C’est ce qu’on appelle une casemate à canon, elle a été construite au début de l’année 1943. Avec une dalle de couverture et des murs de 40 cm d’épaisseur, cette "construction de campagne" en béton armé est à l’épreuve d’un bombardement de faible intensité. Les bunkers dits "permanents" mesurent eux plus de 2 m d’épaisseur de béton !

A l’arrière, le large passage donne sur la "chambre de combat", c’est là où était disposé le canon. On voit encore les rampes et rainures pour caler les deux roues de son affût (c’est son support).

Pour que le canon ne recule pas lorsque l’on tire, il est doté de deux bras que l’on appelle les flèches et qui viennent se bloquer contre les murs latéraux de la chambre de combat.

Du côté de la mer, se trouve l’embrasure (2,2 m de largeur par 1,2 m de hauteur), c’est comme une fenêtre, mais pour le tube du canon.

Regardez le paysage : ici, le canon pouvait tirer vers l’ouest, c’est-à-dire vers la grève de Goulven jusqu’à 2,5 km de distance. D’autres pièces d’artillerie implantées dans les dunes croisaient sa trajectoire.

Quatre soldats dont un chef de pièce, un tireur et deux pourvoyeurs de munition étaient nécessaires au fonctionnement du canon antichar de 7,5 cm de calibre (c’est le diamètre des obus). Avec son obus et sa cartouche, la munition mesurait près d’1 m de longueur.

Les soldats étaient protégés des coups de canon qui auraient pu venir du large, c’est à dire du nord, par un mur de flanquement (situé à droite de l’embrasure) et par le bouclier en acier du canon.

A gauche du passage d’entrée, se trouve une niche pour les coups de canon de réserve.

A droite, le couloir mène à un magasin à munition tout en longueur : une étagère courait sur la droite de la pièce.

Au fond, se trouve une petite pièce dotée d’un orifice dans la dalle de couverture : ceci pour y installer un périscope. A proximité, se trouvait, le boîtier de connexion pour les lignes téléphoniques. Une seconde ouverture dans le mur permettait de donner les instructions de tir aux soldats situés dans la chambre de combat.

Le mur penché, la dalle de couverture soulevée et les éclats sur les murs du magasin à munition nous indiquent que des munitions ou des mines ont explosé ici. On appelle cela un "fourneau de déminage", à moins que les soldats aient eux-mêmes sabordé canon et munitions avant de se replier vers la forteresse de Brest le 8 août 1944.

Avec 14 obus pouvant être tirés chaque minute, ce canon était une arme redoutable. Il était capable de percer un blindage en acier de 10 cm d’épaisseur à 2 km.

Et dire que tout ça, c’était pour faire la guerre !