Dossier d’œuvre architecture IA29001364 | Réalisé par
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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  • enquête thématique régionale, Inventaire des fortifications littorales de Bretagne
  • enquête thématique régionale, Inventaire des héritages militaires en Bretagne
Ensemble fortifié (A 5), pointe d’Enez-Vihan, Dunes de Keremma (Tréflez)
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Bretagne - Saint-Pol-de-Léon
  • Hydrographies Baie de Goulven
  • Commune Tréflez
  • Lieu-dit Pointe d’Enez-Vihan , (devant) Roc'h Vran, Dunes de Keremma
  • Cadastre AD 228
  • Dénominations
    ensemble fortifié, blockhaus

Cet ensemble fortifié implanté dans les dunes de Keremma lors de la Seconde Guerre mondiale est intégré au projet Kavadenn ("découverte" en breton) développé par Haut-Léon Communauté avec l’Atelier de l'Hermine.

Un bunker, des bunkers ! Dans les dunes de Keremma se cachent de nombreuses constructions en béton armé. Ce sont les vestiges du Mur de l’Atlantique construit pendant la Seconde Guerre mondiale par l’Allemagne nazie pour empêcher un débarquement amphibie des soldats alliés (États-Unis, Royaume-Uni et Canada) dans la baie de Goulven.

Chaque bunker a une fonction bien différente : abriter la garnison (composée ici de 18 soldats) ou un canon en cas de bombardements, permettre l’observation et la surveillance, servir de cuisine, stocker des munitions ou un réservoir à eau. Pour gagner du temps, les bunkers sont construits suivant des plan-types. Ils forment ce que l’on appelle un ensemble fortifié ou "nid de résistance". En cas de débarquement, l’objectif des soldats à terre est de détruire les navires transportant des troupes, des chars et des armes lourdes.

Le toponyme Enez-Vihan, littéralement la petite île, fait référence à la petite île située à 800 m au sud, présente avant l’envahissement par les dunes du fond de la baie de Goulven à la fin du Moyen-Age. La remise en mouvement des cordons dunaires est généralement attribuée à une dégradation des conditions climatiques lors du petit âge glaciaire.

Ce dossier d’Inventaire du patrimoine a été créé par la Région Bretagne en 2025 dans le cadre de l'Inventaire des héritages militaires.

Aménagé par l’Allemagne nazie entre 1942 et 1944, cet ensemble fortifié constitue l’un des nombreux "nids de résistance" du Mur de l’Atlantique (Atlantikwall) en Bretagne.

L’objectif de cet ensemble fortifié est la défense de la plage de Keremma et de la grève de Goulven en cas de débarquement anglo-saxon (fonction de barrage). La garnison était composée d’une petite unité d’infanterie de l’armée de terre (Heer) qui a en charge la défense des côtes. Elle est dotée d’un canon antichar de 7,5 cm (ou 5 cm) de calibre, d’un mortier de forteresse de 5 cm de calibre et de plusieurs mitrailleuses.

Le dispositif défensif est complété par des obstacles de plage, un champ de mines (numéroté "Elorn II/74" et nommé "Edelweiss", plante à fleur blanche de montagne, disposé en deux sous-champs désignés "a" et "b" regroupant au total 182 engins de type S. Minen) et par un fossé antichar implanté dans les dunes à une distance d’environ 150 m du trait de côte.

Deux champs de mines encadrent également l’ensemble fortifié à l’est (numéroté "Elorn II/30", sous-champ nommé "Eiche", chêne, composé de 1 126 engins de type S. Minen) et à l’ouest (numéroté "Elorn II/30", sous-champ nommé "Birke", bouleau, composé de 592 engins de type S. Minen).

Selon les archives allemandes, cet ensemble fortifié est tantôt numéroté "Av 5" ou "A 5". Le préfixe fait référence au groupe défensif côtier Lesneven - Aber Wrac'h qui s’étend de Plouescat à l’est à Landéda à l’ouest et qui comptait 1 135 constructions permanentes ou de campagne en juillet 1943.

Les ensembles fortifiés numérotés "A 1", "A 5", "A 6" et "A 8" sont achevés au 12 mars 1943 selon les plans allemands de minage, les autres ensembles fortifiés sont encore en construction à cette date (im Bau). Une station radiogoniométrique (Funk-Peilstation) est implantée dès octobre 1942 au sud-est de l’ensemble fortifié "A 5". Ce type de station quadripolaire permettait d’intercepter le trafic radio dans la Manche. Une seconde station radiogoniométrique est figurée à 700 m environ à l'ouest.

Au 1er juillet 1943, c’est la 343e division d’infanterie allemande - dont le poste de commandement est implanté à Landerneau - qui est en charge de ce secteur.

Cet ensemble fortifié est évacué sans combat le 8 août 1944. Plusieurs bunkers (les deux bunkers-abris notamment) semblent avoir été sabordés ou ont servi de "fourneau de déminage" après-guerre.

Selon le rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949), cet ensemble fortifié se composait d’une "casemate pour canon de 50 [mm] tirant vers l’ouest, trois positions de mortiers et quatre de mitrailleuse, un observatoire, un poste protégé de signalisation et six bunkers".

Cet ensemble fortifié est implanté au centre des Dunes de Keremma, sur la pointe d’Enez-Vihan située face à Roc’h Vran.

La force de construction ou résistance structurelle (Baustärke) des bunkers observés sur le terrain permet de les classer en deux grandes catégories :

- construction de campagne renforcé en béton (verstärkt feldmässiger Ausbau in Beton, abrégé en VF). Murs et dalle de couverture mesurent 1 m d’épaisseur sauf pour les Tobruk.

- un bunker-abri de type VF 1b pour 6 hommes (125 m3 de béton) ;

- un bunker-abri de type VF 2c pour 12 hommes (175 m3 de béton) ;

- un bunker-abri-garage de type VF 5a pour un canon sur roue (61 m3) ;

- un bunker-poste d'observation et de tir de type 61a dit Tobruk-Stand pour pour mortier de 5 cm (18 m3) ;

- trois bunkers-postes d’observation et de tir dits Tobruk-Stand de type 58c (11 m3 x 3) ;

- construction de campagne (Feldmässiger Ausbau, abrégé en FA). Murs et dalle de couverture mesurent 40 cm d’épaisseur.

- un bunker-poste d'observation et de tir couvert : implanté en élévation à l’extrémité de la pointe, il a pu abriter un poste de transmission de signaux lumineux modulables (Lichtsprechgerät). De jour, ce système pouvait fonctionner jusqu’à 4 km de distance et la nuit, avec un filtre infrarouge, jusqu’à 3 km.

- un bunker-casemate pour un canon antichar (canon de défense d'atterrissage, Landungs Abwehr Geschütz, abrégé en LAG), sans doute un canon de 5 cm Pak 38 ou 7,5 cm.

- un petit bunker-magasin de munition ;

- un bunker-abri pour une citerne à eau (Wasserbehälter) ;

- un bunker-abri aménagé dans le sol avec des murs de 40 cm d’épaisseur, mais sans dalle de couverture ;

Au sud-sud-est de l’ensemble fortifié, se voit la dalle de béton de plan circulaire qui accueillait la station radiogoniométrique ; autour de la dalle étaient implantés quatre mâts d’antenne.

Le chemin emprunté par le canon antichar - du bunker-abri-garage au bunker-casemate - est protégé de part et d’autre par un parapet de terre (toujours visible).

Des tranchées de communication sont également visibles dans les dunes.

Les deux bunkers-abris pour soldats sont ruiniformes : ils ont subi une forte explosion interne.

  • Murs
    • béton béton armé
  • Toits
    béton en couverture
  • Couvertures
    • terrasse
  • État de conservation
    état moyen, envahi par la végétation
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public, parcelle appartenant au Conservatoire du littoral.
  • Intérêt de l'œuvre
    vestiges de guerre
  • Éléments remarquables
    ensemble fortifié, blockhaus
  • Sites de protection
    site inscrit

Site inscrit en 1973 au titre de la loi du 2 mai 1930 sur la protection des monuments naturels et des sites dont la conservation ou la préservation présente, au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, un intérêt général.

Documents d'archives

  • Fonds d'archives du service interdépartemental de déminage en Bretagne (conservé au fort Montbarey à Brest par l'association Mémorial des Finistériens puis déplacé aux Archives départementales du Finistère). Ce fonds est constitué des archives de minage provenant de l'État-major allemand (1942-1944) et des archives du service de déminage français (1944 - vers 1950).

    Archives départementales du Finistère : 2264W
  • Rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949). "Le Mur de l'Atlantique. Livre IV : du Mont Saint-Michel à la Laïta" (collection : Service Historique de la Défense de Brest).

    Service Historique de la Défense de Brest

Documents multimédia

  • RELIKTE. Remains of european fortifications 1935-1945. Atlantikwall (cartographie).

    https://www.relikte.info/atlantikwall.html

Annexes

  • Extrait du rapport Pinczon du Sel sur les installations du Mur de l'Atlantique (1946-1949) [Plouescat-Plounéour-Trez]
Date(s) d'enquête : 2002; Date(s) de rédaction : 2002, 2025
(c) Association Pour l'Inventaire de Bretagne
(c) Région Bretagne
Lécuillier Guillaume
Lécuillier Guillaume

Chargé d'études d'Inventaire du patrimoine à la Région Bretagne.

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