire réalisée avec des infrastructures sommaires. Elle se compose de quatre canons de 164,7 mm modèle 1893-1896 en encuvement, sur affût C modèle 1923, avec soutes à munitions. L’entraxe entre chaque pièce d’artillerie est de 100 m. Construit en béton spécial, le poste de direction de tir de la batterie est implanté en retrait des pièces d’artillerie, à environ 40 mètres au-dessus du niveau de la mer. Son sous-sol abritait le poste à calcul et le poste radioélectrique qui transmettait les informations à chaque chef de pièce. Situé à droite du poste de direction de tir, face au large, le petit observatoire annexe servait à la section éclairante, armée de 2 canons de 75 mm modèle 1897 et tirant des obus éclairants (ces canons sont remplacés en 1939 par un projecteur).
La batterie Holtzendorff de l’Allemagne nazie (4 x 15 cm)
En juin 1940 (le 17 ?), les canons de 164 mm de la batterie des Rospects sont sabotés par la Marine française avant l’arrivée des troupes allemandes (des éléments seront cependant réemployés plus tard pour la batterie Kerbonn à Camaret). L’emplacement hautement stratégique de la batterie des Rospects intéresse l’amiral von Arnauld de la Perière qui commande la Marine allemande en Bretagne. Fin juillet 1940, quatre canons de 15 cm SK C/28 sont transférés de l’île de Borkum, située à l’embouchure de l’Ems en Allemagne, à la batterie des Rospects, rebaptisée Holtzendorff en l’honneur du grand amiral von Holtzendorff. Les canons sont installés en octobre dans leur encuvement. La portée de ces canons atteint 23 km avec une cadence de tir de 8 coups par minute.
En avril 1942, quatre grandes casemates en béton armé sont construites par le Marine-Bau-Bataillon 360 pour protéger les canons comme l’atteste une date portée. Un bunker - abri de type M145 (1 380 m3 de béton armé) permet de stocker les munitions de 15 cm. Pour la conduite de tir, un bunker - poste de direction de tir (Leitstand) de type M150 est construit (1 050 m3 de béton armé). Un bunker de type M182, pour abriter un projecteur de 1,5 m de diamètre, est implanté à l’aplomb de la falaise immédiatement à l’ouest avec un bunker - abri pour le groupe électrogène alimentant le projecteur en électricité. Situé à 3,5 km à l’est, l’observatoire d’artillerie de construction française de la pointe de Créac’h Meur complète le dispositif ainsi qu’un projecteur baptisé Bruno.
Pour la protection passive des soldats en cas d’attaque aérienne ou navale, l’ensemble fortifié est doté d’un grand bunker - abri de type M151 et de quatre bunkers - abris de type 622 (Doppelgruppenunterstand für 20 mann). Un grand abri (protection légère), en partie enterré et couvert en tôle métro cintrée (Wellblech), situé derrière la casemate n° 3 abrite les soldats. Un bunker - poste de commandement (Gefechrsverbandsplatz) est implanté en arrière, entre les casemates n° 2 et n° 3 (dans la diagonale entre les bunkers de type 622 et M151). Deux projecteurs de 0,60 m de diamètre (Infanterie Scheinwerfer 0,60 m) sont implantés, pour l’un à l’est, en bordure du réseau de barbelés, et pour le second, en bordure de la falaise au niveau de la casemate n° 4.
Pour la défense rapprochée, l’ensemble fortifié est doté d’au moins huit bunkers - postes d’observation bétonnés dits Tobruk-Stände. Trois canons antichars (Pak) sont orientés vers le nord et le sud et plusieurs mitrailleuses (S.M.G et L.M.G) battent les environs proches et les accès de la batterie surveillés depuis deux bunkers d’observation (Wachstube).
Deux batteries antiaériennes baptisée respectivement Anita (à l’ouest, dans trois bunkers - encuvements de type 243a pour canon de 75 mm modèle 1922 contre avion) et Erika (à l’est, cinq canons de 7,5 cm, un canon de 2 cm Flak 28 Oerlikon et un canon Flak 38 Vierlings dans des emplacements de campagne), avec leurs bunkers - poste de direction de tir (Flak Leitstand) de type VF ("VF" étant l’abréviation de Verstärkt Feldmässiger désignant des fortifications semi-permanentes de campagne) et magasin à munitions, complètent la défense de la batterie Holtzendorff.
Certains bunkers de cet ensemble fortifié sont numérotés (n° 9 à l’entrée d’une petite casemate située entre des tranchées de communication ; n° 12 à l’entrée d’un bunker - poste d’observation et de tir). L’un des Tobruk-stände - celui situé à proximité du poste de direction de tir de construction française - comporte un nom et un prénom. Enfin, la chambre de tir de la quatrième casemate (celle située le plus à l´est) abrite une inscription réalisée dans le béton frais représentant un chef "bedonnant" en uniforme (sans doute un Pionier, soldat allemand appartenant à une section spécialisée dans les travaux de construction, de terrassement et de manutention) et un soldat, également en uniforme, travaillant avec un marteau-piqueur. Elle s’accompagne de l’inscription "1/360" et de la date "1.4.42". Le bunker enterré de type M151 abrite également des peintures murales.
Intégrée au groupe défensif côtier de Saint-Renan (Küsten verteidigung Gruppe), la batterie faisant ensemble fortifié est numérotée "Re 305" en 1943.
Une station de détection navale de la Kriegsmarine assiste le tir des batteries Holtzendorff et Graf Spee. A 500 m à l’ouest de la casemate n° 1, près du sémaphore de Saint-Mathieu (détruit) était positionné un radar Seetakt Fu.MO 2 codé "Calais 7". Grâce aux ondes radioélectriques, il permettait de détecter les navires de surface et de calculer la distance au but, jusqu’à 220 km par beau temps, avec une précision de l’ordre de 50 m. Intégré au groupe défensif côtier de Saint-Renan (Küsten verteidigung Gruppe), cette station de détection est numérotée "Re 319". Elle a conservé la cuve en maçonnerie du radar et un bunker de type V256 pour abriter le groupe électrogène. A 700 m à l’est de la casemate n° 4, en avant de l’ancienne batterie de Saint-Marzin, était également implanté un radar Würzburg See Riese (géant) Fu. MO 214 sur un bunker de type V229 (Stand für Funkmess und ortungsgerät, littéralement appareil de mesure et de localisation radio).
Le 25 août 1944, la batterie Holtzendorff est prise pour cible par le cuirassé britannique HMS Warspite situé au large des roches de Portsall à 26 km de là. Quarante-sept obus de 15 pouces tombent dans le périmètre de la batterie. Dans la nuit, la batterie subit encore des bombardements aériens américains. Ses canons de 75 mm continuent cependant de tirer sur les troupes américaines les jours suivants. La garnison de la batterie se rend finalement le 9 septembre 1944 après la réédition du Obersleutnant Martin Fürst depuis le poste de commandement la batterie Graf Spee.
L'Après-guerre
Recensée dans le cadre du rapport Pinczon du Sel, la batterie des Rospects - Holtzendorff est réutilisée par la Marine nationale. Ce n’est que le 24 novembre 1997 que les servitudes défensives de la batterie des Rospects sont supprimées par décret.
En décembre 2003, le site fait l’objet d’une opération de déminage.
Par décret du 16 septembre 2005, la batterie des Rospects, poste militaire de 2e série (parcelles cadastrées section ZN n° 185, batterie et 188, ancien poste de direction de tir français pour 75 928 m2) est déclassée du domaine public et la servitude de champ de vue est supprimée.
Par délibération en date du 12 décembre 2005, le conseil municipal de Plougonvelin décide l’acquisition de la batterie appartenant au ministère des Armées. Certains bunkers sont remblayés tandis que les embrasures des casemates sont murées par des parpaings.
En 2015, deux anciens canons antiaériens français de 75 mm et 90 mm ont été installés à l’entrée de la batterie. Ils proviennent du polygone de Gâvres dans le Morbihan. En 2021, ils ont été démontés, restaurés puis réinstallés au Musée Mémoires 39-45 implanté dans l’ancien poste de direction de tir de la batterie Graf Spee au lieu-dit Le Prédic à Plougonvelin.
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Période(s)
- Principale : 1er quart 20e siècle
- Secondaire : 2e quart 20e siècle, 3e quart 20e siècle
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Dates
- 1929, daté par travaux historiques
- 1940, daté par travaux historiques
- 1941, daté par travaux historiques
- 1942, daté par travaux historiques, porte la date
- 1943, daté par travaux historiques
- 1944, daté par travaux historiques
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Auteur(s)
-
Auteur :
Organisation Todtingénieur militaire attribution par travaux historiquesOrganisation TodtCliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
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Auteur :
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Murs
- béton béton armé
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Toitsbéton en couverture, terre en couverture
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Plansplan rectangulaire régulier
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Étagessous-sol, rez-de-chaussée
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Couvertures
- terrasse
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Énergies
- énergie électrique
- produite à distance
- produite sur place
- moteur thermique
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État de conservationbon état, désaffecté, envahi par la végétation, inégal suivant les parties
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Techniques
- sculpture
- peinture
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Précision représentations
La chambre de tir de la quatrième casemate (celle située la plus à l'est) abrite une inscription réalisée dans le béton frais représentant un chef "bedonnant" en uniforme (Pionier) et un soldat, également en uniforme, travaillant avec un marteau-piqueur. Elle s’accompagne de l’inscription "1/360" et de la date "1.4.42".
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Statut de la propriétépropriété de la commune (incertitude)
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Intérêt de l'œuvrevestiges de guerre, à signaler
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Éléments remarquablesbatterie, ensemble fortifié, blockhaus, magasin de munitions
- (c) Bundesarchiv
- (c) Collection particulière
- (c) Service historique de la Défense
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
- (c) Inventaire général, ADAGP
Documents d'archives
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Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).
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Collection de photographies réunies par Alain Chazette (Librairie Histoire et Fortifications).
Attention : certaines de ces photographies ne sont pas sourcées.
Bibliographie
-
GURY, Jacques. "Un épisode mal connu du siège de Brest. L’intervention du HMS Warspite". Les Cahiers de l’Iroise, n° 2, 1985, p. 117-120.
-
ANDERSEN BO, Patrick. Le Mur de l´Atlantique en Bretagne. 1944-1994. Rennes : éditions Ouest-France, Edilarge, 1994, 126 p., ISBN 2-7373-1291-4.
-
CHAZETTE, Alain, DESTOUCHES, Alain, PAICH, Bernard. Album Mémorial Atlantikwall, Le Mur de l´Atlantique en France 1940-1944. Bayeux : édition Heimdal, 1995, 480 p. ISBN 2-84048088-3.
-
ANDERSEN BO, Patrick. Le Mur de l´Atlantique en Bretagne. Ouest France, 2001, 126 p, vol. 2.
-
CHAZETTE, Alain. Atlantikwall-Südwall, Sur les traces du temps. Paris : éditions Histoire et Fortifications, 2002. 367 p.
-
FRIJNS, Marco, MALCHAIR, Luc, MOULINS, Jean-Jacques, PUELINCKX, Jean. Index de la fortification française. Métropole et Outre-mer. 1874-1914. Vottem (Belgique) : autoédition, 2008, 832 p.
-
CHAZETTE, Alain. MANTEY, Olivier. DESTOUCHES, Alain. TOMINE, Jacques. PAICH, Bernard. Forteresse de Brest. La région de Saint-Renan. Peronnas, éditions Histoire et fortifications, 2014, 96 p.
p. 65-68
Lien web
- L’arrivée des Allemands à Plougonvelin en 1940, Association PHASE
- Re305, Les Respects M.K.B., Batterie 'Von Holtzendorf', K.V.Gruppe Saint-Renan, Brittany sur atlantikwall.co.uk
- M.S.B (von) Holzendorff sur bunkersite.com
- La batterie Holtzendorf sur atlantikwall.superforum.fr
- La batterie Holtzendorf sur atlantikwall.superforum.fr : Rospects
- Les Rospects sur forum.axishistory.com
- RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945 (cartographie du Mur de l'Atlantique)
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.
Fait partie de
Batterie d'artillerie de Kerbonn (C 346) puis Musée mémorial de la bataille de l'Atlantique, Pointe de Pen Hir (Camaret-sur-Mer)
Lieu-dit : Pointe de Pen Hir
Adresse : Kerbonn
Batterie d'artillerie de côte Graf Spee (Re 303), à l'ouest de Lochrist (Le Conquet)
Lieu-dit : Lochrist Keringar Vraz
Batterie d'artillerie du Cap de la Chèvre (Cr 11 et Cr 350) puis mémorial de l’Aéronautique Navale, Cap de la Chèvre (Crozon)
Lieu-dit : Cap de la Chèvre
Bunker - cuve de type V229 pour radar Würzburg See Riese Fu. MO 214, Saint-Marzin (Plougonvelin)
Lieu-dit : Saint-Marzin
Bunker - poste de direction de tir de type S414 S.K. / M151 (Re 302), est de la Pointe Saint-Mathieu (Plougonvelin)
Lieu-dit : Pointe Saint-Mathieu
Adresse : Est
Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.