A partir de l’observation de la cible et des mesures de ses caractéristiques grâce au télémètre, l’appareil de conduite de tir calculait le point d'impact, point situé en avant de la trajectoire de la cible et transmettait aux pièces d'artillerie - commandées manuellement ou électriquement - les réglages en direction et en élévation pour atteindre l’objectif.

Ce point dépendait aussi du temps de chargement des canons et du temps de vol du projectile. Les quatre canons pouvaient être pointés de manière synchrone sur une même cible ou tirer chacun à vue. Les projectiles : explosifs, perforants, éclairants ou d’exercice étaient dotés d’un système de réglage de leur dispositif de mise à feu à un temps donné ou à une altitude précise. A titre de comparaison, la batterie d'artillerie antiaérienne "Halle" à Moustoir Flamm dans la commune de Quéven, disposait selon des inscriptions conservées dans ses cuves, de sept types différents de projectile de 10,5 cm.

La batterie antiaérienne "Rossitten" était dotée en mai 1944 d’un radar de détection antiaérien de type FuMO 213 d’une portée de 30 km pour la conduite de tir. Les informations collectées par ce radar étaient transmises par téléphone à l’équipage du poste de direction de tir (puis ensuite vraisemblablement automatiquement au calculateur de tir grâce à un convertisseur). Un radar de veille lointaine de type FuMO 303, destiné à détecter les bombardiers à longue distance, soit 70 à 80 km de distance, est également signalé sur le site.

Un poste de commandement distant - ici château de Kerloudan ("Lo 402") - distribuait les secteurs, les cibles et les priorités.

Des projecteurs sur site (un projecteur figure sur le plan de mai 1944) ou distants éclairaient la cible. Des obus éclairants étaient également utilisés pour illuminer le ciel la nuit et mieux voir les cibles.

Le cycle d’engagement du tir comprenait :

- la détection du raid aérien grâce au(x) radar(s) et la mise en état d’alerte du personnel de la batterie antiaérienne ;

- l’acquisition de la cible ou des cibles grâce au télémètre ;

- le calcul de la solution de tir grâce à l’appareil de conduite ;

- la transmission des mesures aux canons et des éventuelles consignes aux servants (pointage en direction et en hauteur) ;

- la préparation des munitions pour chaque canon (réglage du dispositif de mise à feu) ;

- le chargement des munitions dans la culasse du canon ;

- le tir proprement dit, soit en salves synchronisées (tir dirigé en batterie), soit en tir à vue suivant une cadence prédéterminée ;

- l’observation des résultats du tir et la correction éventuelle des réglages.